Ne vous inquiétez pas! Rendez grâce à Dieu en toute circonstance!

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

“Ne vous inquiétez pas! Rendez grâce à Dieu en toute circonstance!” Il y en a peut-être qui trouvent ces exhortations difficiles à entendre aujourd’hui… comme le pasteur qui avait été invité à offrir du feedback la première fois que j’ai prêché sur ces versets bibliques dans le cadre d’un cours ma dernière année au Séminaire Uni. Il m’est vraiment ‘rentré dedans’, comme on dit.  « Il y aura dans ta paroisse des gens malades, ou en attente d’un diagnostique, des gens surmenés, des personnes en perte d’autonomie, des personnes seules, des gens qui cherchent du travail et d’autres qui viennent d’en perdre le leur et j’en passe. Bref, partout où tu iras il y aura des gens très inquiets pour leur avenir ou pour l’avenir de leurs proches ! Parfois on n’a pas envie de rendre grâce… pantoute! Attention à la manière dont tu leur dis, ‘Ne vous inquiétez pas’ » J’ai compris par la suite que ce future collègue traversait lui-même une période très difficile. J’ai compris… et je n’ai jamais oublié. J’ai compris, entre autre, qu’il faut toujours essayer de mettre les choses dans leur contexte… alors commençons par les propos de Jésus.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Son « Ne vous inquiétez pas » sonne différemment si l’on considère que ces mots s’adressent non pas aux plus démunis, à des gens qui ont tout perdu, mais aux gens des classes plus aisées. Certes tout le monde vivaient sous l’occupation et l’oppression romaines mais la plupart des spécialistes disent que les premiers lecteurs de Matthieu étaient fort probablement ceux qui avaient plus que la majorité des gens. Ils avaient déjà des « réserves » . Rappelons-nous que ce passage se trouve au milieu du sermon sur la colline dans l’évangile de Matthieu, ce long discours où Jésus élabore son enseignement sur le Royaume de Dieu et sur la vie juste que Dieu demande. Dans les versets qui précèdent notre lecture de ce matin, Jésus formule plusieurs avertissements… des avertissements pour ceux qui prient, jeûnent ou donnent de l’argent aux pauvres de façon à se faire remarquer par « le monde ». En d’autres mots, des gens qui sont plus préoccupés de protéger leurs acquis, leur propre « standing » que du bien commun. Ici, Jésus ne s’adresse pas principalement à des gens qui vivent une situation de détresse ou de précarité mais plutôt à des gens qui, dans l’abondance, vivent dans la peur d’en manquer.

La peur c’est l’un des plus grands dangers qui nous guettent. C’est la peur qui est au cœur de la quasi-totalité de tous les conflits et les crises depuis la nuit des temps. La raison en est fort simple : quand nous avons peur, nous nous accrochons tellement à ce que nous avons que nos poings restent  fermés. Ainsi, nous ne pouvons pas ouvrir les mains pour recevoir autre chose… une autre vie, un autre type d’abondance, de fécondité ou de productivité. Comment combattre la peur qui nous guette toutes et tous à un moment donné ? Dans l’action de grâce qui ouvre nos cœurs et nos mains.

Il y a quelques semaines j’ai assisté aux Assises de la Spiritualité au Montmartre sous le thème: “Les racines et les ailes de la gratitude”. Les conférenciers invités étaient Johanne de Montigny et Yves Duteil[1]. Tous les deux ont témoigné de la place de la gratitude dans leur vie et particulièrement comment la gratitude et l’action de grâce leur ont permis d’affronter leurs peurs et de traverser les moments les plus douloureux de leur vie. Tous les deux insistaient pour dire qu’il est non seulement possible mais absolument essential de rendre grâce en toute circonstance… même quand la vie nous fait mal… car la gratitude et l’action de grâce nous ouvrent à la bonté, la bienveillance qui, elles, peuvent changer des cœurs et transformer le monde.

C’est ainsi que Paul, même emprisonné pour sa foi, peut écrire : « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre bonté soit reconnue par tous les hommes. Le Seigneur est proche ».

Oui le pire peut arriver… un conflit, une crise, un accident, un incident. On peut perdre notre emploi, notre autonomie, nos biens. La plupart d’entre nous ne seront jamais incarcérés, mais on peut finir hospitalisés, institutionnalisés, emprisonnés dans notre maison ou même notre corps. Ça arrive. Ça arrive à des gens comme nous. Je le dis souvent, notre foi n’est pas une police d’assurances qui nous garantit que le pire scénario imaginable ne se produira pas. La vie de Jésus l’illustre clairement. Oui, le pire peut arriver. Mais rendons grâce à Dieu parce que, Jésus est notre assurance que, même lorsque le pire scénario se produit, la fin surprend toujours. Il y a toujours un nouveau départ – individuellement et collectivement. Et je mets l’emphase sur le mot collectivement parce que, dans la vie de chacun et chacune de nous, il y a des moments où nous avons de la difficulté à rendre grâce. Des moments où notre douleur nous fait douter de tout… même de la présence du Seigneur. Et c’est précisément à ces moment-là où nous avons le plus besoin d’une communauté de foi, des gens qui prient ce que nous avons de la difficulté à prier nous-mêmes : « Rendez grâce au Seigneur car il est bon et sa fidélité est pour toujours » (Psaume 136, 1).

L’un des mes anciens profs appelle le livre des psaumes Le livre de cantiques du peuple en exile, en d’autres mots un livre de cantiques pour un peuple en pleine crise : crise d’identité et crise de foi… un peuple qui ne rend pas grâce pour sa situation actuelle… mais pour Dieu qui a fait des merveilles pour ses ancêtres et qui, justement parce que sa fidélité est pour toujours, ne laissera pas la crise durer éternellement. Quand nous avons de la difficulté à rendre grâce au présent. Rendons grâce pour ce que Dieu a fait au passé et ce qu’il fera à l’avenir… car sa fidélité est pour toujours. Et, par la grâce, la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos cœurs et nos pensées en Jésus Christ qui est mort et qui vit pour nous. Par la grâce de Dieu, ce sera suffisant pour combattre nos peurs et nous ouvrir à la bonté et la bienveillance. Par la grâce de Dieu ce sera suffisant pour nous amener à ouvrir nos mains dans le partage et le don. Par la grâce de Dieu ce sera suffisant pour qu’on reçoive, individuellement et collectivement, une vie autre que celle que nous connaissons actuellement.

Aujourd’hui, comme hier, Jésus et Paul disent aux gens qui ont en quelque part des réserves – d’argent, de biens, ou même de temps, d’énergie, de mots d’encouragement, de sourires : « Ne vous inquiétez pas. Partagez ce que vous avez en reçu en abondance. C’est cela  le Royaume et la justice de Dieu. Et c’est pour nous toutes et tous car sa fidélité est pour toujours. Ainsi soit-il. Amen.

Par Darla Sloan

15 octobre 2017 – 23 Pentcôte A17– Église Unie Saint-Pierre et Pinguet

[1] Pour entendre Yves Duteil sur la gratitude, pour un temps limité, vous pouvez vous rendre sur le site de Radio Galilée et écouter une entrevue inspirante avec cet auteur-compositeur-interprète (à la deuxième partie de l’émission Entre-nous du 3 octobre dernier. L’entretien débute à 30 minutes et la partie sur la gratitude à 40 minutes. Cliquez ici pour y accéder).

 

TEXTES BIBLIQUES

Philippiens 4, 4-9

Matthieu 6, 19-21; 24-34

 

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