Inquiétudes et lendemains

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroit. Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain. Le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. (Matthieu 6.33-34)

Aujourd’hui, le lectionnaire que nous suivons nous présente le dernier des cinq segments consacrés à l’enseignement de Jésus dans le Sermon sur la Montagne. Dimanche prochain commence en effet, et pour sept semaines, un nouveau temps dans l’année liturgique : le temps du carême. Voilà cinq semaines, nous commencions par les Béatitudes. L’enseignement de Jésus aujourd’hui est bien simple et bien clair. Peut-être est-il trop simple pour des esprits aussi sophistiqués et aussi rationnels que les nôtres ?  Ne vous inquiétez pas, dit Jésus.  Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez ou de ce que vous vêtirez. Ça c’est déjà réglé : cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu et tout le reste vous sera donné par-dessus le marché ! A moi, Jésus, laisse-moi te dire deux mots ! En tout respect, pardonne-moi Jésus mais vraiment là, tu débloques ! Ce que tu prêches semble tout à fait irresponsable : ne pas se soucier du lendemain ? Mais n’est-ce pas justement par souci du lendemain et pour l’assurer que pendant plusieurs dizaine d’années les gens travaillent et mettent versent des sommes, quelques fois astronomiques dans un fonds de pension pour tenter d’assurer le lendemain ! Ne pas s’inquiéter du lendemain : n’est-ce pas justement la raison pour laquelle nous faisons toutes sortes de sacrifices et poussons nos enfants à travailler dur et à aller aussi loin que possible dans leurs études ? Ne pas se soucier du lendemain ! N’est-ce pas justement ce qui constitue la pierre de roche, le fondement même de notre économie du marché ? Nous demandes-tu de renoncer au système capitaliste ? A la logique de la société de consommation et à notre besoin de faire la plus grande marge possible de profit ? Ne pas se soucier du lendemain ? C’est à croire que tu ignores les vraies affaires en ce bas-monde. Nous prendrais-tu pour des gens écervelés ! Anticipant cette levée de bouclier, Jésus, qui était, rappelons-le, en plein air, certainement assis sur l’herbe et entouré d’oiseaux, transforme le sermon en une leçon de choses ou plus exactement d’observation. Avez-vous souvenir des leçons d’observation à l’école ? Jésus demande seulement une chose, deux, pour être plus précis. Il demande à son auditoire de regarder les oiseaux du ciel. Et après, il lui demande d’observer les fleurs des champs que son auditoire était certainement en train de piétiner. Peut-être a-t-il même ajouté en guise d’instruction : Ne gâchez-pas votre plaisir en rationalisant à outrance, pour une fois, ouvrez-vous à vos sens et observez tout simplement ! Avez-vous déjà regardé un oiseau de près ? En avez-vous déjà nourri un dans vos propres mains ou du moins, dans une mangeoire pas trop loin de vous ? Sinon, en avez-vous regardé sur une branche ou à travers la vitre d’une fenêtre ? Avez-vous récemment observé une de ces petites fleurs fragiles qui poussent dans les prés ou même pas trop loin d’ici, sous les arbres le long de la barrière ? Ah ! Que c’est beau ! Que c’est époustouflant ! Ça en est saisissant : comment cela se peut-il ? Maintenant, après avoir regardé et observé, analysons et réfléchissons un tout petit peu, juste un tout petit peu, et faisons les rapprochements, tissons les liens. Cette splendeur observée dans l’éphémère fleur des champs, cet émerveillement vu dans l’oiseau, eh bien, multiplions les par cent, par mille, à l’infini car nous valons (Jésus l’affirme) beaucoup plus ! Dieu qui prend soin et de l’oiseau et de la fleur des champs, prend encore considérablement plus soin de vous et de moi. Alors pourquoi s’inquiéter et vivre de stress, ou plus exactement, en mourir en fait, car le stress, c’est démontré, tout comme la tension artérielle, ça tue ! Pourquoi vouloir jouer Dieu en prétendant vouloir tout contrôler et prendre les choses en mains propres ? Pourquoi, encore pire, baisser les bras, l’écarter de l’équation alors que Dieu ne cesse de veiller, ne cesse de nous garder dans la paume de sa main … si du moins nous ne faisons pas le gros dos, nous identifiant au peuple des Béatitudes. L’Eternel pourvoira à nos besoins vitaux. C’est garanti : le fil ne cassera pas. Plutôt que de se faire du mauvais sang pour quelque chose dont le contrôle nous dépasse, cherchons plutôt, nous incite Jésus, le Royaume et la Justice de Dieu, sachant que tout le reste nous sera donné par-dessus le marché, de surcroit dit le texte (remarquons la double et simultanée nature de la recherche). Qu’est-ce cela veut dire que de «chercher le Royaume et la Justice de Dieu» dans notre vie individuelle, dans la manière de penser à l’avenir de notre communauté de foi, dans les questions d’équité au travail ou dans la vie sociale, dans nos luttes contre l’injustice et les préjudices, et même dans notre lecture des évènements qui se passent autour de nous et dans le monde, en Ukraine, au Nigéria et en République Centrafrique, sur la Grande Allée et à Limoilou, chez Wal-Mart et à Canadian Tire ? Il devient évident que Jésus nous pousse à prendre parti pour les choses du « Royaume » et de la « Justice » de Dieu. Voilà pourquoi Jésus nous met en garde : il nous faut choisir entre Dieu et Mammon. Il nous faut choisir soit le Dieu de la vie, de la solidarité, de la vérité, de l’amour, de la réconciliation et du pardon, le Dieu de l’espérance, soit alors l’idole du matérialisme et du consumérisme, de l’exploitation et du profit, de l’individualisme, de la méfiance et du stress. Il n’y a vraiment pas match, à priori. Seigneur apprends-nous à regarder et à observer. Apprends-nous surtout à nous souvenir et à accepter que nous sommes des trésors d’une valeur inestimable à tes yeux et dans ta main. Ne nous-en as tu pas donné la garantie plus d’une fois ? Que ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre, écoutent.

