Comme Timothée, comme tous ceux et celles dont la vie s’inscrit dans le chemin du Christ, nous avons un ministère à remplir. Par la grâce de Dieu, notre foi nous conduira au salut, à la vie abondante, offerte en Jésus Christ. Cette vie abondante, ce monde de justice, d’équité et de solidarité fraternelle pour toutes et tous, c’est le projet éternel de Dieu. C’est ce que les Écritures appelle le règne de Dieu. C’est la vie telle qu’elle est quand Dieu règne, quand le monde entier s’ajuste à la volonté de Dieu. Cette vie est présente en Jésus et c’est à nous, ses disciples, de poursuivre son œuvre jusqu’à son achèvement. Et nous venons de nous ré-engager à y travailler : à vivre avec respect dans la création, à aimer et à servir les autres, à rechercher la justice et à résister au mal, à proclamer Jésus, crucifié et ressuscité ! Ouf ! Méchant programme ! Et, quand je regarde ma propre vie, je ne peux que constater à quel point cet engagement – qui est sincère – est tout de même beaucoup plus facile à dire qu’à vivre au quotidien.

Mais en me tournant vers les Écritures qui ont le pouvoir de nous communiquer la sagesse, j’entends Jésus nous parler de l’importance de prier constamment et de ne pas nous décourager. Pensez-y un instant. Quand on est découragés (pousse un gros soupir pour illustrer le point) on est comme à bout de souffle. On manque d’inspiration, d’énergie et d’élan. On n’est pus capab d’aller plus loin. Quand on prie, souvent notre premier réflexe est de prendre un grand respire (inspire profondément)… pour se centrer, chercher de l’inspiration, se rebrancher à la source. L’avez-vous remarqué ? Une prière, bien sentie, ça redonne de l’énergie, ça revitalise ! C’est subtil mais c’est tangible. Ça transforme le monde, en commençant par nous-mêmes. Si vous ne me croyez pas, demandez aux membres du conseil unifié.

Au cours de la dernière année, les réunions du conseil sont peu à peu devenues des moments de ressourcement (tout commence par un repas communautaire qui nous rassemble et une période de réflexion où, à tour de rôle, chacun-e partage quelque chose qui a marqué son cheminement spirituel au cours des dernières semaines et demande ensuite aux autres d’y réagir. À la fin de nos rencontres, nous prenons un bon moment pendant lequel tout le monde offre une prière à haute voix ou en silence. Il n’y a pas de commune mesure entre ce que nous vivons dans ce cercle d’amis-es en Christ et ce qui se vit dans des réunions où quelqu’un offre petite prière vite faite pour signaler le début et la fin de la séance de travail. Nous faisons moins (nous n’épuisons plus l’ordre du jour) mais nous le faisons avec plus de profondeur et nos décisions sont, j’ose le croire, par la grâce de Dieu, plus justes. Il y a plus d’écoute mutuelle, plus d’harmonie, plus de solidarité entre nous. Et il me semble que, même si on est fatigué à la fin de la soirée, tout le monde en sort « dynamisé » pour faire le travail que nous avons à faire pour remplir notre ministère, plutôt que d’être épuisé, frustré et découragé.

Mais prier comme ça, ça prend du temps. C’est probablement un peu pour cela que la prière a moins la cote dans notre société de courriels, de textos et de messages Facebook qui nous conditionnent à nous attendre à des réponses immédiates et à la gratification instantanée de nos désirs et nos souhaits. Prier, ce n’est pas manipuler le monde comme par magie. C’est s’ouvrir au Mystère de Dieu qui travaille en nous et parmi nous par son Esprit.

La prière nous travaille. Quand on prie vraiment, intensément, quand on persévère dans la prière, avec le temps, ça nous transforme. Ça transforme notre identité, l’idée qu’on se fait de nous-même et de notre place dans le monde. Ça transforme notre sens des priorités, ce qui nous est vraiment important et pourquoi. On devient plus centré, plus solidement ancré dans ce qui donne un sens à notre vie : pourquoi… par qui… et pour qui… nous, comme la veuve dans la parabole de ce matin, nous continuons à chercher la justice… même quand notre cause semble perdue d’avance… même quand il faut recommencer encore et encore…. même quand la réponse tant espérée tarde à venir… ou ne vient pas du tout. Car la prière nous ramène à la foi que nous confessons : Dieu est avec nous, même dans la mort. La mort avec un M majuscule, tout comme dans toutes ces petites morts que nous traversons au cours de notre vie. Nos désillusions, notre désabusement, nos rêves brisés, nos espoirs déçus, nos coches mal taillées, nos échecs sont tous de petits tombeaux. Et pourtant, de chacun d’eux peut jaillir une fécondité inespérée. C’est ça le mystère de la foi.

Nous ne sommes pas seuls. Beaucoup d’individus, d’organismes, de regroupements militent pour la justice, et luttent contre le mal afin de bâtir un monde meilleur pour nous, pour nos enfants, et pour nos petits-enfants. Ils marchent ou s’installent à la porte des grands de ce monde – dont beaucoup ne craignent pas Dieu et ont peu de respect, comme dit l’Écriture, peu de souci des faibles et des marginaux. Ce qui nous distinguent, nous, hommes et femmes de foi, c’est justement la prière qui nous ramène constamment à Celui par qui est pour qui nous persévérons. La prière est essentielle à notre ministère chrétien. Et elle est à la portée de toutes et tous, même ceux et celles qui ne peuvent pas ou qui ne peuvent plus sortir dans la rue « pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice ». La prière fait résonner en nous la sagesse des Écritures. La prière fortifie notre foi, notre confiance en Dieu qui est venu en Jésus pour réconcilier et renouveler toutes choses. Par la grâce de Dieu, c’est la prière qui nous donnera la force et le courage de remplir notre ministère. Alors frères et sœurs, avant toutes choses, supplions le Seigneur de nous apprendre à prier. Amen.

Par Darla Sloan

16 octobre 2016 – 20^e dimanche après la Pentecôte – Église Unie St-Pierre et Pinguet

LECTURES BIBLIQUES

2 Timothée 3, 14 – 4,5

Luc 18, 1-8