Voici ce qu’on va faire asteure…

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Jésus est mort. Dieu l’a ressuscité. Ses disciples en ont fait l’expérience. Puis, il est parti… monté au ciel. Qu’est-ce qu’on fait asteure ? Bonne question, hier comme aujourd’hui. Hier comme aujourd’hui, une bonne partie de la terre et de ses peuples sont exploités pour satisfaire les désirs et les caprices d’une petite élite. Hier, comme aujourd’hui, des tyrans répriment, souvent avec une violence outrancière, toute forme de soulèvement populaire. Hier comme aujourd’hui, c’est dans la crainte que des minorités tentent de garder leur culture et leur religion vivantes… ou qu’elles essaient de les vivent autrement… en les adaptant à un nouveau contexte. Hier comme aujourd’hui, des groupes plus ou moins organisés, tout comme des « loups solitaires », s’imaginent que Dieu est glorifié par des gestes haineux et par la mort. Devant de telles atrocités, comment éviter de succomber à l’épreuve (Jean 16,1) ? L’épreuve en grec, c’est un scandale, une pierre d’achoppement, ou un piège, quelque chose qui risque de nous faire trébucher, perdre pied… ou pire encore… perdre la foi… en chemin. Devant tant de souffrance dans le monde, comment ne pas tomber dans le doute ? Comment ne pas succomber au désespoir ? Comment persévérer quand tout semble perdu d’avance ?

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Frères et sœurs, Jésus est mort. Il est ressuscité. Il est retourné auprès du Père. Jésus ne nous a pas abandonnés. Il nous a envoyé l’Esprit, le Paraclet (littéralement, celui qui est envoyé à notre aide, qui plaide notre cause, qui est notre secours). L’Esprit est notre consolateur, notre défenseur dans la peur, le doute, la détresse, l’angoisse, le danger. Alors voici ce qu’on va faire asteure… on va prendre un grand respire (Inspire…).

Ça a été démontré scientifiquement : contrôler sa respiration réduit le stresse et l’anxiété. Aux écoliers à la maternelle tout comme aux étudiants en médecine, on apprend la méditation, des exercices de cohérence cardiaques, tout dans le bout de permettre au monde de ralentir et mieux respirer. Dans nos société dites « modernes » où tout le monde court partout, où tout le monde est à bout de souffle, est-il vraiment surprenant que des gens de toutes les classes sociales se sentent pris à la gorge ? Et ce n’est pas uniquement la race humaine mais bien la création toute entière qui gémit intérieurement en attendant la délivrance (Romains 8, 22-23). Pensez-y, c’est cette course folle dans laquelle nous sommes pris qui nous a amenés à créer une société « prête-à-porter… ou peut-être davantage prête à jeter »… dont les rebus étouffent toute la terre. En outre, de plus en plus de gens disent souffrir d’angoisse existentielle, d’anxiété et dépression. Selon un sondage publié la semaine dernière, deux québécois sur trois disent avoir connu un problème de santé mentale au cours de leur vie. Parmi les problèmes les plus fréquents, on retrouve l’anxiété et la dépression. Bien que ce fléau touche des gens de tous âges (les 2 900 répondants avaient entre 20 et 80 ans), ce sont les jeunes entre 20 et 34 ans qui sont les plus nombreux à dire en avoir déjà souffert (63%). Je sais que la situation est complexe et que les causes et les explications de ce phénomène sont multiples mais force m’est de constater que cette génération est aussi celle qui connaît peu les ressources de leurs traditions religieuses (Dans un autre sondage récent, mené auprès de presque mille étudiants de trois cégeps différents, 45 % des répondants se considèrent « non-religieux » alors que seulement 8 % se disent pratiquants). Mon expérience m’amène à me demander s’il n’y a pas une corrélation entre les deux phénomènes (pas une relation de cause à effet mais une corrélation quand-même)

Je ne veux en aucune manière être simpliste. On ne répètera pas assez combien il est important de déstigmatiser les problèmes de santé mentale afin que les gens se sentent libres de parler de ce qu’ils vivent et de chercher l’aide dont ils ont besoin. Et je ne veux pas minimiser l’apport de la science et des professionnels en santé mentale. Mais je veux témoigner de mon expérience. J’ai toujours été croyante mais je n’ai pas toujours été pratiquante. L’anxiété et la dépression, sans avoir les mots pour les nommer, je les connais depuis la première année du primaire. Mais je n’ai pas toujours su où ni comment demander de l’aide. Dans mon cas, entre autres choses, le fait de revenir à une pratique religieuse régulière et d’entamer une démarche spirituelle accompagnée s’est avéré salutaire. L’Esprit est mon consolateur, mon défenseur quand l’angoisse, l’anxiété, la peur et le désespoir se dressent devant moi, quand je risque de perdre pied, quand j’ai peur de tomber et de ne plus être capable de me relever… au sens propre comme au sens figuré. Par la grâce de Dieu, il m’arrive de ressentir en moi cette joie promise par Jésus à tous ceux et celles qui lui appartiennent (Jean 17,3). Elle est loin d’être pleine et complète, mais elle est là, cette joie.

La joie ne jaillit pas uniquement quand la vie est sans soucis. Même dans l’épreuve, elle peut être ressentie comme un goût d’espérance. Elle est l’élan de vie qui nous fait espérer ce que l’on ne voit pas… espérer qu’un autre monde est possible… même quand tout semble indiquer le contraire. La joie nous donne la force et le courage de persévérer. Dans sa prédication la semaine dernière Denis disait : « Cette joie ineffable est ce qui caractérise l’expérience spirituelle et elle semble n’atteindre sa plénitude que lorsqu’elle est partagée. C’est le fondement du témoignage, de la mission, un élan de joie à partager, gratuitement, généreusement : elle n’est jamais plus contagieuse et convaincante que lorsque qu’elle imprègne une vie dans des actes simples et désintéressés. » La joie jaillit des paroles et des gestes insufflés par l’Esprit qui, par la grâce de Dieu, travaille en nous et parmi nous pour réconcilier et renouveler la création toute entière. 

Jésus n’est plus physiquement présent parmi nous mais par l’Esprit qu’il nous a envoyé. C’est par l’Esprit qu’il nous rejoint au plus profond de nous, nous transforme de l’intérieur, nous rend plus forts et plus audacieux dans notre témoignage. Frères et sœurs, voici ce qu’on va faire asteure : prenons un grand respire… et, par l’Esprit qui souffle en nous, témoignons de cette joie qui est nôtre. Témoignons et prions. N’oublions jamais que c’est par la prière que Dieu change les cœurs. Au cours de l’histoire, par la prière, des empereurs se sont convertis, des extrémistes qui respiraient la haine et semaient la terreur ont fini par répandre une bonne nouvelle pour tous les peuples. Prions… même si nous nous disons que nous ne savons pas prier comme il faut. Témoignons et prions en paroles et aussi par nos actes car l’Esprit vient en aide à notre faiblesse.

Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? […] Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Autorités, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur (Romains 8, 31-39).

Forts de cette Parole, soyons dans la joie. Soyons complètement ivres de joie. Amen.

Le 20 mai 2018 – Pentecôte B18 – Église unie St-Pierre & Pinguet

LECTURES BIBLIQUES

Romains 8, 22-39

Jean 15, 26 – 16, 7

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