Soyons toujours prêts à justifier notre espérance

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Vendredi soir, j’ai eu la chance d’aller voir, avec d’autres membres et amies de Saint-Pierre, Le journal d’Anne Frank. Cette pièce de théâtre présentée à La Maison Jaune avec Joël Fillion dans le rôle d’Otto Frank, fait entendre la voix de Anne, une adolescente juive qui a passé deux ans de sa vie cachée avec sa famille et des amis dans l’espoir d’échapper aux camps de concentration. Quelle pièce remarquable et marquante!

Chaque fois que je regarde un documentaire ou que je lis un livre ou un article sur l’Holocauste, je suis troublée. Je n’arrive juste pas à comprendre comment l’être humain peut être si cruel envers d’autres humains. Et oui, je sais que la fin du régime Nazi n’a pas signifié la fin de la souffrance injuste et de la quasi-extermination de peuples entiers à la main de leurs frères et sœurs. Je ne comprends juste pas. De telles histoires me bouleversent. Tout comme les histoires de peuples entiers qui souffrent de famine alors que notre monde déborde de richesses.

Pourtant, ce n’est pas uniquement la violence et souffrance qui me marquent dans de telles histoires. Je suis aussi émue par la résilience des hommes, des femmes et des enfants dont le pain quotidien est un pain de douleur. Il y a une réplique qui m’a particulièrement touchée vendredi soir (et je sais que je ne suis pas la seule). Malgré tout ce par quoi sa famille a dû passer Anne écrit dans son journal : « Je crois, je continue à croire, malgré tout, que dans le fond de leur cœur, les hommes sont réellement bons. »

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Et je suis tout aussi bouleversée par la bonté de ceux et celles qui osent « résister au mal », même au risque de leur propre vie. Je ne sais pas si moi, j’aurais eu le courage de cacher des juifs chez moi ou si j’aurai le courage de faire les sacrifices nécessaires pour garantir qu’un jour aucun des enfants de Dieu ne meure de faim. Mais j’ai tout de même de l’espoir que la souffrance et la mort n’auront pas le dernier mot; que la vie est effectivement plus forte que les forces du mal qui étoufferaient la vie. À cause de Jésus qui a souffert la pire des violences gratuites et injustes sur la croix et que Dieu a « rendu à la vie par l’Esprit » (1 Pierre 3, 19)… par la grâce de Dieu, je continue d’espérer. Je continue d’espérer parce que Jésus a promis de nous donner ce même Esprit. L’Esprit qui animé sa vie et son ministère lui donnant la force, le courage et la résilience de toujours « rechercher la justice et résister au mal »; c’est ce même Esprit qui l’a ressuscité des morts, et c’est ce même Esprit qui est à l’œuvre « en nous et parmi nous ». Oui, j’ai cette espérance. Et vous? L’avez-vous, vous aussi?

Ce n’est pas tout en ce sens que cette espérance n’est pas une pilule magique. Nous serons peut-être appelés, nous aussi à faire des sacrifices pour la justice. Mais cette espérance qui est nôtre n’est pas rien non plus. Au contraire, c’est peut-être ce que l’Église a de plus précieux à offrir au monde d’aujourd’hui. De l’espérance dans un monde où on aurait toutes les raisons d’être complètement découragé. Frères et sœurs, soyons toujours prêts à justifier notre espérance devant ceux et celles qui nous en demandent compte.

Dans le monde d’aujourd’hui beaucoup préfèrent cacher leur foi. Il est vrai que dans certains coins du monde on risque sa vie en affichant sa foi. Ici, le risque est moins grand. On n’a pas à se cacher mais on hésite souvent à parler ouvertement de notre foi. Le christianisme est régulièrement ridiculisé sur la place publique. Les erreurs de nos ancêtres dans la foi nous hantent toujours. On ne veut pas être mal compris ou pris pour des êtres insensés ou des fanatiques. Parfois, on veut tout simplement éviter de rompre la communication en disant quelque chose qui serait irrecevable pour d’autres membres de notre famille, nos voisins, nos amis. Donc, souvent, on choisit de se taire. Je sais que cela m’arrive des fois. Par exemple, quand je rencontre quelqu’un pour la première fois, avant de leur dire que non seulement je suis croyante… et pratiquante… mais aussi pasteur… j’ai souvent un moment d’hésitation… il y a toujours un risque que cela coupe court à la conversation.

Il en a toujours été ainsi, même pour les « géants » du christianisme, comme l’apôtre Paul, un grand orateur qui sait structurer ses discours selon les règles de l’art et en les adaptant à son auditoire. Ce matin (Cet après-midi), nous le retrouvons à Athènes, ville modèle de la culture grecque, emplie d’idoles et riche de multiples courants de pensée. De toute évidence, pour les Athéniens, avec les dieux, il ne faut pas prendre de chances : mieux vaut honorer même celui qu’on ne connaît pas que de l’ignorer et d’en subir les conséquences ! Paul mise sur leur curiosité religieuse pour leur parler de Dieu, le créateur du monde et de l’humanité qui ne demande rien d’autre que les humains le cherchent au cœur de leur existence, dans ce qui les fait vivre… ce qui n’est pas loin de la pensée de certains auteurs grecs bien connus à l’époque. Quand Paul en vient à parler de Jésus, il n’a pas le temps de le nommer : la mention de sa résurrection rompt l’écoute polie que ses auditeurs lui accordaient. Certains se moquent de lui. Mais… mais… d’autres deviennent croyants. Ils ont, par la grâce de Dieu, les oreilles pour entendre et le cœur pour recevoir les paroles de Paul.

Il en va certainement ainsi en notre temps. Un nombre croissant de nos contemporains disent n’avoir aucune religion… bien qu’un certain nombre de ces gens se disent tout de même spirituels. Ils tâtonnent. Ils cherchent… quelque chose… ou quelqu’un… sans nécessairement être mesure de le nommer explicitement. Ils cherchent une raison de continuer à croire que, dans le fond de leur cœur, les êtres humains sont réellement bons; une raison d’espérer que la vie et vraiment plus forte que la mort. Il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit mais de répondre aux questions qu’on nous pause quand l’occasion se présente. Oui, certains se moqueront probablement de nous mais n’est-ce pas un risque qui en vaut la peine s’il y a aussi des chances que, à travers nos propos, par la grâce de Dieu et l’inspiration de l’Esprit qui nous habite, que d’autres s’attachent au Christ et mettent leur espoir en lui? Amen.

Par Darla Sloan

21 mai 2017 – 6 Pâques A17 – Église Unie Saint-Pierre et Pinguet

 

LECTURES BIBLIQUES

Actes 17, 22-34

1 Pierre 3, 13-16

Jean 14, 15-21

 

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