L’Église : unie hier, aujourd’hui, demain

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Imaginez ce que c’était…ce 10 juin 1925. Après des décennies de pourparlers…interrompus par une guerre mondiale…quelques 8 mille personnes – délégués au tout premier Conseil général et représentants de différents groupes et communautés rassemblés ENFIN pour le tout premier culte de cette Église Unie dont plusieurs avait presque cessé d’espérer. Je tremble dans mes sandales rien qu’à l’idée de prêcher devant tant de monde ! Cette journée-là, aucune indication sur l’identité du prédicateur ni sur le contenu de la prédication. Dans l’ordre du culte…de 38 pages…vous rendez-vous compte ?! …on avait simplement écrit « Sermon de communion, pasteur désigné ». Les gens s’attendaient fort probablement à une prédication sur l’extrait du chapitre 17 de l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre. Après tout, la prière de Jésus qui s’y trouve, « Que tous soient un » est la devise de l’Église Unie dès avant sa naissance (Regardez bien l’écusson! On le voit en latin « ut omnes unum sint »). Mais non, au moment venu, le pasteur méthodiste S. P. Rose du séminaire Wesleyen de Montréal se lève et s’avance pour s’adresser à l’assemblée et il commence en lisant cet autre extrait de l’Évangile de Jean : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance ». Ça a dû avoir un peu l’effet d’une douche froide. On venait tout juste de signer l’acte qui a créé l’Église Unie…et déjà on parlait de mort. Ce verset rappelle que l’Église Unie et née dans la douleur et avec plein de déchirements. Chacune des Églises fondatrices a dû renoncer à son identité propre. L’union signifiait une transformation radicale des structures, des modes de financement, des façons de rendre un culte à Dieu. Certains temples ont fermé et on a dû s’habituer à faire Église non seulement autrement…mais aussi ailleurs. Pour certains, c’en était trop. Environ un tiers des Églises presbytériennes ont choisi de ne pas se joindre à l’Église Unie (c’est pour cela que de Labrador City à Vancouver en passant par New Carlisle en Gaspésie et Québec, on trouve souvent une Église Presbytérienne à quelque pas d’une Église Unie.)

Une chose est certaine. Unie…n’a jamais signifié unanime. À maintes reprises au cours des 90 dernières années on sonnait le glas de l’Église Unie – qu’on imaginait à deux doigts de la mort…ou du moins au bord d’un schisme irréparable. L’ordination des femmes, le divorce, l’avortement, l’ordination ouverte à toutes et à tous sans égard pour l’orientation sexuelle, la divinité du Christ, le mariage des couples du même sexe… la place des autochtones… et les francophones… la question Israélo-Palestinienne… et j’en passe… . Nous sommes loin d’être unanimes sur toutes ces questions.

Mais si nous sommes toujours arrivés à rester unis, c’est parce que, comme Église, dans l’ensemble, nous continuons à croire que mourir… un peu… nous permettra de porter du fruit en abondance…une abondance qui n’est pas toujours « chiffrable » en termes de statistiques : nombre de lieux de cultes ou de membre en règle, « chiffres d’affaire » etc. Déjà au milieu des années 1930, le modérateur, le pasteur Richard Roberts (1934-1935) a dit : « Combien nous sommes, importe peu. Ce qui compte vraiment, c’est le genre de personnes que nous sommes. »

Pour les fondateurs de l’Église Unie, ce qui importait le plus, ce n’était pas la survie de leurs Églises respectives mais plutôt le service auprès de leur concitoyens. Ils croyaient qu’en mettant en commun le riche héritage des Églises fondatrices, ils pourraient mieux répondre aux besoins des populations et être une présence vivifiante et transformatrice dans les communautés diverses du pays. Mais pour cela…il fallait mourir…un peu…

« En vérité, en vérité je vous le dit, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance ».

Ce pain…en est le symbole. À un niveau très élémentaire…la farine qui nous nourrit est le grain de blé qui est tombé en terre et qui est mort. Mais une farine qui ne fait jamais un avec d’autres ingrédients…est une farine morte…une farine qui finit par s’éventer. La farine n’existe pas pour elle-même. Elle existe pour nourrir le monde.

Il en va de même pour nous. Comme je vous le dis souvent…nous ne sommes pas là pour survivre…mais pour servir. Comme nos ancêtres dans la foi…nous sommes appelés à mettre en commun l’héritage que nous avons reçu afin de mieux servir nos frères et sœurs qui ont faim…de pain…de justice…de communion…avec Dieu et avec les autres.

Jésus a donné sa vie pour nous…il a abandonné la vie qu’il avait connue…afin que nous qui unissons notre vie à la sienne…connaissions une vie nouvelle et éternelle. Comme Dieu a envoyé Jésus dans le monde…Jésus nous envoie…pour nourrir et guérir les foules…et pour proclamer en paroles et en gestes que le règne de Dieu et proche…aussi proche et accessible que ce pain…ce pain qui nous nourrit et nous unit. La prière de Jésus… devenu le rêve des fondateurs de l’Église unie est toujours d’actualité. Même si cela ne fait pas toujours l’unanimité…même si nous devons mourir…un peu…que nous soyons toujours l’Église Unie.

Et comme c’est la prière de Jésus, nous avons l’assurance que, par la grâce – et non par nos efforts – Dieu l’exaucera. « Ut omnes unum sint » Ainsi soit-il. Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

 

Le 7 juin 2015 – 90e de l’Église Unie du Canada – B15 – Église unie St-Pierre

Textes bibliques

Jean 17, 1-2 & 17-23

Jean 12, 24-32 

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