Aimer, un verbe d’action?!

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Il n’est certainement pas faux d’avancer que pour notre plus grand nombre, nous avons tendance à comprendre l’amour comme essentiellement quelque chose que nous éprouvons, un sentiment. Ce sentiment est fait d’affection, d’attirance et d’attachement envers quelqu’un ou quelque chose.

Le tout peut être très fort et très intense par moments, mais c’est d’abord un sentiment.
Et si l’amour était autre chose? Quelque chose de l’ordre d’un comportement, d’une action? Et si « aimer » devenait moins un verbe d’état et davantage un verbe d’action?

C’est quoi encore la différence entre un verbe d’action et un verbe d’état ? La grammaire française a la réponse, elle qui divisait les verbes en deux catégories :
1) D’abord, les verbes d’état, également appelés verbes attributifs ou verbes statiques. Ces verbes expriment un état, une façon d’être ou une situation. Ce sont les verbes du genre : « avoir l’air », « consister », « demeurer », « devenir », « passer pour », « rester », « s’appeler », « sembler », « se trouver », « paraître ».
2) La deuxième catégorie constitue les verbes d’action. Ils expriment une action faite ou subie.

Si nous pensons à l’amour comme tout d’abord un sentiment et un sentiment romantique, il en va différemment dans le Sermon sur la Montagne et le Lévitique.

Lorsque Jésus exhorte son auditoire dans le tout dernier verset du texte de Matthieu (5 :48) en leur disant « vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait », il ne fait que faire écho, comme il le fait tout au long du Sermon sur la Montagne, au message de l’Ancien Testament, à celui de Lévitique 19 pour ce qui nous concerne ce matin.

La toute première chose que Dieu demande à Moïse de dire à la communauté des enfants d’Israel c’est : « Soyez saints, car je suis saint, moi, le SEIGNEUR, votre Dieu». Etre parfait, être saint cela se joue sur le plan cultuel, moral et spirituel sans oublier le côté des relations personnelles, de la solidarité et de la justice sociale. Tout cela revient d’une manière assez surprenante à aimer Dieu et à aimer son prochain comme soi même.

Notre passage dans Lévitique 19 (1 à 18) commence par « soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu », et culmine par cette conclusion bien connue que Jésus a reprise pour résumer lui-même toute la Loi et les Prophètes : « c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est moi, le Seigneur. »

Entre ces deux sommets, Lévitique 19 nous enseigne qu’« aimer son prochain comme soi-même » c’est n’avoir aucune pensée de haine, ne pas se venger et ne pas être rancunier. Ce qui se traduit très concrètement par :

– faire preuve d’équité dans nos jugements et ne pas calomnier (versets 15 et 16)
– ne pas exploiter ou voler le prochain et ne pas retarder la paie (verset 13)
– ne pas insulter un sourd ou mettre un obstacle devant un aveugle (verset 14)
– à la moisson ne volontairement pas tout ramasser et laisser de quoi glaner, pour le pauvre et l’émigré (verset 9)
– craindre, respecter père et mère ainsi que les sabbats du Seigneur (verset 3).

Nous comprenons peut-être un peu mieux pourquoi Jésus dit qu’il n’est pas venu abolir mais accomplir.

Si la vision de société qu’il nous brosse semble utopique c’est qu’il est nécessaire d’embrasser une certaine utopie pour transformer le monde en mieux, pour promouvoir l’amitié, l’estime et la solidarité de même que la justice et l’équité.

Cette vision utopique a été illustrée par les événements d’Ukraine de ces derniers jours. Parmi les images d’horreurs que les médias ont projetées de Kiev et d’autres endroits à feu et à sang en Ukraine, il y en a une qui donne la chair de poule.

C’est l’image d’un prêtre orthodoxe qui donnait les derniers sacrements aux mourants et qui quelques instants plus tard marchait avec détermination à la tête des manifestants en tenant quelqu’un par la main droite tout en levant l’autre main, comme pour signaler qu’il fallait arrêter la violence.

Rendons grâce pour des personnes pareilles qui n’hésitent pas à offrir leur vie pour résister au mal et instaurer l’amour.

