Accomplir toute la loi? Oui, et même davantage… mais c’est par pure grace!

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La Loi! C’est le mot qui est à l’ordre du jour dans tous les trois textes : Psaume 119, Deutéronome 30 et Matthieu 5.

Notre tout premier texte, celui qui nous a servi comme texte de louange et également comme rappel de la loi, était tiré du psaume 119. Pour être plus exact, nous avons lu les trente-deux premiers versets des cent-soixante-seize que renferme ce psaume tout à fait particulier, surtout dans sa confection soigneuse et méthodique! C’est le plus long de la Bible et il est composé de vingt-deux strophes de huit versets chacune. Pourquoi vingt-deux strophes? Parce qu’il y a vingt-deux lettres dans l’alphabet hébreu.

Chaque verset de chaque strophe commence par la même lettre hébraïque (c’est un psaume acrostiche) et chacun des huit versets de chaque strophe contient un mot qui fait référence à la loi ou à l’un de ses huit synonymes : commandement, décret, instruction, ordonnance, parole, promesse, statut, voie.

Un tel chef d’œuvre demande du savoir-faire et beaucoup d’amour-passion. Il est à croire que l’on peut trouver une joie contagieuse dans la loi, son observation et son observance. C’est le cas, semble-t-il. Le psalmiste est un enthousiaste de la Loi, de la Parole de Dieu, parce qu’il est d’abord tout feu tout flamme pour un Dieu qui l’a fidèlement accompagné, qui l’a protégé et lui inspire cette crainte positive qui nous tire de bien des tracas.

La loi est à l’ordre du jour dans le deuxième texte, celui de Deutéronome 30. Dieu nous y met devant un choix : la vie ou la mort, nous conjurant de choisir la vie afin de vivre et de jouir du bonheur. Juste avant ces versets, Dieu affirmait par la bouche de Moïse que cette loi prescrite n’était ni au-dessus de nos forces, ni hors d’atteinte. Elle n’est pas là-haut dans le ciel, là-bas au-delà des mers, mais en fait très proche de nous, dans notre bouche et notre cœur.

N’est-il pas à la fois surprenant et rassurant de savoir que Dieu nous commande quelque chose qui n’est pas au-dessus de nos forces et dont la pratique nous assure bonheur et prospérité? Dieu nous en laisse le choix tout en en mettant les conséquences  clairement devant nous : c’est la vie ou la mort.

Dans notre troisième récit tiré du sermon sur la montagne, Jésus, lui, continue son enseignement. Après avoir déclaré « bienheureux/joyeuses » ceux et celles qui l’écoutaient, puis leur avoir affirmé qu’ils/elles étaient « le sel de la terre » et « la lumière du monde », Jésus, aujourd’hui, branche sur la Loi. Son enseignement est frappant sous trois aspects.

  1. Il commence par affirmer sans ambages l’importance primordiale et vitale de la Loi et des Prophètes (la Thora); tout y était important, même le plus petit signe! Il affirme aussi très solennellement qu’il était venu non pas pour abolir.

Jésus semble renforcer la fondation sur laquelle repose toute la croyance et toute l’existence de ses auditeurs, allant jusqu’à rabrouer quiconque transgresserait son plus petit commandement et l’enseignerait. Il prend fait et cause pour le respect total de la Loi, jusque dans ses moindres détails. En fait-il un peu trop? Y aurait-il anguille sous roche?

Nous comprenons ses précautions oratoires car dans la suite de ses propos, il va drôlement secouer cette fondation! Il le fait doublement.

  1. Avec une audace difficilement imaginable, Jésus, pour commencer, ose substituer sa propre autorité à celle de plusieurs centaines d’années de pratiques et jurisprudence religieuses, ainsi qu’à celle du fondateur du judaïsme, Moïse lui-même (ne parle-t-on pas de la loi de Moïse) et même, audace suprême qui frise le sacrilège, Jésus ose substituer sa propre autorité à celle de Dieu! Pas moins! Car, pour dire la vérité, qui est l’ultime auteur des lois données à Moïse, qui, sinon Dieu?

L’on peut donc mesurer la portée des déclarations de Jésus lorsqu’il ose se positionner seul contre tout ce qu’il y avait de plus respecté, de plus vénérable et de plus sacré, lorsqu’il dit, répète, signe et persiste : « Vous avez appris qu’il avait été ditet moi, je vous dis».

Qui est donc ce juif qui, devant un auditoire juif, revoit et corrige l’enseignement de la Loi et des Prophètes de sa propre autorité?

Que va-t-il donc dire et va-t-il donc rendre plus aisée l’entrée dans ce qu’il appelle le Royaume des cieux à ces personnes qui ploient sous le fardeau de toutes sortes de charges et obligations que leur imposent leurs chefs religieux? Pas sûr du tout! En fait c’est tout le contraire!

  1. Il pousse les choses à l’extrême. Un point tellement extrême qu’il devient clair comme de l’eau de roche qu’aucun être humain, quels que soient ses mérites, ne peut l’approcher, ce Royaume qui pourtant leur aurait été déjà donné. C’est comme s’il leur claquait en plein visage la porte.

Que fait-il donc, lui qui est venu libérer et sauver? Veut-il envoyer tout le monde en droite ligne au feu éternel de la géhenne? Veut-il les écraser sous le poids de Dieu, eux qui déjà fléchissaient sous le fardeau des humains? C’est à y croire!

C’est à désespérer de tout!

Quoi? Se retrouver au tribunal parce que l’on s’est mis en colère? Etre condamné en enfer parce qu’on a traité quelqu’un d’un nom d’oiseau? Arracher son œil droit soi-même et le jeter au loin tout simplement à cause d’une pensée libidineuse? Ne plus prêter serment et devoir simplement se contenter de sa simple parole?

C’est à désespérer … ou alors à ne rien y comprendre!

Qui peut donc entrer dans le Royaume des cieux et échapper à la destruction? Personne. Absolument personne! A moins que l’on soit dans l’une des catégories annoncées dans les Béatitudes!

Vous savez, cette catégorie de personnes qui dépendent entièrement de Dieu, celles qui ne peuvent que se remettre à sa grâce et à sa compassion, exclusivement.

Voilà la bonne nouvelle pour vous et pour moi. Jésus nous libère du légalisme scrupuleux et de ses excès. Ce qui compte, c’est notre disposition d’esprit et de cœur.

C’est vraiment une expérience de libération et une joie sans bornes que de ne plus se perdre en calculs légalistes, sachant par avance que nous n’y arriverons pas : l’économie du Royaume des cieux n’est pas de l’ordre de la comptabilité des chiffres.

C’est une énergie de vie nouvelle qui peut changer la dynamique dans nos relations en offrant au monde, et donc les uns aux autres en commençant ici et maintenant, ce que Dieu dans sa grâce infinie nous a d’abord offert, que nous avons reçu en Jésus Christ, et que nous sommes invités à répandre à notre tour.

Voilà les lois du Royaume des cieux : vivre d’amour, d’estime réciproque, de solidarité, de compassion et de justice. C’est cela être le sel de la terre et la lumière du monde, ce que nous sommes déjà! Jésus ne l’a-t-il pas dit?

Seigneur, aide-nous à devenir ce que nous sommes déjà. Amen!

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