À qui irions-nous?

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

 DenisDepuis quand êtes-vous disciple de Jésus? Vous rappelez vous d’un temps où vous n’aviez pas la foi, l’expérience personnelle du divin, même si par pression ou convention sociale vous fréquentiez alors un temple, une église? Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé, de ce qui vous a conduit à l’ouverture, à la réceptivité à l’égard de l’existence de Dieu, de la présence de l’Esprit et de la valeur particulière de Jésus?

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.

Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père  affirme Jésus dans l’évangile de Jean. Pourquoi une personne est-elle croyante et pas une autre ? La foi est un don que personne ne mérite; c’est une réalité qui s’impose de l’intérieur et qui ne peut être contenue. La grâce d’être saisi par la vérité existentielle de ce qui est entendu, proclamé. C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.  Mystérieux avènement où un cœur précédemment fermé devient disponible, sensible et touché profondément par ce qui autrefois le laissait imperturbable, sinon de glace. Le piétisme protestant, les mouvements dits « de réveil », de nos jours le courant évangélique, mettent l’accent sur cette expérience souvent qualifiée de « nouvelle naissance ».
Si cette expérience déterminante est pour plusieurs identifiable à une période particulière de leur existence, parfois même à un moment précis dans leur vie, l’enjeu demeure la suite des choses, le quotidien vécu désormais à l’éclairage de cette ouverture : c’est ce qui nous concerne tout particulièrement ici, ce matin. En fait le culte et les diverses disciplines spirituelles trouvent leur raison d’être dans le prolongement de cette prise de conscience dans notre existence de tous les jours : garder le feu vif, demeurer alerte et vigilant, participer au déploiement de ce que l’intuition nous a donné à connaître et qui a mobilisé nos sentiments et nos émotions autant que notre intelligence et notre désir
Car le temps est aussi une épreuve, la durée, le défi de toute réalité, de toute passion, de tout amour. Dans cette perspective, j’emprunte ici les mots de l’écrivaine Régine Detambel qui rend compte de la disparition d’un enthousiasme intense qu’elle avait connu lors d’une lecture de jeunesse : « Le temps de copier, au feutre vert, sur une feuille de papier quadrillé, la phrase découverte… je m’étais fabriqué un abri. Il fut court, le temps d’y croire… Puis la phrase s’usa. Elle se délava. Peu à peu, sa profondeur m’échappa, et sa signification, du moins celle que je lui avais d’abord accordée. Elle se décomposa, devint aussi insignifiante qu’une comptine. Enfin, elle se disloqua. Tous les éléments actifs contenus dans les mots, calmants, thérapeutiques, je les avais absorbés, et la phrase à présent restait absolument vide. Je n’étais plus la favorite d’aucun dieu… » [Mésaventures de Bob Morane – 2013]
La tradition chrétienne, particulièrement catholique, a sondé ces « passages à vide » où la foi semble s’évaporer comme la rosée du matin, lassitude et tiédeur spirituelles. Elle lui donne le nom d’acédie. « L’acédie est un mal de l’âme qui s’exprime par l’ennui, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle. L’acédie peut être une épreuve passagère, mais peut être aussi un état de l’âme qui devient une véritable torpeur spirituelle et la replie sur elle-même. C’est alors une maladie spirituelle. »
Paul était possiblement conscient du danger qui guette tout croyant : armez-vous de force dans le Seigneur, de sa force toute-puissante. Revêtez l’armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manœuvres du diable.  L’imagerie du combat et de l’armure requise pour le mener à terme impliquent un effort, une lutte pour ne pas sombrer dans la négligence et l’indifférence sous les assauts de ces intangibles mais non moins réelles pulsions et sollicitations psychiques. Je n’entre pas ici dans des champs de compétence qui ne sont pas les miens, psychanalyse, psychosomatique et autres. Chacun de nous sait d’expérience qu’une mauvaise habitude, un péché ‘mignon’ peut progressivement éroder notre détermination voire nous faire perdre la direction prise au nom de valeurs qui nous sont chères. Cela se vérifie dans les petites choses comme dans les grandes.
Ce qu’il nous est demandé c’est de saisir l’armure de Dieu. Le psaume de ce jour l’identifie clairement : ô Dieu, vois celui qui est notre bouclier, regarde le visage de ton messie. La persévérance dans la foi est nôtre non d’abord à cause d’une décision personnelle de notre part, mais selon le même constat que fait Pierre : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle.  Le psaume affirme encore : le SEIGNEUR Dieu est un soleil et un bouclier. Veillons donc à revêtir l’armure de Dieu, à nous retrouver et nous reposer auprès du Christ Messie présent dans la Parole et la communion fraternelle : nous y goûterons réconfort, encouragement et motivation pour garder le cap, préserver la jeunesse de notre amour, et trouver le sens de notre existence par la mise en pratique de l’Évangile. Ainsi ferons-nous l’expérience renouvelée de ce que décrit le psaume : Heureux qui trouve chez toi sa force : de bon cœur il se met en route. Amen.

Denis Fortin, pasteur

St-Pierre 21e dimanche ordinaire « B » – 23 août 2015

Lectures bibliques
Psaume 84; Éphésiens 6, 10-20; Jean 6, 56-69

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