Choisir la vie… choisir la confiance

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Choisis donc la vie… C’est l’évidence même, non? Entre la vie et le bonheur et la mort et le malheur… qui ne choisirait pas la vie ? Les commandements de Dieu… si faciles à dire… combien plus difficiles à vivre au jour le jour.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Dans le livre du Deutéronome, Dieu met devant Moïse et tout le peuple un choix qui paraît si simple : « Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi, et ta descendance ». En d’autres mots, l’impact de certains de nos choix se fera sentir pour des générations à venir. Pas difficile d’en trouver des exemples. Par le choix de nos mots, nous avons le pouvoir d’écraser un frère ou de relever une sœur. Ici, nous avons l’embarras du choix en termes de nourriture, de logements, de vêtements, de moyens de transport, de divertissements. Si nous en avons les moyens, nous pouvons choisir les endroits où sont placés nos investissements. Nous avons la liberté de choisir entre plusieurs candidats aux différentes élections. Certains de ces choix sont presque sans conséquence… mais d’autres ont le potentiel d’améliorer ou de détériorer notre qualité de vie ainsi que celle de milliers d’autres personnes et même de la planète. Avant de choisir, il vaudrait mieux réfléchir à deux fois, n’est-ce pas?

Comment s’assurer de faire les bons choix? La vie est tellement complexe. À trop y penser, on serait paralysés. Poussés à l’inaction de peur de faire le mauvais choix. Et même la Bible ne semble pas nous aider là-dedans, du moins, pas aux dires de Jésus ce matin. Pour accomplir la volonté de Dieu, pour choisir la vie, respecter les commandements, la loi de Dieu ne suffit pas. Non seulement Jésus exige que la loi soit respectée jusqu’au bout, il en rajoute. La loi interdit le meurtre, Jésus interdit la colère. La loi interdit l’adultère, Jésus interdit le moindre regard concupiscent. La loi interdit les faux serments. Jésus interdit tout serment. Jésus en rajoute tellement que nous devons nous rendre à l’évidence : nous sommes toutes et tous forcément coupables de quelque chose devant la loi. Et en passant, Jésus lui-même serait coupable selon une interprétation littéraliste de l’extrait l’Évangile de Matthieu de ce matin. Au verset 22 Jésus dit que celui qui traite un frère de « fou » sera passible de la géhenne de feu. Mais au chapitre 23, versets 17-19, Matthieu met le même mot grec dans la bouche de Jésus qui traite les scribes et les pharisiens de « fous » et d’aveugles. Toutes et tous sont coupables… même Jésus… quand nous abordons le texte biblique de manière littérale, au premier niveau. (Et vlan pour le fondamentalisme !) C’est une très bonne nouvelle, ça. … Car c’est là le début de notre délivrance personnelle et collective.

La première fois que j’ai entendu cet extrait de l’Évangile de Matthieu après être revenue à la foi, je venais de traverser un divorce. Sur le coup, je me sentais jugée, condamnée par Jésus et j’en ai été traumatisée. Ça m’a pris de longs échanges par courriel avec mon pasteur de l’époque pour que cet extrait biblique fasse sens pour moi. Aujourd’hui, je peux dire que ces échanges ont été libérateurs pour moi… m’aidant non seulement à assumer mes choix mais aussi à grandir dans ma foi, par la grâce de Dieu. Ultimement, je crois que c’est ce que Jésus essaie de nous faire faire ce matin… grandir dans la foi, dans notre confiance en Dieu. La confiance, ça ne nous arrive pas, tout fait… tout cuit dans le bec. La confiance, même la confiance en Dieu, se développe au fur et à mesure qu’une relation murit dans le temps et à travers des échanges.

Ce que Dieu veut développer avec nous, c’est une relation de confiance, empreinte d’authenticité et d’intégrité, une relation où notre ‘oui’ est ‘oui’ et notre ‘non’ est ‘non’.

Dieu veut que nous le choisissions librement à chaque jour. À leur meilleur, les 613 commandements de la Torah avaient pour but d’amener le peuple de Dieu à penser à Dieu, à choisir Dieu, dans chaque geste de la vie quotidienne… dans le choix de leurs vêtements, leur nourriture, de leurs divertissements. À l’époque de Jésus, la loi était devenue un code à suivre… un peu comme une recette… Pour « avoir du succès auprès de Dieu » il fallait simplement suivre la recette. Mais ce n’est pas une relation qui nourrit la confiance et qui permet de grandir, ça. Imaginez si on se disait que pour réussir sa vie de couple on avait juste à offrir tel ou tel cadeau à des moments précis dans l’année, donner un petit bec au matin, envoyer un petit texto sur l’heure du midi et un câlin avant de s’endormir. C’est déjà pas pire. C’est une bonne partance. Mais ce n’est pas suffisant pour nourrir et soutenir une relation à long terme. Une relation de confiance ne peut pas se construire par des recettes qu’on fait de manière machinale.

C’est peut-être ce que Matthieu essaie de faire comprendre à ses lecteurs et lectrices par le discours de Jésus ce matin. Jésus a le don de l’hyperbole. Il s’en sert pour secouer son auditoire, pour le réveiller afin qu’il réfléchisse, qu’il se positionne, qu’il choisisse : la vie et la bénédiction ou la mort et la malédiction, pour lui-même… pour les autres. Et ultimement, la seule manière de s’assurer de choisir la vie, c’est de choisir Dieu en tout et à chaque jour.

« Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le SEIGNEUR ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. » En t’attachant à lui… le mot en hébreu qui est traduit par le verbe « s’attacher à » en français est utilisé ailleurs dans la Bible pour parler du lien qui existe entre conjoints – dans le deuxième récit de la création, par exemple (Genèse 2, 24). Choisir la vie, c’est choisir une relation intime, une relation de confiance, avec notre Dieu.

Comme dans toute relation intime, il y aura des moments où nous ferons de mauvais choix, où nous nous rendrons compte que nous avons besoin de tirer les choses au clair, de demander pardon. Mais, comme nous l’avons chanté au début du culte, en choisissant avec Dieu la confiance, les verrous de la peur se brisent et on s’ouvre à tout ce que Dieu nous apporte : même nos mauvais choix peuvent devenir des chemins de vie. C’est cela la bonne nouvelle, n’est-ce pas ?

Ce matin, avec des propos qui nous secouent, qui nous bousculent dans nos certitudes, Jésus nous le rappelle : aux yeux de Dieu, nous sommes toutes et tous égaux : tous pécheurs, car tous ont enfreint sa loi, et toutes pardonnées, par sa grâce. Ne nous laissons pas paralysés par les choix devant lesquels nous sommes placés. Choisissons avec Dieu la confiance et avançons vers la vie toujours nouvelle et éternelle. Amen.

LECTURES BIBLIQUES

Deutéronome 30, 15-20

Romains 3, 19-24

Matthieu 5, 19-37

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