Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance.

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Fin janvier, les vignes sont en dormance dans les vallées de Suisse. Au Québec, glace et froidure revêtent en silence les forêts, les campagnes et les villes, semblant même accentuer ce confinement de pandémie qui s’étire comme s’il n’aura jamais de fin…

Fragiles sarments sommes-nous, petites branches qui se sentent pourtant si importantes. Ce je que je conçois comme étant moi, mon identité personnelle tissée par la génétique, l’hérédité psychique autant que biologique auxquelles se greffent les expériences de la petite enfance, les traumatismes vécus et leurs traces permanentes, toutes ces strates accumulées composent ce que je suis ou du moins ce que j’ai le sentiment d’être. À cela s’ajoute tout l’apport des influences de ma famille et de mon milieu social d’origine, de l’éducation tant scolaire, que civique et religieuse, de la langue, de la culture ambiante et bien-sûr de l’époque où j’évolue, toutes choses qui, sans l’avoir voulu ni choisi, encastrent mon je dans un collectif auquel je m’identifie : nous. C’est à partir de ce sens de l’individualité (un sarment), joint à la reconnaissance d’appartenir à un groupe spécifique (d’autres sarments), que se bâtit une vision du monde, du sens ou du non-sens de la vie, de ce qui est bien ou mal, de ce qui est acceptable ou non, de ce qui est désirable ou à proscrire.

Bien qu’une telle identification au niveau personnel et collectif soit un passage obligé dans le développement d’une conscience individuelle et du vivre en société, elle est partielle. Une branche, même associée à mille autres branches, ne possède pas en elle-même sa finalité : elle doit être rattachée à un tronc qui seul peut lui fournir la sève requise à sa vitalité. …le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit.[1]

Les paroles de Jésus dans l’évangile de Jean nous proposent de considérer notre identité personnelle et collective dans une toute autre perspective : du point de vue de notre connexion avec Dieu de qui tout ce qui existe tire sa vitalité. Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron[2] […] vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance[3].

Par le biais de l’unité des chrétiens, les contemplatives de Grandchamp nous invitent à considérer la plénitude de l’œcuménisme[4], la portée cosmique des paroles évangéliques, d’un monde qui est notre maison commune, où habitent dans une même biosphère tous les vivants. Demeurez en moi comme je demeure en vous[5] ! Si quelqu’un ne demeure pas en moi […] il se dessèche[6]demeurez dans mon amour[7].

L’unité n’est pas à atteindre mais à réaliser : elle est déjà là, à reconnaître et à embrasser. Prenons conscience que nous sommes reliés depuis toujours, à chaque instant, à la Source sacrée du cosmos, au Père/Mère éternel, au vigneron, et agissons en conséquence. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous[8]si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour[9]ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres[10]. L’amour en actes, celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime[11] se doit de devenir le critère politique, économique et éthique de nos actions personnelles autant que collectives. Dieu n’en demande pas moins et il nous assure que si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous arrivera[12]. Je termine avec les mots d’un scientifique renommé du 20e siècle qui dans le contexte d’une lettre de condoléance affirmait à sa manière cette même unité, de tous les humains.

« L’être humain est un morceau limité dans l’espace et dans le temps de l’ensemble, ce que nous appelons « l’univers ». Il se sent détaché du reste, comme une illusion d’optique de sa conscience. La lutte pour la libération de cet esclavage est le seul objet de la vraie religion. Ce n’est pas en nourrissant l’illusion, mais en la surmontant, que l’on peut atteindre la paix intérieure. » Albert Einstein, Lettre de condoléance, février 1950

Photo : Courtoisie L. Gariépy, Savièse, janvier 2021

Site de la Communauté de Grandchamp

Ressources liturgiques pour la Semaine de l’unité chrétienne 2021 rédigées par les contemplatives de Grandchamp

 

LECTURE BIBLIQUE

Jean 15,1-17

 

[1] Jean 15, 4

[2] Jean 15, 1

[3] Jean 15, 5b

[4] Le mot « œcuménisme » est issu du participe grec « οἰκουμένη » (« oikouménê »), du verbe « οἰκέω » (« oikéô », ou « j’habite »), sous-entendant le mot « γῆ » (« gễ », ou « terre ») et signifiant « [terre] habitée ». Il traduit un caractère universel. [https://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%92cum%C3%A9nisme]

[5] Jean 15, 4a

[6] Jean 15, 6a.c

[7] Jean 15, 9b

[8] Jean 15, 7a

[9] Jean 15, 10a

[10] Jean 15, 17

[11] Jean 15, 13b

[12] Jean 15, 7

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *