Pas que des salamecs…

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Les Ecritures que le lectionnaire nous offre aujourd’hui présentent un contraste frappant entre deux groupes de personnes qui se réunissent.

 Le premier récit (Actes 2) se situe après la Pentecôte et nous montre une communauté idyllique; l’on pourrait même presque penser utopique! Dans un esprit d’unité, unanimement, on partage tout selon les besoins de tout un chacun. Des prodiges et des miracles s’accomplissent et devant ce témoignage, la communauté s’agrandit exponentiellement.

Dans le deuxième récit (Jean 20), c’est le soir du jour de la résurrection de Jésus et Jean nous décrit un groupe timoré, peureux et apeuré.

Par crainte des autorités juives (ce n’est pas moi qui le dis car je n’y étais pas) les portes de la maison sont verrouillées,MAIS Jésus parait; il apparaît. C’est moi qui ajoute le « mais » avec votre permission, car c’est quand même difficile, avouons-le, à avaler que quelqu’un puisse apparaître soudainement, disparaître et passer à travers les murs, à moins qu’il ne s’agisse d’un fantôme. Un fantôme? Un zombie? Il ne se peut point, car la dernière fois que j’avais regardé un fantôme de près, il n’avait aucune marque tangible de matérialité telle que des marques de clous et des trous sur le côté (et figurez-vous bien, des trous dans lesquels on peut enfoncer les doigts!). Ce « MAIS » s’impose à nos esprits rationnels, mais peut-être, sommes-nous au-delà du « rationnel ».

Venons-en alors aux tout premiers mots du Seigneur ressuscité à ses disciples : « La paix soit avec vous! » Salaam’ Aleikoum! Trois fois en l’espace de quelques versets Jésus leur dit : « Salaam’aleikoum ». C’est à croire que Jésus était sénégalais!

Non sérieusement! Ne riez pas trop fort, je ne blague pas. Salaam’aleikoum est la salutation rituelle au Sénégal (et certains pays arabophones ou alors dans lesquels il y a une forte majorité de musulmans). C’est tellement ancré dans nos mœurs, tellement banal!

Salaam’aleikoum … M’aleikoum salaam!

Mais attendez! Derrière la banalité ritualisée des salamalecs (comme on le trouve dans les dictionnaires) se cache un riche trésor. Shalom. La paix véritable, celle qui est beaucoup plus qu’une absence de guerre ou même un tranquillité, shalom, est le don des dons.

C’est le don messianique par excellence.

C’est tellement précieux que c’est la première chose que le Seigneur ressuscité offre spontanément.

C’est la condition sine qua non à toute possibilité de vie en abondance. Cette denrée vitale de s’achète pas. Elle se donne gracieusement et se reçoit humblement.

Elle se partage car elle ne peut pas se vivre en isolation; aucun individu, aucune société ne peut véritablement vivre en paix et vivre cette paix-là, shalom, salaam, au milieu de la misère et de la souffrance des autres.

Salaam’aleikoum – m’aleikoum salaam, cet échange nous relie les uns aux autres dans des liens de réciprocité et de mutualité qui, pour advenir et perdurer, demandent nécessairement que nous y mettions vraiment du nôtre. Pour cela l’islam préconise non seulement de recevoir et de renvoyer à l’autre le salaam, mais encore de le lui renvoyer avec intérêt, en y ajoutant une sorte de bonus.

C’est ainsi que si vous ne vous pressez pas indument et prêtez attention vous entendrez certaines personnes répondre à votre « salaam’aleikoum » quelque chose du genre : M’aleikoum salaam wa rahmatoullahi wa barakatouh , autrement dit : A toi la paix et la miséricorde et la bénédiction de Dieu.

D’une certaine façon, seule une surenchère de ce genre, une surenchère dans la pratique de l’amour pour l’autre, peut expliquer ce que nous trouvons dans les relations entre les membres des toutes premières communautés chrétiennes. Leurs relations s’articulent autour de quatre principes qu’il nous serait vraiment profitable de nous rappeler : l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle/sororale, la fraction du pain et la prière.

Voilà les quatre roues du véhicule qui, gonflées à bloc et sous la conduite du Saint-Esprit, encore aujourd’hui (peut-être aujourd’hui plus que jamais), portent et transportent les communautés de foi fidèles et témoignantes.