Samuel Vauvert Dansokho
Eglise Unie St Pierre et Pinguet
Québec, le 02 mars 2014 

TEXTES BIBLIQUES 

  ESAIE 49. 13-23  13Cieux, poussez des acclamations ; terre, exulte, montagnes, explosez en acclamations, car le SEIGNEUR réconforte son peuple, et à ses humiliés il montre sa tendresse. 14Sion disait : « Le SEIGNEUR m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée ! » 15La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! 16Voici que sur mes paumes je t’ai gravée, que tes murailles sont constamment sous ma vue. 17Ils accourent, tes bâtisseurs, et tes démolisseurs, tes dévastateurs loin de toi s’en vont. 18Porte tes regards sur les alentours et vois : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi. Par ma vie, oracle du SEIGNEUR, oui, tu les revêtiras tous comme une parure, telle une promise, tu te feras d’eux une ceinture. 19Oui, dévastation, désolation, terre de démolition que tu es, oui, désormais tu seras trop étroite pour l’habitant, tandis que prendront le large ceux qui t’engloutissaient. 20De nouveau, ils diront à tes oreilles, les fils dont tu ressentais la privation : « L’espace est trop étroit pour moi. Place pour moi ! Tiens-toi serrée, que je puisse habiter. » 21Tu diras alors dans ton cœur : « Ceux-ci, qui me les a enfantés ? Moi, j’étais privée d’enfants, stérile, en déportation, éliminée ; ceux-là, qui les a fait grandir ? Voilà que je restais seule, ceux-là, où donc étaient-ils ? » 22Ainsi parle le Seigneur DIEU : Voici que j’élèverai ma main vers les nations, que je dresserai mon étendard vers les peuples : ils ramèneront tes fils dans leurs bras et tes filles seront hissées sur leurs épaules. 23Des rois seront tes tuteurs, et leurs princesses, tes nourrices. Visage contre terre ils se prosterneront devant toi, ils lécheront la poussière de tes pieds. Tu sauras alors que je suis le SEIGNEUR ; ceux qui espèrent en moi n’auront point de honte. Matthieu 6. 24-34 24« Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.  25Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent point dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? 27Et qui d’entre vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? 28Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Observez les lis des champs, comme ils croissent : ils ne peinent ni ne filent, 29et je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux ! 30Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ! 31Ne vous inquiétez donc pas, en disant: “Qu’allons-nous manger ? qu’allons-nous boire ? de quoi allons-nous nous vêtir ?” 32– tout cela, les païens le recherchent sans répit –, il sait bien, votre Père céleste, que vous avez besoin de toutes ces choses. 33Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. 34Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain : le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. »

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