Montgolfière au ciel

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Quelle histoire difficile, au moins pour moi!

Je suis très attirée par la vie de Jésus. J’adore les histoires qu’il raconte. J’adore la façon dont il rassemble toutes sortes de gens autour de lui. Je veux prendre un repas avec lui. Il est juste de dire que j’aime Jésus.

De plus, je suis inspirée par la façon dont les histoires de sa résurrection sont racontées, par la manière dont les disciples rencontrent Jésus de bien des manières et en de nombreux endroits au cours des 40 jours suivant sa crucifixion. Cela me semble vrai. J’ai moi-même vécu des expériences semblables, certainement avec mes proches décédés, et aussi avec Jésus lui-même.

Mais je trouve l’histoire de l’ascension très difficile. Cela ressemble à une sorte de tour de magie avec un trapèze caché.  Ce n’est pas du tout le même genre d’histoire que les rencontres de guérison.  Ce n’est pas une parabole. Ce n’est pas l’histoire de gens qui se rassemblent autour d’un puits ou qui partagent du poisson et des pains.

L’étude biblique en anglais (du Ministère régional des Laurentides) ce printemps est basée sur le livre Grounded écrit par Diana Butler Bass.  La semaine passée nous avons exploré l’image de l’Église comme l’ascenseur vers le ciel. L’auteur rejette la théologie selon laquelle le but d’être chrétien est d’arriver au ciel un jour.   Les participants ont rejeté cette théologie aussi.  Ils et elles sont beaucoup plus attirés par l’idée du Royaume de Dieu parmi nous.

Pour moi, cette histoire de l’ascension me fait penser à un ascenseur.  Jésus est monté au ciel en laissant les disciples réunis, le regard fixé vers le ciel.

C’est clair que l’histoire était importante pour Luc, car il finit son évangile avec cette histoire et recommence les Actes avec la même histoire.  Et pourquoi?

Quand j’ai de la misère à comprendre quelque chose, souvent, je cherche les images pour ouvrir mes pensées.

Les images ont du mal à le représenter. – En voici quelques-unes :

The Ascension,  Dosso Dossi

Chapelle Scrovegni,  Giotto di Bondone

Ascension, Maître du cycle dominicain

– Ascension of God, Shrine of Lac Sainte Ann, Alberta

Montgolfière de Jésus

Chaque tableau de cet événement me semble ridicule.

De plus, si vous croyez que la Terre tourne comme une balle de tennis en vol (ce dont l’évangéliste Luc n’aurait jamais rêvé !), alors une personne qui se lève comme une fusée pourrait se retrouver dans une partie très différente du cosmos.   Est-ce que Jésus a eu besoin de NASA pour préciser sa fenêtre de lancement? Toute la métaphore s’effondre si vous essayez de prendre l’ascension de Jésus comme une trajectoire vers la salle du trône de Dieu.

Je pense que les images ne m’ont pas tellement aidée!

De nombreux commentaires se concentrent sur la façon dont les disciples posent les mauvaises questions – encore une fois.  « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume d’Israël ? »  C’est si facile de critiquer les disciples. Un mois après des moments traumatisants et ayant vécu des expériences incroyables, qui les blâmerait de vouloir quelque chose qu’ils pourraient comprendre. Est-ce le moment où nous allons nous débarrasser de la domination romaine?  C’est presque impossible pour eux de croire que tout le ministère était pour convaincre le monde, pour prendre soin des pauvres et des orphelins, pour donner la vue aux aveugles et pour établir une table ouverte pour guérir le monde de ses maux.

Et puis un changement spectaculaire, aux yeux des disciples, Jésus est passé d’enseignant, de compagnon guide à objet d’adoration. Le pasteur Steve Fetterer dit que c’est dans ce récit que Jésus passe pour la première fois du statut d’ami et d’enseignant au statut de Seigneur.

Le pasteur Fetterer souligne aussi le changement de statut des disciples.  Ils et elles passent du statut d’étudiant à celui d’enseignant. C’est l’histoire quand ils commencent à comprendre que le futur du mouvement du Règne de Dieu reste dans leurs mains.   Ce n’est pas seulement que Jésus n’est plus mort.  Fetterer dit : « c’est l’histoire où leur attention passe du soulagement à la responsabilité, de la célébration de sa résurrection à l’articulation et à l’accomplissement du travail que Jésus avait l’habitude de faire. »

John Holbert écrit « qu’avec l’histoire de l’ascension, nous voyons que rien n’a changé précisément : les Romains sont toujours au pouvoir, Israël est toujours une petite région pathétique et lointaine de l’Empire romain, et Hérode est encore ‘roi des juifs’ ».

Avec cette histoire, tout change. Les disciples ne vont pas devenir de grands guerriers, admirés par tout le monde.  Holbart écrit plutôt : le pouvoir qui vient de Jésus c’est celui qui «… est venu pour libérer les captifs, pour prêter une attention particulière aux handicapés et à tous les marginalisés de la société, pour voir les endroits où prospère l’oppression et parler contre elle; bref, proclamer l’Évangile aux pauvres, un évangile qui comprend l’annonce de la bonne faveur de Dieu à tous et toutes. »

Et nous, alors que nous commençons à faire face à un monde nouveau, alors que nous avons un petit plus de liberté, qu’est-ce que le Saint-Esprit nous appellera à faire?

Certainement ce n’est pas de rester les regards fixés vers le ciel.   Les disciples sont retournés à la communauté, à la prière et aux célébrations. Et à partir de là, la communauté des disciples du Christ a commencé – à partir d’environ 120 personnes.

Nous avons maintenant l’occasion d’élever les principes de l’amour de la vie chrétienne : de prendre soin des marginalisés, d’insister pour les salaires équitables, de demander l’équipement et du personnel adéquats pour chaque situation.

Nous avons maintenant l’occasion d’élever le respect de la création. Nous avons vu ce qui peut arriver à l’atmosphère lorsque, même pendant quelques mois, nous avons mis beaucoup moins de carbone dans l’air.

Nous avons maintenant l’occasion de souligner l’importance de la justice pour les Premières Nations, ayant reconnu leur fragilité et leur manque de ressources pour lutter contre une pandémie. Nous avons l’occasion de parler de la bonne grâce de Dieu pour tous.

Mais nous devons faire attention à ne pas retomber dans nos vieux rêves. Notre passé, avant la pandémie n’était pas le règne de Dieu.  Nous sommes obligés de revoir nos valeurs.

Holbert écrit : « Le dimanche de l’Ascension concerne les dangers de regarder haut quand Jésus nous demande de regarder en bas… (de chercher) les gens que Jésus est venu racheter, de chercher les pauvres et les souffrants plutôt que de rêver de puissance et de gloire terrestres.

Notre appel aujourd’hui n’est pas de monter dans une montgolfière jusqu’au trône céleste. Au contraire, notre appel, pendant qu’au fur et à mesure nous sortons de l’enfermement, est d’apporter avec nous les choses que nous avons trouvées précieuses. Nous avons appris l’importance d’honorer et de prendre soin de nos aînés. Nous avons appris l’importance d’être une communauté intentionnelle. Nous avons commencé à comprendre que l’Église est moins un moyen de nous rassembler à l’intérieur des murs de nos bâtiments, et tellement plus de concrétiser le rêve du Règne de Dieu.

Notre émergence est la chance de passer de la célébration de la résurrection de Jésus à l’accomplissement du travail qu’il nous a appris à faire. Passer du statut d’étudiant à celui d’enseignant. C’est notre opportunité de vivre le message évangélique d’amour abondant pour tous.

Grâce à Dieu, Amen!

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