Faire Église autrement : réformer est notre devoir

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Le 2 novembre 2014 – 21 Pentecôte/La Toussaint A14 – Église Unie St-Pierre

Lectures bibliques

1 Corinthiens 1.1-9 

Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et Sosthène le frère, 2à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre ; 3à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.
4Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le Christ Jésus. 5Car vous avez été, en lui, comblés de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la connaissance. 6C’est que le témoignage rendu au Christ s’est affermi en vous, 7si bien qu’il ne vous manque aucun don de la grâce, à vous qui attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ. 8C’est lui aussi qui vous affermira jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus Christ. 9Il est fidèle, le Dieu qui vous a appelés à la communion avec son Fils Jésus Christ, notre Seigneur.

Matthieu 4.23 – 5.12 

Puis, parcourant toute la Galilée, il enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Règne et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. Sa renommée gagna toute la Syrie, et on lui amena tous ceux qui souffraient, en proie à toutes sortes de maladies et de tourments : démoniaques, lunatiques, paralysés ; il les guérit. Et de grandes foules le suivirent, venues de la Galilée et de la Décapole, de Jérusalem et de la Judée, et d’au-delà du Jourdain.
A la vue des foules, Jésus monta dans la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Et, prenant la parole, il les enseignait :
Les béatitudes
« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.
Heureux les doux : ils auront la terre en partage.
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.
Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.
Heureux êtes-vous lorsque l’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; c’est ainsi en effet qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

Prédication

Bon dimanche de la Réformation…oui je sais que vous avez souligné la Réforme la semaine dernière avec Pierre mais, à mon avis, on devrait se souhaiter bon dimanche de la réformation à toute les semaines. Ecclesia réformata et reformanda…l’église réformée et toujours en réforme. La réforme n’est pas simplement un événement historique à souligner. C’est un monde de vie à actualiser de génération en génération. Comme le disait quelqu’un : « réformer est notre devoir. » En d’autres mots, nous ne pouvons jamais nous contenter de faire Église. Nous devons chercher constamment à faire Église autrement…ce qui ne veut pas dire innover pour innover mais revenir constamment aux sources…à l’essentiel de la foi…se libérant par le fait même des excès accumulés au fil du temps. Dans son livre, The Great Emergence, Phyllis Tickle constate que tous les 500 ans à peu près l’Église fait un grand ménage…tient une grande « vente de garage » afin de se libérer de ses lourdeurs. Selon elle, nous qui vivons à peu près 500 ans après Luther, nous sommes dus pour une nouvelle Réformation.

Déjà en 1935 Deitrich Bonhoeffer prévoyait l’effondrement de l’Église institutionnalisée. Selon lui, il fallait un retour aux sources, un retour à une forme de monachisme…mais renouvelé…actualisé…pour les temps modernes. Il espérait une nouvelle vie communautaire — fondée sur une adhésion radicale au sermon sur la montagne — et aux béatitudes en particulier. Pour Bonhoeffer, une Église vivante est une Église qui incarne les béatitudes comme Jésus le faisait lui-même…dès les premiers instants de son ministère public.

Mais, ça a l’air de quoi une communauté qui incarne les béatitudes ? Je pense que ça peut prendre différentes formes selon les époques et les milieux. C’est à nous de nous demander ce que ça veut dire pour nous, modeler notre vie sur les béatitudes. Alors ce que je vous offre ce matin…c’est plus des des pistes de réflexion…que des réponses.

