La patience de Dieu

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

PierreL’appel à la conversion que nous adresse Jésus aujourd’hui dans l’Évangile de Luc est un appel à nous convertir sans délai. À nous « tourner vers » Dieu et vers les autres puisque voilà le vrai sens de la conversion, « se tourner vers »…

Ce qui ressort de l’évangile de Luc aujourd’hui, ce n’est pas seulement un appel à la conversion, je le répète, c’est surtout un appel pressant à la conversion, un appel à la conversion… sans délai. L’appel de Jésus ne laisse pas place au louvoiement : si vous ne vous convertissez pas (…) vous périrez tous !

Pour servir son propos, Luc prend un épisode anecdotique de la vie de Jésus. Il nous montre Jésus en bon pédagogue qui sait partir des faits de la vie pour donner son enseignement. Deux faits divers – sans doute mis bout à bout dans le même discours plus par Luc que par Jésus – le massacre des Galiléens par Pilate et la chute de la Tour de Siloé. Quel enseignement Jésus veut-il bien nous donner à partir de ces deux événements?

Très certainement faut-il reconnaître un aspect fondamental de la prédication de Jésus : une invitation à la repentance dans la perspective du jugement imminent. Dès le début de son ministère, en effet, dans la foulée même de son précurseur Jean-Baptiste, Jésus proclame un Royaume tout proche, il multiplie les miracles pour amener les gens à la conversion et il avertit les foules que c’est la pénitence qui les sauvera de la condamnation.

Repentance, conversion, pénitence, condamnation, voilà des mots bien peu populaires… mais allons plus loin, plus profondément dans le message de Jésus tel que véhiculé par Luc, cet évangéliste de la miséricorde divine.

Quels sont donc les éléments du message de cet évangile pour nous aujourd’hui?

La mentalité populaire de l’époque, peut-être aussi la nôtre en 2016, continuait à lier le malheur à une sanction du péché, à une conséquence de comportements inadéquats. Jésus repousse solennellement cette vieille croyance. « Non, je vous le dis », la souffrance n’est pas une conséquence de nos conduites erratiques et le mal reste un scandale pour quiconque.

Les hommes tués par les soldats de Pilate ou par la chute de la tour ne sont pas plus pécheurs que les autres. Ils étaient pécheurs, bien sûr, nous le sommes tous et toutes. Pas plus, pas moins. Non, Jésus prend à témoin ces deux faits divers catastrophiques comme autant d’avertissements providentiels. Ces exemples sont là pour nous inviter à accueillir le salut offert par l’Envoyé de Dieu maintenant, pendant qu’il en est encore temps, sans attendre à un « plus tard » hypothétique. La fin du monde, quelle que soit sa forme, viendra bien un jour ou l’autre. Nous avons donc intérêt à accueillir maintenant le don de la conversion comme un don de grâce, un don de vie éternelle.

À première vue, la parabole du figuier qui suit tout de suite cet enseignement de Jésus apparaît très proche de son appel à la pénitence. Mais la nuance du message est de taille et nous dit un peu plus qui est notre Dieu. La parabole du figuier ajoute, en effet, la dimension d’un délai de grâce à cet appel pressant à la conversion. La pensée contenue dans cette parabole est claire : Convertissez-vous, dit Jésus, le temps presse… mais Dieu vous accorde un dernier délai… le temps de bêcher la terre pour que le figuier porte du fruit. Car Dieu est patient.

La parabole du figuier invite les chrétiens à une conversion féconde. Se convertir, c’est porter du fuit, ce qui se traduit dans le langage évangélique par l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Évidemment, Jésus veut nous démontrer ici, comment son ministère constitue le signe vivant et efficace de la sollicitude et de la longanimité de son Père des cieux. Jésus insiste sur l’urgence de la conversion, mais montre aussi que Dieu ne se résigne pas à laisser se perdre sa créature sans avoir tout essayé pour toucher son cœur.

Luc, c’est le médecin, celui qui a mandat de soigner les autres, c’est l’évangéliste de la miséricorde… La miséricorde est sans doute son thème le plus cher, en tous cas. Cela confirme qu’il a voulu nous livrer, encore aujourd’hui, un enseignement sur la compassion de notre Dieu, un Dieu lent à la colère et plein d’amour.

Le soin avec lequel Luc montre que Dieu, dans sa bonté, accorde un sursis au pécheur rejoint l’espérance de toute l’Église de son temps. L’Église primitive pouvait attendre la Parousie qui semblait tellement imminente plus sereinement… Si Jésus tardait à revenir pour juger le monde, croyaient les premières générations chrétiennes, c’est que, comme l’écrit Pierre dans sa 2e lettre, il use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir.

En cette saison de Carême, il convient de nous arrêter pour prendre le temps de nous sentir invité par Dieu à une conversion toujours renouvelée. Et comme Dieu se présente comme un Père qui temporise, nous sommes invités aussi à l’imiter dans sa miséricorde. Aimons et pardonnons donc comme Dieu aime et pardonne. Et pour y parvenir, comme une pareille conduite n’est pas si spontanée pour un cœur humain, demandons la force de l’Esprit. Et peut-être comme le figuier, donnerons-nous à notre tour des fruits, et des fruits qui demeurent. AMEN.

Par Pierre Nadeau

Prédication du 3e dimanche du Carême C

 

LECTURES BIBLIQUES

Ésaïe 55, 1-9

Luc 13, 1-9

 

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