L’accueil de la diversité

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

On n’enchaîne pas la parole de Dieu, venons-nous d’entendre dans la lettre que l’apôtre Paul adresse à Timothée. En effet, la Parole de Dieu n’est pas l’apanage de quelques privilégiés, elle n’appartient à personne en particulier qui en serait plus digne que d’autres; non, la Parole de Dieu est offerte à tous.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Il en est de même pour la grâce de Dieu qui est offerte à tous sans exception. Grâce de guérison. Grâce de réconciliation. C’est aussi le message que nous retrouvons dans l’Évangile de Luc aujourd’hui à travers l’épisode de la guérison des dix lépreux.

À l’époque de Jésus, les lépreux devaient vivre en marge de la société, loin des lieux habités parce qu’ils étaient considérés comme impurs; la lèpre était, en effet, l’expression presque parfaite du péché. La société juive ne pouvait absolument pas considérer le lépreux autrement que comme un pécheur notoire. Il leur était même interdit de vivre à l’ouest du Temple pour que le vent ne souffle pas même leur odeur sur le temple et rende ainsi la maison de Dieu impure. Bref, tout lépreux, et tout malade en fait, était excommunié.

Jésus se laisse donc approcher par dix lépreux qui l’appellent à leur secours : Jésus, maître, prends pitié de nous. Il ne répugne pas à avoir des contacts avec eux. Il transgresse en quelque sorte les règles pourtant bien établies de son monde. Mais Jésus les envoie aux prêtres (parce que c’est à eux qu’incombe le rôle de confirmer une guérison et de réintégrer le malade dans la société) et, en cours de route, ils furent purifiés. Drôle de mélange de genres chez Jésus : défi à la règle d’exclusion d’une part, obéissance aux autorités en place d’autre part…

Cette attitude de Jésus est d’autant plus évidente qu’il ne se laisse pas seulement approcher par des lépreux; l’un des dix est, en plus, un Samaritain, cette catégorie d’hommes et de femmes bannis aussi du monde des juifs : l’épisode de la Samaritaine au puits de Jacob dans l’Évangile de Jean confirme, en effet, que les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains (4, 9). Pourtant, le seul lépreux guéri à revenir auprès de Jésus sera ce Samaritain qui se jettera la face contre terre aux pieds de Jésus (…) pour rendre gloire à Dieu. Et c’est à lui que le Seigneur va déclarer : Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé.

Jésus est, en effet, le porteur du salut de Dieu offert à tous sans restriction. Il ne se laisse pas arrêter par les étroitesses qu’il reconnaît dans la religion à laquelle pourtant il adhère. Jésus nous trace la voie à suivre. Il ne nous appartient pas de fermer la porte devant celui à qui Dieu l’a ouverte. Évidemment, nous nous croyons toujours à l’abri de ces attitudes de repli sur soi et de fermeture à l’autre. Mais nous devons constater que ce péché est malheureusement tout aussi bien le nôtre que celui des Juifs contemporains de Jésus. Nous n’avons qu’à écouter, ou à nous écouter, devrais-je dire, débattre de la pertinence ou pas d’accueillir des réfugiés chez-nous, soupeser le danger potentiel issu de communautés qui ne sont pas de culture chrétienne comme nous, élaborer des stratégies d’évitement vis-à-vis tous les «autres». Ou plus fréquemment encore, nous tenterons d’exclure ces personnes de notre environnement immédiat qui ne «nous reviennent» pas, comme on dit. À cause de leur mentalité différente, de leurs comportements inadéquats ou de leurs paroles saugrenues…

Nous voudrions bien être à la hauteur de l’accueil universel que Jésus assure autour de lui, nous voudrions bien agir cette inclusivité sans restriction que nous proclamons haut et fort dans notre Église. Mais, comme le dit le dicton populaire, nos bottines ne suivent pas toujours nos babines, c’est-à-dire que nos actions ne sont pas toujours à la hauteur de notre discours. Bref, nous réussissons à avancer et à reculer en même temps contrairement à Jésus puisque la vérité qui l’habitait ne souffrait jamais de demi-mesure et n’acceptait pas de compromis sur des valeurs essentielles.

Mais heureusement, nous ne sommes pas seuls (…) Dieu est avec nous, comme nous le proclamons chaque dimanche dans la Confession de foi de l’Église Unie.

Non seulement, nous ne sommes pas seuls, mais l’Esprit de Dieu que Jésus nous a envoyé dans l’événement de Pâques est plus grand que notre esprit : Il saura guider nos paroles et nos actes dans la vérité tout entière de l’Évangile, il saura nous inciter à traduire nos paroles en actes … Puisse-t-il guider nos routes vers l’accomplissement en plénitude de l’œuvre de notre Dieu, œuvre d’amour universel, que nous poursuivrons tous ensemble dans le respect des uns et des autres.

AMEN !

Par Pierre Nadeau
Prédication du 28e dimanche du temps ordinaire (C), le 9 octobre 2016

 

LECTURES BIBLIQUES

2 Timothée 2, 8-13

Luc 17, 11-19

 

Pierre

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