Pour que nous proclamions nous aussi l’Évangile

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Peu de temps après avoir appelé ses premiers disciples, Jésus entend dire que la belle-mère de Simon est alitée. On ne sait pas ce qu’elle a mais on sait qu’elle fait de la fièvre. Je comprends donc ! Imaginez que votre gendre arrive à la maison et annonce qu’il quitte sa job steady et laisse sa femme derrière pour suivre un prédicateur itinérant ! Qui n’en aurait pas des sueurs froides… peut-être même jusqu’à en être tourmentés… comme par un démon.

Dans l’univers biblique, le sens premier du mot traduit par « démon » désigne un pouvoir divin, une déité (dieu avec un d minuscule) ; un esprit, un être inférieur à Dieu mais supérieur aux humains.  Les démons, d’une certaine manière, participent à la dimension sacrée de l’univers. Marc nous dit que les démons connaissent Jésus. Ils ont accès à des éléments de vérité en nous et dans le monde. C’est pour cela qu’ils arrivent à s’emparer de nous, à nous troubler profondément. Mais leurs messages sont, en fait, des demi-vérités, des vérités travesties, des messages faussés, des faits alternatifs, si vous voulez. C’est comme les bruits parasites qui perturbent la réception des ondes de la radio traditionnelle ou encore la neige qui embrouillait l’image de nos anciens téléviseurs. Nos démons sont des parasites, des pensées, des réflexions, des rêves et des pressentiments qui troublent notre captation de la voix de Dieu en Christ.

Tout le monde a des démons, n’est-ce pas ? Ils nous envoient ces messages de malheur qui nous tourmentent et nous tiennent captifs. Ils font tellement de bruit qu’il devient parfois difficile d’entendre la douce voix de Jésus nous parler d’amour et nous offrir sa bénédiction.

Bénédiction, la racine de ce mot signifie dire du bien. Quand Dieu nous parle, c’est pour nous dire du bien. Sa parole est une parole créatrice, qui nous relève, nous met debout et en marche vers la vie pour laquelle nous avons été créés.  Nos démons, eux, embrouillent nos esprits, parfois jusqu’à nous faire croire que tout est foutu d’avance, qu’il n’y a pas raison d’espérer, que la vie n’a pas de sens… ou même… qu’elle ne vaut pas la peine.

Était-ce un démon qui causait la fièvre de la belle-mère de Simon ? Nous ne le saurons jamais. Peu importe ! Jésus n’hésite pas une seconde à s’approcher d’elle… comme il n’hésite jamais de s’approcher de nous quand on le lui demande. Aussitôt qu’on lui parle de la belle-mère de Pierre, Jésus pénètre dans sa chambre, dans son intimité. Il n’a même pas besoin de prononcer un mot. Il la prend simplement par la main. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir du toucher. Jésus prend la belle-mère de Simon par la main et la fait lever.

Dans le texte, le verbe pour se lever en grec est un verbe de résurrection… ici il n’est pas question de réanimation mais bien de résurrection. Une fois que Jésus te prend par la main pour te relever, impossible de reprendre ta vie d’avant comme si de rien n’était. Jésus prend la belle-mère de Simon par la main, la fait lever, la fièvre la quitte et elle se met à les servir.

Ici, le verbe pour servir donne, entre autres, diacre en français. Jésus la touche et la belle-mère de Simon découvre sa propre vocation. Elle se rend utile pour les gens que Dieu place autour d’elle. Avec les dons et les talents qui sont les siens, elle devient la première diaconesse de la communauté rassemblée autour de Jésus. Celle qui avait été clouée au lit, se lève et se met à servir tout le monde dans la maison. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre.

Mais avez-vous remarqué ? Marc nous dit : « Le soir venu, après le coucher du soleil, on se mit à lui amener tous les malades et les démoniaques. » Jésus guérit nombreux malades et chasse de nombreux démons… pas tous… mais un bon nombre. Pourquoi ? Peut-être parce que Jésus savait très bien qu’il n’avait pas à tout faire tout seul. Il pouvait en guérir quelques-uns et laisser d’autres poursuivre le travail. Mais peut-être est-ce parce que sa vocation n’était pas celle d’être le médecin compatissant d’une petite ville en Galilée. Il nous le dit ce matin : sa mission est de proclamer l’Évangile. C’est quoi, l’Évangile ? Jésus le résume ainsi au tout début de son ministère public: « Le règne de Dieu s’est approché » (Marc 1, 15). Ce n’est qu’au terme de l’Évangile de Marc qu’on pourra comprendre ce que cela signifie. Mais déjà on voit que le règne de Dieu est autre chose qu’un monde où tous les malades et les gens aux prises avec des démons reçoivent des guérisons instantanées miraculeuses.

« Jésus est au milieu de nous » avons-nous chanté au début du culte… mais je ne suis pas d’accord avec ce que tout ce que l’auteur a écrit. À mon avis, Jésus n’est pas venu pour nous guérir tous. Il est au milieu de nous pour nous bénir tous et pour nous sauver tous. Il y a une différence entre la guérison et le salut, me semble-t-il. D’abord, la guérison est toujours temporaire. La belle-mère de Simon a été guérie. Elle a retrouvé la santé… pour un certain temps. Tout corps humain finit par lâcher à un moment donné.

Toutefois, Jésus n’a pas seulement guéri la belle-mère de Simon. Il l’a sauvée. Être sauvé ne signifie pas uniquement être délivré de nos souffrances physiques, psychologiques… et même spirituelles. Être sauvé signifie avoir la vie en abondance… vivre en communion avec Dieu et avec les autres. Le salut est éternel.

Voilà ce qu’est le règne de Dieu, me semble-t-il : l’à-venir de Dieu, la vie telle qu’elle sera quand Dieu aura sa juste place au milieu de nous, quand toutes et tous, nous aimerons Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute ta pensée et notre prochain comme nous-mêmes (Matthieu 22, 37-38), et ce pour toute éternité.

Nonobstant ce que nos démons essaient de nous faire croire, le règne de Dieu est proche… aussi proche que Jésus qui se fait proche de nous, qui nous touche dans notre intimité et nous relève, nous met debout et en marche vers l’à-venir qui nous attend, par la grâce de Dieu. Nos démons ne peuvent rien contre Jésus.

Si Jésus n’a pas guéri tous les malades et chassé tous les démons, c’est peut-être aussi parce que Jésus sait pertinemment que ce n’est pas uniquement les gens qui sont en parfaite santé ou qui sont parfaitement sain d’esprit qui peuvent être utiles, qui peuvent proclamer l’Évangile, cette bonne nouvelle dont notre monde, tourmenté de toutes sortes de démons, a tant besoin. Il n’est tout simplement pas vrai que la vie n’a de sens que lorsqu’on est en pleine forme, lorsqu’on est en pleine possession de nos moyens et de de nos facultés. Même sans guérison… on peut avoir la vie en abondance. Parfois, nous pouvons proclamer l’Évangile sans dire un mot. Par l’Esprit du Christ qui habite en nous, nous portons en nous, en toute circonstance, une lumière et une paix intérieure parlante, perceptible, palpable, qui témoignent de la Vie abondante à laquelle Jésus nous donne accès. Et par la grâce de Dieu, notre témoignage peut être source de guérison et d’espérance pour notre monde.

C’est aussi pour cela que Jésus est sorti… pour que nous proclamions, nous aussi, l’Évangile. Qu’il en soit ainsi aujourd’hui et pour toujours. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

1 Corinthiens 9, 19-23

Marc 1, 29-39

Image : Bernadette Lopez https://www.evangile-et-peinture.org/ www.bernalopez.org 

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