Il y a eu, bien sûr des crevaisons, ici et là! Que croyez-vous donc? Certaines portions de la route demandent à être entretenues tout le temps! Certaines sont jalonnées de « trous de poules » comme les appelait récemment le maire tonitruant d’une certaine capitale nationale.

Ces nids de poule requièrent un entretien quotidien, une vigilance de tous les jours de notre part. Est-ce pour cela que la vieille sagesse juive nous recommande chaque matin que Dieu nous offre de planter shalom, de l’arroser fréquemment et de l’émonder lorsque cela devient nécessaire?

C’est à chacune et à chacun de nous de le faire, car vous savez quoi, cette paix qui nous est tellement vitale dépend pour une large part de toutes nos propres petites décisions. Rien n’est trop petit ou trop dérisoire. Elle est le résultat, le fruit d’une pratique assidue, mutuelle et collective.

M’aleikoum salaam wa rahmatoullahi wa barakatouh!

Que ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre, écoutent. Amen!

 

Samuel Vauvert Dansokho

Eglise unie Saint-Pierre, Québec, le 27 avril 2014

ECRITURES DU JOUR

 

Psaume 118.15-29

 15Des cris de joie et de délivrance remplissent les tentes des fidèles :

« La main droite du Seigneur est victorieuse, 16la main droite du Seigneur est haut levée,

la main droite du Seigneur est victorieuse. »

17Je ne vais donc pas mourir, mais je vivrai, pour raconter ce que le Seigneur a fait.

18Il est vrai que le Seigneur m’a corrigé, mais il ne m’a pas laissé mourir.

19Ouvrez-moi les portes réservées aux fidèles, que j’entre pour louer le Seigneur !

20— Voici la porte qui mène auprès du Seigneur : que les fidèles entrent par là !

21Je te louerai, Seigneur, car tu m’as répondu, tu es venu à mon aide.

22La pierre dont les maçons ne voulaient pas est maintenant la principale, la pierre de l’angle. 23Cela vient du Seigneur ; pour nous, c’est une merveille.

24Ce jour de fête est l’œuvre du Seigneur ; crions notre joie, soyons dans l’allégresse.

 25« Ah, Seigneur, viens à notre aide ! Ah, Seigneur, donne-nous la victoire ! »

 26— Que Dieu bénisse celui qui entre ici au nom du Seigneur ! De l’intérieur de son temple, nous vous transmettons sa bénédiction.

27— Le Seigneur est le seul Dieu. Il nous a éclairés de sa lumière ! — Formez le cercle de la ronde jusqu’aux angles de l’autel. 28Seigneur, tu es mon Dieu, je veux te louer, mon Dieu, je veux proclamer ta grandeur :

 29Louez le Seigneur, car il est bon et son amour n’a pas de fin.

 

 

Actes 2 : 42-47

42Les disciples étaient assidu/es à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières 43La crainte gagnait tout le monde : beaucoup de prodiges et de signes s’accomplissaient par les apôtres. 44Tous ceux et toutes celles qui étaient devenus croyants étaient uni/es et mettaient tout en commun, 45Vendant leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tout le monde, selon les besoins de chaque individu. 46Unanimes, les membres se rendaient chaque jour assidûment au temple ; rompant le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur. 47Ces personnes louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier.

 Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux et celles qui trouvaient le salut.

 

Jean 20 : 19-31

19Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint en leur milieu et il leur dit : « La paix soit avec vous. »

20Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. 21Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » 22Ayant ainsi parlé, il leur souffla dessus et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; 23ceux et celles à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux et celles à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

24Cependant Thomas, l’un des Douze, celui qu’on appelle Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25Les autres disciples lui dirent donc : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur répondit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous et si je n’enfonce pas ma main dans son côté, je ne croirai pas ! » 26Or huit jours plus tard, les disciples étaient à nouveau réuni/es dans la maison, et Thomas était en leur compagnie.

Jésus vint, toutes portes verrouillées, il se tint en leur milieu et leur dit : « La paix soit avec vous. »

27Ensuite il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens une personne de foi. » 28Thomas lui répondit : « Mon Seigneur et mon Dieu. » 29Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureuses celles qui, bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. » 30Jésus a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas rapportés dans ce livre. 31Ceux-ci l’ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom.

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