L’assurance des choses qu’on espère

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Les circonstances, je dirais pour ma part la Providence, ont voulu que je passe le mois de juillet dans la résidence secondaire de ma famille, au bord du fleuve, à Montmagny, alors que Maurice était aux soins palliatifs à l’Hôtel-Dieu, à dix minutes en auto de chez nous. À partir du 15, j’ai pu le visiter presque tous les jours. Le 30, je l’ai visité en après-midi, mais il était inconscient. Je n’ai pu que prononcer sur lui la belle prière du départ : « Pars en paix au nom de Dieu le Très Saint qui t’a créé; au nom de Dieu le Fils, Jésus-Christ, qui t’a racheté; au nom de Dieu l’Esprit saint qui te sanctifie. Que cette cette nuit tu reposes en paix et que tu demeures pour toujours sous la garde de Dieu. »1 C’est effectivement, au début de la nuit de ce 30 juillet, vers 21h, que Maurice a quitté ce monde.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Au cours de nos premières rencontres, Maurice était calme et lucide, malgré l’inconfort que lui causait son état de faiblesse généralisé. Avec Maurice, il était possible de parler en toute sérénité de sa mort prochaine; ce qui ne va pas de soi avec tout le monde, comme vous vous en doutez bien ou le savez déjà par expérience. L’état d’esprit de Maurice reflétait la conviction dont parle le verset de l’épître aux Hébreux que nous venons de lire : « … la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. » Une autre traduction dit : « « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. » (TOB).

Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire « posséder déjà ce que l’on espère »? Comme je le comprends en rapport avec la mort, cela veut dire que nous  mettons  délibérément et avec confiance  notre vie sous l’influence de l’espérance d’une vie au delà de la mort. Nous abordons la dernière étape de notre vie terrestre pénétrés par cette confiance en quoi consiste essentiellement la foi. C’est bien l’état d’esprit dans lequel était Maurice. Cela ne veut pas dire que les souffrances de l’agonie en étaient éliminées pour autant. Quand on s’éteint comme lui à petit feu et qu’on se sait sur son départ, le temps passé sur le lit d’hôpital paraît bien long. La médecine essaie de rendre la situation moins inconfortable par des injections censées réduire la douleur du corps et alléger l’angoisse de l’esprit. En réalité, l’effet n’est pas toujours celui prévu. En parlant avec difficulté, Maurice m’a dit : « je deviens fou ». Ce que j’ai compris, c’est qu’il ressentait la confusion que les médicaments provoquaient dans ses pensées et qu’il en était angoissé plutôt qu’apaisé. Heureusement, l’infirmière de service avait entendu la même chose que moi et a donné suite.

Vous me pardonnerez ces détails concrets, mais je ne voudrais surtout pas vous laisser avec l’impression qu’une mort consciemment vécue dans la foi chrétienne est nécessairement une transition tout en douceur vers l’autre monde. Dieu est révélé en Jésus Christ souffrant comme prenant sur lui avec nous la souffrance qui fait partie de la finitude et de la fragilité de notre condition humaine. Même en abordant avec confiance et disponibilité le moment du départ, comme c’était le cas de Maurice, il est pour ainsi dire inévitable qu’on éprouve par moments, en surface, la douleur et l’inquiétude, alors qu’en profondeur, la foi de toute une vie en la gratuité du salut suit son cours. En préparant cette prédication, il m’est venu à l’esprit de relier les dernières années de vie de Maurice et ses derniers moments à ce  verset de l’évangile de Matthieu dont nous venons d’entendre la lecture : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. »

À l’étape où Maurice ne pouvait plus parler mais était encore lucide, il me répondait par les yeux et un léger mouvement de la tête, quand je lui demandais s’il voulait que je prie avec lui. En plus du Notre Père, deux psaumes ont accompagné notre dernier bout de chemin ensemble : le psaume 23, L’Éternel est mon berger et le psaume 121, Le secours me vient de l’Éternel. Dans ces psaumes, deux versets parlent directement au cœur, quand on accompagne quelqu’un sur le point de nous quitter. Au psaume 23, ce verset : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ». Au psaume 121 dont nous venons d’entendre la lecture, le dernier verset : « L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à jamais. »

Nous ignorons les circonstances dans lesquelles la mort se présentera  à nous. Rien ne sert de trop anticiper. Ce qu’on peut faire maintenant, aujourd’hui même, c’est accueillir le témoignage de Maurice. Disposons-nous à « posséder déjà ce que l’on espère », c’est-à-dire  à vivre sans la crainte de la mort, en mettant notre vie sous l’influence de la « ferme assurance des choses qu’on espère ». Dieu nous soit en aide. Amen.

 

1 Les funérailles. L’Église Unie du Canada, 1987 : 13.

Par Gérald Doré

Église Unie Pinguet — Samedi le 26 août 2017

Service à la mémoire de Maurice Daigle

 

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 121

Hébreux 11, 1

Matthieu 11, 28-29

 

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