Passé, présent et futur d’une communauté chrétienne

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Gérald - plus petitLa vie d’une communauté chrétienne, telle que celle-ci, est comme un verbe qu’on est invité à conjuguer au passé, au présent et au futur. Le passé, le présent et le futur d’une communauté chrétienne sont dans le temps, souvent à contretemps et au bout du compte, hors du temps.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.


Le passé dans le temps et hors du temps est évoqué dans ce passage du livre de l’Apocalypse que nous venons de lire. « Oui, dit l’Esprit, qu’ils se reposent de leurs labeurs, car leurs œuvres les suivent. » (Ap 14, 13). Et encore, dans ce passage de notre Évangile pour aujourd’hui : « Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucune peine, dit Jésus; d’autres ont peiné et vous avez pénétré dans ce qui leur a coûté tant de peine. » (Jn 4, 38). L’historique qui figure sur notre site internet nomme par leur nom ceux et celles qui, à compter de la fin du 19
e siècle, ont préparé la fondation de cette paroisse de Pinguet, ont inauguré ce lieu de culte le 27 août 1905, et surtout l’ont fait vivre en l’animant de leur ferveur croyante.

« …qu’ils se reposent de leurs labeurs, car leurs œuvres les suivent. » (Ap 14, 13). On peut, bien sûr, comprendre cette phrase comme signifiant que leurs œuvres les accompagnent hors du temps, dans leur rencontre avec l’Éternel. Leurs œuvres ne leur ont pas donné le salut –le salut nous est donné par grâce-, mais leurs œuvres ont témoigné de leur réponse à la grâce qui leur fut donnée de placer l’Évangile de Jésus Christ au-dessus de toutes autres considérations, religieuses ou sociales, sur le sens de leur vie terrestre. Et à ce titre, « leurs œuvres » les accompagnent dans leur vie au-delà de la mort. C’est de ce point de vue que nous les évoquons aujourd’hui, nous qui, au fur et à mesure des décès, les avons laissés entre les mains de Dieu.

« ….leurs œuvres les suivent. » (Ap 14, 13). Nous pouvons aussi comprendre ces quatre mots tirés du livre de l’Apocalypse pour le temps présent, celui dans lequel nous sommes. Les « œuvres » de ceux et celles qui nous ont précédés dans cette église les suivent, dans le sens où nous les recevons en héritage, nous qui sommes réunis aujourd’hui en ce même lieu pour fêter le 110e anniversaire de son inauguration. Ce qui est pour nous leur passé fut pour eux un présent tourné vers un avenir qui est notre présent. Dans ce présent, c’est l’autre verset de notre texte de l’Apocalypse qui vient nous interpeller. « C’est l’heure de la persévérance des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus. » (Ap 14, 12). On peut comprendre que l’heure dont il est ici question, c’est la durée d’une vie, le temps d’une génération. Quant aux saints, il ne s’agit pas ici de ceux et celles qui sont institués comme tels par la canonisation d’une institution religieuse, mais bien plutôt de tous ceux et celles qui s’engagent dans la vie d’une communauté chrétienne. Et ici, cet après-midi, nous sommes des saintes et des saints en ce sens, donc sans auréole et simplement nous-mêmes, avec nos qualités et nos défauts.

Parmi nous aujourd’hui, il se trouve des personnes qui se sont particulièrement illustrées ici comme saintes et saints, au sens que je viens de dire. Elles sont de la troisième génération des fidèles de Pinguet. Pour elles, le titre de fidèles n’est pas un vain mot. Depuis leur enfance, avec d’autres de leur génération aujourd’hui décédées et dont nous portons avec elles le souvenir dans notre coeur, ces personnes ont vécu «l’heure de la persévérance des saints » dont parle l’Apocalypse. Elles ont participé activement au noyau stable qui a permis à cette paroisse de durer. Parmi nous aujourd’hui, je veux nommer Emma Boucher Daigle, notre doyenne, Maurice Daigle, notre organiste et Annette Daigle, notre responsable du service de communion et de la pause-café de nos fins de culte. Nous n’oublions pas non plus Cécile Daigle qui pense à nous, depuis le Manoir des Nobles Gens de L’Islet-sur-mer où elle réside maintenant. Emma, Maurice, Annette et Cécile sont de la descendance des familles pionnières qui, à une époque où c’était mal vu, ont eu le courage d’affirmer ici une manière différente de comprendre et d’exprimer la foi chrétienne. Même si le travail et les circonstances de la vie ont éloigné pour un temps Emma, Maurice, Annette et Cécile de leur paroisse natale, elle les a vus un jour revenir et s’engager activement à soutenir sa continuité. Dans la génération qui les suit immédiatement, nous devons aussi une fière chandelle à Daniel Daigle qui prend un soin minutieux du bâtiment, du terrain et du cimetière. Le don qu’il nous a fait d’une portion de son terrain nous a permis de régler au mieux un problème soulevé par la réforme du cadastre. Cet anniversaire est une occasion par excellence de témoigner notre reconnaissance à ces piliers de la paroisse.