Premièrement, il faut s’attarder sur le mot heureux. Il faut bien comprendre qu’ici, il n’est pas question de joie ou de bonheur dans le sens habituel du terme…joie ou bonheur qui rime avec une vie sans difficulté, sans souci. Le mot traduit par heureux n’est pas un adjectif qui décrit les gens qui sont pauvres de cœur etc…c’est d’abord est avant tout une salutation…un mot d’accueil et de bienvenue. N’oubliez pas, on est au début du ministère de Jésus…il vient de choisir ces premiers disciples. Et le sermon sur la montagne est un discours qui inaugure la communauté que Jésus veut constituer…dans un sens il dit… « Bienvenue…les pauvres de cœur…les cœurs purs…les doux, ceux et celles qui pleurent…c’est pour vous que je suis venu. » C’est aussi une invitation : « Venez…suivez moi. Le royaume des cieux…une vie nouvelle…vous attend. » C’est pour cela que j’aime bien la version de Chouraqui qui traduit ce « heureux » par « En marche ! »…Les disciples du Christ forment une communauté debout et en chemin…vers un bonheur…une joie que Dieu seul peut nous offrir. En marche !…et non pas enfermés dans un bâtiment. Oui, Jésus enseignait dans les synagogues, il allait au temple pour se ressourcer…se brancher à la source…mais toujours dans le but de se préparer à aller à la rencontre des gens et à soulager leurs souffrances et à les libérer de tout ce qui les tenait captifs. Toujours dans le but de re-créer le monde. C’est comme respirer…il faut inspirer pour pouvoir expirer…et bien expirer pour mieux inspirer…sinon on s’étouffe. À l’instar de Jésus, nous sommes appelés à aller à la rencontre des autres, leur tendant une main afin de les aider à se tenir debout…et de les inviter à se mettre en marche avec nous !

En marche ! Les pauvres de cœur. Pourquoi les pauvres de cœurs sont-ils les premiers à recevoir l’invitation de Jésus ? Peut-être parce que Jésus sait que ce sont eux qui sont les plus susceptibles de répondre en premier. On peut traduire « pauvre de cœur » par pauvre en esprit…en d’autre mots…ceux et celles qui sont à bout de souffle. Oui…il est vrai que Dieu est toujours présent…toujours prêt à nous accueillir…mais il est aussi vrai que souvent…avant d’accepter une invitation à passer à autre chose…il faut se rendre à l’évidence qu’on court à sa perte, qu’on est essoufflés et que seul se rapprocher de Dieu dans la communion de tous les saints peut nous permettre de respirer mieux.

C’est à ce moment précis qu’on devient vraiment doux. En marche les doux ! Les humbles et les pauvres qui avancent vers une vie nouvelle sans force ni violence. Les doux, ce sont ceux et celles qui ont le cœur pur…

À l’époque de Jésus, les purs était ceux et celles qui pouvaient faire certains gestes…accomplir certains rites ou rituels…mais souvent Jésus traite ces gens d’hypocrites…ils posent des gestes…mais le cœur n’y est pas. Selon Jésus, la vraie pureté, c’est la pureté du cœur des enfants de Dieu qui, avant toute chose, cherchent Dieu et sa justice.

En marche ceux qui pleurent ou encore…les endeuillés. La plupart du temps…ce sont nos larmes qui lavent notre cœur…pour avancer vers une nouvelle vie…il faut pleurer celle qu’on laisse derrière nous…il faut faire le deuil…il est bon de se le rappeler car nous vivons dans une société qui escamote la mort. Mais pour se réjouir vraiment de la vie…il faut connaitre la mort…  « En marche…les endeuillés », nous dit Jésus. Avancez…vers une vie nouvelle…ne restez pas plantés là…de peur de perdre la vie que vous connaissez actuellement…la mort n’aura pas le dernier mot…Dieu essuiera les larmes de tous ceux et celles qui pleurent.

En marche ceux qui ont faim et soif de justice ! Dans la Bible, le sens premier de « justice »…c’est …avoir une relation juste…avec Dieu…ou…bien ajuster sa vie pour s’aligner sur la volonté de Dieu…parce que quand on est bien branchés sur Dieu…le reste tombe à sa place…on est miséricordieux parce que Dieu nous fait miséricorde et on devient des artisans de paix parce que Dieu est notre paix.

Et cette relation intime avec Dieu est pour nous tous et toutes gratuitement offerte en Jésus qui nous invite et à avancer à sa suite. Frères et sœurs…en marche ! Vers une Église réformée toujours en réforme…pour la gloire de Dieu et la transformation du monde ! Amen.

Pasteure Darla Sloan

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