Le repos de nos âmes

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Je marchais, un petit matin de juin d’il y a quelques années, dans la grande cour intérieure du béguinage de Bruges, encore très silencieuse. J’avais le cœur très lourd. La nuit avait été difficile. Des peines profondes avaient hanté mon demi-sommeil. Il m’était bon de me retrouver seul, de marcher lentement en ce haut-lieu du tourisme mondial que j’avais l’impression d’avoir le privilège de rendre, pour quelques minutes, à sa destination première : le recueillement et la mise en présence de Dieu. Après avoir plusieurs fois fait le tour de ce jardin paisible aux longs peupliers inclinés, j’ai pénétré dans la petite église, pas très jolie, et j’y ai trouvé un endroit aménagé pour la prière.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.


Au moment où je déposais sur le sol mon sac à dos aussi lourd que mon coeur, la voix intérieure m’a murmuré : « Remets au Seigneur ton fardeau et lui te soutiendra » (Psaume 55 23). Ah! La richesse des psaumes! Quel trésor! « Remets au Seigneur ton fardeau et lui te soutiendra. » Et c’est bien ce qu’au cours des longues minutes qui ont suivi, j’ai pu faire. Déposer mon fardeau. Me déposer moi-même.

Assez rapidement, une autre parole a résonné, comme en écho : « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos » (Matthieu 11 28). C’était une présence. Accueillante. Fidèle. C’était un grand amour qui m’entourait et me recevait comme j’étais. Blessé. Souffrant.

En sortant, je me suis dirigé vers le charmant et paisible petit lac voisin. J’avais le cœur léger. Ou plutôt, j’étais allégé. Aucun de mes problèmes n’avait disparu, aucune de mes peines n’avait cicatrisé. Mais je n’étais plus écrasé et défait. J’étais redevenu un homme non pas accablé, mais debout, capable de faire face à l’adversité qui est le lot de toute existence.

Pourquoi vous raconter ce souvenir très personnel? C’est bien sûr dans l’espoir que vous puissiez, chacune et chacun de vous, retrouver à votre tour dans vos souvenirs un moment semblable où, en Dieu ou en Jésus, vous avez trouvé le repos pour votre âme.

Comme tous les êtres humains, nous sommes des êtres inquiets, parce que nous sommes des êtres de désir. Vous avez déjà entendu cette parole de saint Augustin par lequel débute son œuvre la plus connue, les Confessions : « Tu nous as fait pour Toi et notre coeur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi » (1,1). « Notre cœur est sans repos… » Nous avons soif de sens et de lumière, nous aspirons à ce que la Bible appelle la sagesse, et cette soif profonde est tellement bien exprimée par les mots de Jésus Ben Sira entendus il y a un instant : « Mes entrailles se sont émues à sa recherche » (51 21).

Sans doute, nous le savons, la quête spirituelle est exigeante. Elle emprunte le chemin de la discipline. Elle est un apprentissage, et le maître de sagesse Ben Sira, comme tous les maîtres spirituels juifs, chrétiens et autres n’ont cesse de le rappeler, est très clair là-dessus : « Soumettez votre nuque à son joug, et que votre âme reçoive l’instruction. C’est tout près qu’on peut la trouver. » (51 26). Et c’est quand on a trouvé qu’on se rend compte que, comme dit Jésus, son joug est « facile à porter » et son fardeau est « léger » (Matthieu 11 30).

Il y a des gens que la culpabilité écrase. D’autres sont paralysées par les remords ou par le sentiment d’être inutiles. Personnellement, je trouve lourde ma conscience des menaces qui pèsent sur l’avenir : l’avenir de la vie sur notre planète, l’avenir de notre peuple, l’avenir ou le non avenir de valeurs dont j’ai le sentiment qu’elles se perdent.

Il n’y a pas de fardeau que le Christ ne puisse alléger. Pour les premiers disciples, la foi en Jésus les libérait du fardeau de la Loi, c’est-à-dire du poids de l’observance et de la lourdeur de se trouver toujours incapable d’accomplir pleinement la volonté de Dieu. Il en va de même pour nous aussi, parce que notre foi nous assure que nous sommes sauvés par grâce et non par la performance. La foi en Jésus victorieux du péché et de la mort a la capacité. de nous libérer de l’angoisse et de la peur qu’il est normal d’éprouver dans les moments difficiles de l’existence, y compris la peur de la mort, comme le mentionne l’auteur de l’épître aux Hébreux (2 15).

En osant croire que nous sommes vraiment pour Dieu comme des enfants très chers le sont pour un père ou une mère prêts à tout pour leur enfant, nous sommes soulagés de l’inquiétude d’être abandonnés. Car elle est juste, la parole de notre foi : « Nous ne sommes pas seuls. Dans la vie, dans la mort, dans la vie au-delà de la mort, Dieu est avec nous. »

Au cours des minutes qui viennent, rendons grâce à Dieu pour la soif qui nous habite, confions-lui nos fardeaux et le poids de nos inquiétudes, et redisons au Christ notre Maître spirituel notre désir d’avancer sur la voie qu’il nous trace.

Par Paul-André Giguère

 

TEXTES BIBLIQUES

Siracide 51 21-27

Matthieu 11 28-30

 

 

2 commentaires

  1. Marie-Andrée Babin says: · ·Répondre

    Un texte qui m’arrive ce matin, plein d’espoir.

    Une période difficile qui semble vouloir s’achever, m’invite à m’arrêter de nouveau et me mettre en
    présence de Dieu, en silence pour écouter ce qu’il a, à me dire. C’est tout en douceur, Paul-André que
    tu nous offres tes réflexions.

    Merci…c’est doux et cela s’accueille sans forcer la note, sans obligation mais au contraire, en pleine
    reconnaissance.
    Marie-Andrée

    • Paul-André Giguère says: · ·Répondre

      Merci, Marie-Andrée, pour ce commentaire. Je suis touché que tu aies été touchée. Merci à Dieu. Garde confiance, ce n’est pas la première fois que tu traverses un orage, ou un désert, et que « tu n’es pas seule ».
      Paul-André

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