Miroir, miroir…

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

 Darla(Pendant qu’on chante « Dans ta Parole, ô Dieu, je vais faire circuler un miroir, je vous demande de prendre un instant pour vous regarder). Puis? Qu’avez-vous vu? C’était comment ce petit exercice? (Courte discussion autour des remarques et d’un reportage entendu à Radio-Canada vendredi dernier « chirurgie esthétique et dépendances » à 15h53). Dans le fond, cette quête d’une perfection extérieure est tributaire d’un profond malaise intérieur.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.

Rares sont les gens qui aiment vraiment ce qu’ils voient dans le miroir. Nous sommes généralement plus que conscients de ce qui est croche. Mais quelque part… au plus profond de nous… il y a aussi une petite voix qui nous dit que cette image que nous avons de nous-même qui nous trouble est, en fait, déformée, n’est-ce pas?

L’un des affichages des plus « performants » relayés sur la page Facebook de notre charge pastorale n’est ni une vidéo de chien ou de chat cute, ni un article dénonçant une injustice ou la corruption dans le monde. Et non, ce n’est même pas l’une de nos prédications, messieurs – aussi bien ficelées soient-elles. Non, l’affichage qui a été le plus vu et/ou aimé dernièrement, c’est celui-ci.

Si tel est le cas, c’est parce que cette citation reflète ne vérité dans laquelle on se reconnaît, mais qu’on oublie…aussi vite qu’on oublie de quoi on a l’air après s’être regardé dans un miroir… Par distraction… ou de peur de nous retrouver face à quelque chose qu’on aimerait mieux ne pas voir, la majorité des gens se détournent rapidement du miroir. En ce faisant… on passe souvent à côté de l’essentiel.

Elle avait plus de 90 ans. Elle avait été active toute sa vie dans une Église où on prêchait l’amour inconditionnel et la miséricorde sans limites de Dieu. Et elle était terrorisée à l’idée de mourir… incapable d’imaginer qu’elle soit « assez bonne » pour mériter d’aller au ciel : « Darla, je sais que ton Dieu est un Dieu d’amour », m’a-t-elle dit les yeux plein d’eau. Et pourtant, c’est le même Dieu qui nous a tissées toutes les deux dans le ventre maternel.

Il n’avait pas encore 30. Beau bonhomme…et un vrai « petit bum ». Un bandit. Mais il commençait à être tanné de vivre en marge de la société. On parlait de ses projets et il me disait qu’il commençait à y croire et puis, tout d’un coup, tout devenait comme noir… le doute s’installait… et le découragement aussi. La côte à remonter était trop grosse. À quoi bon essayer? Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter une « bonne vie »?

Rien. Comme tout nous autres. Dieu ne nous aime pas parce que nous avons de la valeur. Nous avons de la valeur parce que Dieu nous aime et veut faire de nous co-créateurs / co-créatrices d’un monde de vie abondante pour la création toute entière. Nous regardons la vérité en pleine face et nous détournons notre regard. C’est trop beau pour être vrai : on pense à nos vies, à celles de nos proches ou à celle de l’Église. On on pense à l’état de la planète… Les défis sont immenses, et nous sommes si petits. Nous ne faisons pas le bien que nous aimerions faire… et quand nous essayons de le faire… les résultats ne sont pas très convaincants. Le doute et le découragement s’installent… menant souvent à l’inertie du repli-sur-soit… quand ce n’est pas une paralysie totale qui nous empêche de nous tenir debout et d’avancer vers autre chose que le statu quo. Voilà ce qui arrive quand on oublie de quoi on a vraiment l’air. Alors regardons à nouveau la réalité en pleine face… cette fois, dans le miroir de la Parole :

« De sa propre volonté, il nous a créés par la Parole afin que nous soyons pour ainsi dire les prémices de ses créatures ». Les prémices, ce sont les premiers produits de la récolte. Maintenant, il y a deux choses qu’il faut retenir au sujet des prémices. Premièrement, ce n’est pas la perfection extérieure qui fait la différence. Quiconque a déjà eu un potager sait fort bien que les carottes, les fraises, le maïs qui sortent de la terre n’ont souvent rien avoir avec les produits – tous uniformes et de grosseur égale – vendus dans la plupart des épiceries. Ces produits sont peut-être « beaux » selon un certain standard… mais ils ont souvent moins de saveur. Et les fruits et légumes soit disant « moches » en apparence, ne manquent rien à l’intérieur, là où ça compte vraiment. Deuxièmement, selon la tradition biblique, les prémices sont offerts à Dieu en action de grâce pour tout le reste. En d’autre mots, nous avons été créés pour être un don d’action de grâce. Et tout don qui vient de Dieu a de la valeur, tout cadeau est parfait (v. 17).

Nos côtés « moches » n’enlèvent rien à notre valeur réelle. Nous avons de la valeur, parce que Dieu a fait de nous un cadeau pour ce monde tant aimé. Quand nous accueillons cette parole avec reconnaissance et humilité, elle prend racine et convertit notre cœur – le siège de la sagesse, de l’intellect, de nos décisions et de notre relation à Dieu. Et c’est ainsi qu’elle nous sauve… de nous-mêmes, de nos doutes, de nos illusions. Notre découragement se transforme en persévérance et notre doute en confiance et nous ne pouvons qu’agir en conséquence. Ainsi soit-il pour nous toutes et tous. De grâce ne détournons pas le regard du miroir de la Parole qui peut nous sauver… nous et la création toute entière. Amen!

30 août 2015 – 14e dimanche après la Pentecôte – Église Unie St-Pierre

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 139, 1-18

Jacques 1, 17-27

Marc 7, 1-8 & 14-23

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