Chantons pour le Seigneur encore et toujours

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

De quoi notre avenir sera-t-il fait? Regarder l’état du monde dans lequel on vit! Où donc est cette vie nouvelle dont le Christ nous appelle à être co-créateurs ? Et comment nous y prendre pour le faire ? La persécution des chrétiens est une réalité cruelle à bien des endroits. Chez nous, nous vivons entourés de gens qui souvent nous ridiculisent, parfois nous méprisent pour notre foi en Christ. La majorité de nos membres sont relativement nouveaux. Ils ont la flamme des nouveaux-convertis mais ne sont pas solidement enracinés dans nos traditions. Notre théologie, notre façon particulière de rendre un culte à Dieu, notre identité propre, quoi, leur sont peu familières, voir complètement étrangères. Et en parlant du culte… tout porte à croire que bientôt le temple et tout l’infrastructure qui rend possible nos rites et nos rituels ne seront plus viables. Comment faire Église dans un tel contexte? Comment continuer à chantez au Seigneur quand on a l’impression que tout s’écroule sous nos pieds?

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Voilà quelques unes des questions que les destinataires de la première lettre de Pierre se posent depuis… oh… les années 60… 70… non pas les années1960… 1970… mais bien les années 60… 70… ou un peu plus tard selon certains. De toute évidence, nous ne sommes pas la première … et nous ne serons surement pas la dernière… génération de chrétiens et chrétiennes à ne pas savoir de quoi sera fait notre avenir.

En disant cela, je ne cherche pas à gâcher la fête… au contraire! Que la célébration se poursuive dans la joie… Même dans un tel contexte, on peut chanter au Seigneur. Au tout début de la lettre de Pierre, il est dit : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts… . Aussi tressaillez-vous d’allégresse même s’il faut que, pour un peu de temps, vous soyez affligés par diverses épreuves… » (1 Pierre 3-6). Les épreuves n’ont pas eu raison du Christ. Elles n’auront pas le dernier mot dans notre histoire.

Jésus lui-même nous l’affirme dans l’Évangile de cet après-midi : la foi n’empêche pas le vent de souffler ou la pluie de tomber. Quoi qu’il en soit, pour nous, chrétiens et chrétiennes, notre foi nous permet d’identifier la source de cette force intérieure qui nous permet de tenir bon… et même de nous surpasser dans nos élans de générosité et de solidarité… quand tout risque d’être emporté par les flots en furie. Quand les tempêtes font rage, nous aurons toujours de quoi de solide sur lequel prendre pied… la Parole.

Souvenez-vous, dans les tentations au désert, c’est par la Parole que Jésus a tenu bon fasse à l’Adversaire. Au fil des ans, comme communauté de foi, nous avons fait l’expérience de l’adversité n’est-ce pas? Et c’était la Parole qui nous a permis de résister. Elle est la base de notre nourriture spirituelle à Saint-Pierre. À de nombreuses reprises, elle nous a donné le courage de faire fasse à l’adversité et de tenter ce qui nous semblait au dessus de nos forces. Et pas uniquement dans les grandes décisions qui ont marqué notre histoire (le choix résolu en faveur l’inclusivité ou le soutien de réfugiés, pour ne nommer que celles-là). La parole partagée bien simplement peu faire de petits miracles au quotidien : un courriel dans lequel un verset biblique calme les esprits et permet au conseil de se recentrer sur l’essentiel dans une situation difficile, par exemple. L’un de mes premiers souvenirs comme pasteure de Saint-Pierre, c’est le passage du Vélotour en 2008. Lorsque les organisateurs ont contacté la paroisse pour nous demander d’accueillir le groupe lors de leur passage à Québec, le premier réflexe était de dire, « Nous aimerions bien mais nous n’avons tout simplement pas les ressources nécessaires. » J’entends encore Anne-Marie Carmoy s’exclamer : « Mais Jésus a dit, ‘Donnez-leur vous-mêmes à manger’ ». Et la discussion s’est arrêtée là. Nous les avons nourris… à notre propre surprise… et à la très grande joie de toutes et tous.