Le présent de la « persévérance des saints », c’est aussi la relève, encore trop peu nombreuse mais bien réelle, qui s’est présentée à nous au cours des dernières années. Nous saluons particulièrement nos jeunes familles de St-Pascal et de St-Damase. Le présent de la « persévérance des saints », ce sont aussi, parmi nos frères et sœurs de l’Église Unie Saint-Pierre, ceux et celles qui ont découvert que, finalement, Pinguet n’est pas si loin qu’on pourrait penser de Québec, même en hiver, et qui ont adopté cette église comme lieu de culte, au même titre que celle de Québec. Le présent de la « persévérance des saints », ce sont, enfin, ceux et celles qui se sont fait inculquer une mauvaise opinion de la paroisse protestante de Pinguet dans leur jeunesse et qui, au fil des années, ont fini par franchir la barrière des préjugés et sont venus découvrir par eux-mêmes ce qu’il en est. En général, ils ont été heureusement surpris de ne rencontrer ici que des chrétiennes et des chrétiens sérieusement engagés dans l’expression simple et sincère de leur foi en Jésus Christ.

C’est avec toutes ces personnes qui représentent le  présent de la « persévérance des saints », avec vous ici présents, que nous regardons vers l’avenir. Notre texte-clé pour conjuguer au futur la vie de cette paroisse de Pinguet est cette parole de Jésus que nous venons de lire dans l’évangile de Jean : « ‘Encore quatre mois et viendra la moisson?’ Mais moi je vous dis : levez les yeux et regardez; déjà les champs sont blancs pour la moisson! » (Jn 4, 35). D’un point de vue agronomique, au moment où Jésus parlait, il restait encore quatre mois avant le temps de la moisson. Pourtant, contre toute évidence, Jésus affirme que les champs sont blancs, c’est-à-dire prêts pour la moisson. C’est comme si on regardait les champs en train de verdir au début de l’été et qu’on disait : mesdames et messieurs, c’est le temps de la moisson! Bien sûr, Jésus parle au sens figuré, au sens spirituel. Les disciples voyaient bien que l’enseignement de Jésus ne prenait pas dans la population comme ils auraient voulu. Pourtant, Jésus leur dit que contre toute apparence, c’est le temps de faire des disciples.

À contre-courant de la perte du sens de la pratique religieuse qui caractérise l’époque que nous traversons, Jésus nous invite à considérer que notre temps est celui d’une mission spirituelle. Des gens en recherche ont besoin de croiser sur leur chemin des communautés chrétiennes accueillantes qui les prennent comme ils sont et où ils vont trouver une Parole pour exprimer leur sentiment du sacré et le transmettre à leurs enfants. Comme toute aspiration humaine, la spiritualité a besoin, pour vivre, de prendre forme et s’exprimer dans une pratique. Contre toute apparence, croyons avec Jésus que ce temps est celui de la moisson, parce que la moisson dont parle Jésus n’est régie ni par les cycles habituels des saisons, ni par les modes de la société dans laquelle nous vivons. Cette communauté chrétienne de Pinguet partage la vocation de toute communauté chrétienne. Elle est comme un verbe qui se conjugue au passé, au présent et au futur. Au passé, « …leurs œuvres les suivent. » (Ap 14, 13). Au présent, « c’est l’heure de la persévérance des saints… » (Ap 14, 12). Au futur, « les champs sont blancs pour la moisson. » (Jn 4, 35).

Amen.

Par Gérald Doré, pasteur desservant

Église Unie Pinguet

Culte avec communion du dimanche 20 septembre 2015

110e anniversaire de l’inauguration de l’église

 

Lectures bibliques (TOB)

Esdras 3, 10-13

Apocalypse 14, 12-13

Jean 4, 34-38

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