Ephphata ! Ouvre-toi

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Darla

Un homme et une femme… les deux sans nom. La femme n’a pas la langue dans sa poche. Face à une injustice, elle se tient debout. Il y a un temps pour parler… haut et fort. Mais il y a aussi un temps pour garder le silence. C’est qu’on voit dans la 2e partie de l’Évangile de ce matin, tout comme ailleurs dans l’Évangile de Marc. .

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.

À plusieurs reprises, Jésus demande aux foules de garder le silence. De ne pas raconter ce qu’ils voient et entendent. Ce n’est pas que Jésus ne veuille pas que ses disciples parlent de lui; mais il ne veut pas que nous parlions trop vite. Il veut que nous comprenions vraiment qui il est et ce qu’il attend de nous. Et ça, ce n’est possible à travers le prisme de la croix, là où le silence et l’écoute active de la souffrance du monde parlent plus fort que le cri des foules qui cherchent à imposer leur volonté.
Les foules n’écoutent pas. Leur idée était faite. Des travaux forcés en Égypte jusqu’à l’oppression romaine en passant par l’exile à Babylone, Israël est un peuple opprimé. Depuis les temps anciens Israël attend la vengeance de leur Dieu. Au temps de Jésus, le peuple de Dieu, attendait avec impatience l’arrivée de ce prophète messianique dont parlait Ésaïe celui qui ouvrirait les oreilles des sourds et les yeux des aveugles, qui libérerait le pays de tout ce qui le tenait prisonnier. Quand Jésus apparait parmi eux, guérissant les malades et prêchant l’avènement du règne de Dieu, il n’est pas surprenant que les gens voient en lui ce prophète tant attendu. Mais si Jésus interdit aux foules de proclamer tout haut cette bonne nouvelle; si Jésus s’enfuit lorsque les foules cherchent à faire de lui leur gourou, leur « leader révolutionnaire », c’est parce qu’il sait que ses compatriotes ne comprennent pas vraiment le sens de ses signes. Ils ne voient en Jésus que le faiseur de miracles, le charismatique et ils prennent Jésus pour le libérateur socio-politique qu’ils attendent depuis des générations, celui qui renverserait l’ordre sociale et qui ferait du peuple opprimé le chef de tous. Mais ce que Jésus essaie de faire comprendre à ses disciples, c’est que son règne n’est pas de ce monde. Il ne cherche pas tout simplement à renverser l’ordre de choses. Il est venu inaugurer un ciel nouveau et une terre nouvelle. Jésus n’est pas un roi comme les autres, son règne dépasse toutes les frontières socio-politiques et spatio-temporelles.
Ce que les proches de Jésus ne comprendront qu’après la mort et la résurrection du Christ, la femme Syro-phénicienne le comprend très bien. Elle comprend que le monde que Jésus est venu inaugurer n’est pas un monde où certains ont leur place et d’autres pas. Un autre monde est possible. Un monde où tout le monde a sa part de l’abondance qui nous est offerte gratuitement par Dieu. Sa réponse est en fait une confession de foi en Jésus.

De la même manière le récit de la guérison du sourd-muet est beaucoup plus qu’une anecdote servant à démontrer que, de son vivant, Jésus était un puissant guérisseur. Ce récit est une autre épiphanie, une révélation divine de la mission de Jésus et de son ouverture à tous les humains sans exception. Alors que les « plus religieux » de son époque, élevaient des barrières pour s’isoler de tous les « autres ». Jésus lève toutes ces exclusions cherchant à établir des contacts avec tous et toutes. Nous le voyons se déplacer en Samarie. Il passe par Tyr et Sidon. Il traverse la Galilée et la Décapole. Il côtoie les lépreux et d’autres gens considérés comme impurs et indésirables selon la loi juive. Nous le voyons à table avec des pécheurs et parmi ses amis plus proches, nous trouvons les enfants et les femmes, les riches et les pauvres, les pharisiens et les publicains, des juifs, des non-juifs. Tous ceux et celles qui ont la foi – qui ont confiance en lui – Jésus les accueille les bras ouverts. Et il nous invite à suivre son exemple. La mission de Jésus consiste à ouvrir le monde à l’amour de Dieu, et à libérer les enfants de Dieu durement repliés sur eux-mêmes. Un mot résume cette mission : «Ephphata!» – Ouvre-toi!

La guérison du sourd-muet est le signe de la libération que Jésus apporte à tous les humains. On comprend pourquoi l’Église primitive l’a inséré dans la liturgie du baptême. Alors que nous naissons dans un monde enfermé sur lui-même, la foi, qui est l’accueil du don du Christ, nous ouvre à nous-mêmes en nous libérant du mal qui nous tient captifs et qui nous isole. Elle nous ouvre également à la communauté en levant les obstacles et les exclusions qui sont des barrières à la communication et qui finissent par nous enfermer derrière des murs de soupçon et de mépris.

Oui, il y a un temps pour rester muet. Il faut garder le silence pour s’assurer qu’on a l’oreille ouverte et attentive à la parole de Dieu, cette parole fait chair en Jésus Christ qui vient nous libérer de tout ce qui nous tourmente et nous sépare de Dieu et d’une vie vécue en communion avec Dieu et avec les autres. C’est à nous toutes et tous que Jésus dit : Ephphata : Ouvre-toi. Parce que nous sommes tous et toutes un peu comme ce sourd-muet, n’est-ce pas? Par moments, nos peurs, nos doutes, nos blessures, nos déceptions font en sorte que nous sommes nous sommes tous et toutes…bornés…bouchés…repliés sur nous-mêmes. –notre première réaction « Je ne veux pas en parler…je ne veux même pas en entendre parler ». Et c’est quoi la réaction de Jésus? Il va droit au but…là où ça fait mal. Il touche le sourd-muet dans l’intimité de sa blessure. Ephphata! Ouvre-toi! Ouvre-toi à la puissance divine. Laisse-la te guérir et te consoler. Laisse-la transformer à tout jamais ta vie…parce que c’est à partir de ce moment-là…que notre langue se délirera et que nous saurons parler correctement. Nous saurons proclamer en pensée en parole et en actes notre foi en Jésus.
Ephphata! Ouvre-toi! Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

 

 

Le 6 septembre 2015 – 15 Pentecôte B15 – Église Unie St-Pierre

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 145, 3-19 

Ésaïe 35, 4-10

Marc 7, 24-37

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