Il ne fait pas de doute que si un jour les choses se dégradaient au point qu’il faille témoigner au prix de sa vie, nous serons-là, au premier rang. Mais devons-nous aller jusqu’au martyr?

C’est tous les jours, dans les petites comme dans les grandes choses que nous sommes appelés à être parfaits comme notre Père est parfait. Tous les jours, ce Dieu qui écrit droit avec des lignes courbes utilise des personnes tout à fait ordinaires pour accomplir l’extraordinaire!

Le Royaume ces cieux est VRAIMENT au milieu de nous. Amen!

Samuel Vauvert Dansokho
Eglise Unie St Pierre et Pinguet
Québec le 23 février 2014

 

TEXTES BIBLIQUES

Lévitique 19 : 1-18 :
1Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : 2« Parle à toute la communauté des fils d’Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car je suis saint, moi, le SEIGNEUR, votre Dieu.
3 Chacun de vous doit craindre sa mère et son père, et observer mes sabbats. C’est moi, le SEIGNEUR, votre Dieu.
4Ne vous tournez pas vers les faux dieux, ne vous fabriquez pas des dieux en forme de statue. C’est moi, le SEIGNEUR, votre Dieu.
5Quand vous immolez au SEIGNEUR un sacrifice de paix, faites-le de manière à être agréés : 6On le mange le jour du sacrifice et le lendemain ; ce qu’il en resterait le troisième jour serait brûlé ; 7si l’on en mangeait quand même le troisième jour, ce serait de la viande avariée, on ne saurait être agréé ; 8celui qui en mangerait porterait le poids d’une faute pour avoir profané ce qui est consacré au SEIGNEUR ; et celui-là serait retranché de sa parenté.
9Quand vous moissonnerez vos terres, tu ne moissonneras pas ton champ jusqu’au bord et tu ne ramasseras pas la glanure de ta moisson ; 10tu ne grappilleras pas non plus ta vigne et tu n’y ramasseras pas les fruits tombés ; tu les abandonneras au pauvre et à l’émigré. C’est moi, le SEIGNEUR, votre Dieu.
11Ne commettez pas de rapt, ne mentez pas, n’agissez pas avec fausseté, au détriment d’un compatriote. 12Ne prononcez pas de faux serment sous le couvert de mon nom : tu profanerais le nom de ton Dieu. C’est moi, le SEIGNEUR.
13N’exploite pas ton prochain et ne le vole pas ; la paye d’un salarié ne doit pas rester entre tes mains jusqu’au lendemain ; 14n’insulte pas un sourd et ne mets pas d’obstacle devant un aveugle ; c’est ainsi que tu auras la crainte de ton Dieu. C’est moi, le SEIGNEUR.
15Ne commettez pas d’injustice dans les jugements : n’avantage pas le faible et ne favorise pas le grand, mais juge avec justice ton compatriote ; 16ne te montre pas calomniateur de ta parenté et ne porte pas une accusation qui fasse verser le sang de ton prochain. C’est moi, le SEIGNEUR.
17N’aie aucune pensée de haine contre ton frère, mais n’hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d’un péché à son égard ; 18ne te venge pas et ne sois pas rancunier à l’égard des fils de ton peuple : c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est moi, le SEIGNEUR.

1 Corinthiens 3, versets 16 à 23 :
16Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? 17Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, et ce temple, c’est vous. 18Que personne ne s’abuse : si quelqu’un parmi vous se croit sage à la manière de ce monde, qu’il devienne fou pour être sage ; 19car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : Dieu prend les sages à leur propre ruse, 20et encore : Le Seigneur connaît les pensées des sages. Il sait qu’elles sont vaines. 21Ainsi, que personne ne fonde sa fierté sur des êtres humains, car tout est à vous : 22Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l’avenir, tout est à vous, 23mais vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.

Matthieu, chapitre 5, versets 38 à 48 :
38« Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. 39Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. 40A qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. 41Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. 42A qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos.

43« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45afin d’être vraiment les enfants de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. 46Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir ? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?

47Et si vous saluez seulement vos frères et sœurs, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ? 48Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

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