Comme les premières communautés chrétiennes, c’est aussi la Parole qui nous unit à frères et sœurs d’autres Églises. Je me souviens de l’étude biblique tenue ici au sous-sol dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne en janvier 2016 et à laquelle plusieurs d’entre nous ont participé. Il y en a quelques clichées dans le diaporama de nos « photos de famille » que vous pouvez visionner après le culte. Cette journée d’étude biblique a été mémorable à plusieurs titres. Tout particulièrement parce que, à la différence des célébrations principalement liturgiques qui reviennent année après année, nous avons pu non seulement revoir des visages familiers et chanter au Seigneur à leurs côtés, mais aussi, à travers nos partages, tisser des liens avec notre prochain, mieux connaître nos frères et sœurs qui se fortifient, eux aussi, du lait pur de la Parole. L’histoire nous le démontre, même « honnie, méconnue et menant de durs combats » l’Église peut prospérer quand des relations étroites unissent ceux et celles grandissent pour le salut : pour que la terre entière goute à la vie abondante que Dieu nous offre. À l’instar des premières communautés chrétiennes, notre avenir à nous sera fait de ce qui nous unit… et non de ce qui nous différencie en tant que peuple de Dieu.

Notre avenir, c’est en Christ que nous le bâtirons. Comme chez les premiers chrétiens, notre avenir, notre sécurité, ne se trouvent ni dans les lieux de culte qui nous abritent ni dans les rites et les rituels qui nous réconfortent, mais dans le Christ seul, lui qui nous unit. Ensemble, habités par son Esprit, nous sommes appelés à vivre de sorte que les hauts faits du Seigneur soient proclamés au vu et au sus de toutes et tous.

À cet égard, il me vient à l’Esprit d’autres images de nos « photos de familles » : celles de la marche œcuménique du Vendredi saint, par exemple. Ce qui reste gravée à ma mémoire… encore plus que les photos de l’évènement lui-même… ce sont tous ces visages qui me sont pour la plupart inconnus. Ces personnes qui sont rarement… ou jamais là… le dimanche matin mais pour qui cette célébration est devenue incontournable. Année après année, le même récit, la Parole proclamée sans beaucoup de cérémonie, sans commentaire savant… juste quelques prières et des chants familiers pour agrémenter le tout… ça nous parle encore… à nous et ça parle aussi à nos contemporains qui ont faim et soif de s’attacher à quelque chose de plus grand qu’eux.

Et j’ai aussi en tête l’image de toutes ces personnes qui s’arrêtent pour nous regarder et nous photographier même alors que nous défilons dans les rues du Vieux-Québec entre les différents lieux de culte. Personnellement, je n’ai jamais sentie d’hostilité de leur part… même chez les automobilistes qui doivent attendent que la sainte cohorte traverse la rue Saint-Louis en direction de l’Église Saint Andrews. De l’hostilité, non. De la curiosité, certainement. Quelle chose étrange… l’Église qui sort de ses murs… qui ose afficher sa foi sur la place publique.

Et pourtant, c’est là où nous devrions être… et pas uniquement un soir par année. Nous ne vivons pas pour nous mêmes. Nous vivons par et pour le Christ. En lui, nous sommes une communauté sainte, c’est-à-dire, mise à part pour une mission : témoigner du sacré, de la présence de Dieu, vivante au cœur de l’histoire, au cœur de nos vies…pas juste dans le passé de nos ancêtres… mais ici… maintenant. Par nos gestes, nos paroles, par notre compassion, humblement, nous sommes appelés à offrir nos vies pour témoigner de la valeur inestimable de la vie, ainsi que de la nécessité de la protéger et de la partager.

Notre avenir n’est pas dans la survie de nos institutions et nos traditions… mais bien dans notre service, notre participation à l’œuvre du Christ, pierre vivante et vivifiante. Frères et sœurs, soyons dans la joie. Sur ces bases, par la grâce de Dieu et fortifiés par la Parole, malgré les pluies et vents contraires qui s’abattront sur nous de temps à autre, nous avons ce qu’il faut pour tenir bon. Même petite et méconnue notre Église pourra continuer à proclamer les haut faits du Seigneur, à lui chanter un chant nouveau. Ainsi soit-il. Amen.

Par Darla Sloan

7 mai 2017 – 4 Pâques A17 – Église Unie Saint-Pierre (Culte du 30e de Saint-Pierre)

 

 

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 96, 1

1 Pierre 2, 2-10

Matthieu 7, 24-27

 

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