Le courage de la foi

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Les textes le l’Écriture proposés à notre méditation cette semaine sont une puissante invitation au COURAGE, le courage de tous les disciples appelés à suivre Jésus. L’Évangile, en effet, n’est pas une invitation au repos, c’est plutôt une interpellation au dépassement de soi. Chacun, chacune à sa façon. C’est pourquoi, il me semble, le christianisme ne se vit pas seul. Avec la grâce de Dieu, bien sûr, mais aussi avec le support et l’exemple de nos frères et sœurs, nous pouvons répondre à l’appel. Je vous invite à revoir les textes bibliques de ce jour qui nous proposent des exemples de disciples à imiter.

 

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Dans le Premier Testament, c’est le personnage de Jonas qui nous est présenté ce matin.  Le Livre de Jonas, l’un des douze petits prophètes,  a plus l’allure d’un livre de sagesse qu’un recueil d’écrits prophétiques. Ou encore on peut simplement le voir comme de la littérature de fiction. Mais que ce soit comme livre de prophétie, de sagesse ou de fiction, ce qu’il convient d’en retenir particulièrement, ce sont de grandes vérités que ce petit livre présente sur la liberté humaine et sur la miséricorde divine. Jonas, dont l’étymologie du prénom évoque la fragilité d’un oiseau – la colombe, un oiseau particulièrement doux et peureux, un oiseau qui s’envole au moindre bruit… Jonas donc, le prophète peureux, est choisi par Dieu pour appeler les habitants de Ninive au repentir. Tâche colossale pour un petit prophète! Ninive était une ville extrêmement grande comme le texte le précise puisqu’il fallait trois jours pour la traverser. Dans un premier temps, Jonas a tout fait pour éviter la mission que Dieu lui confiait. Mais il a fini par céder. Et Ninive s’est convertie à l’appel pressant de Jonas.

 

Dans le Nouveau Testament, Paul, c’est le prototype du disciple de Jésus-Christ par excellence, Paul, c’est l’Apôtre, avec un grand A. C’est l’apôtre des Nations, celui qui a le plus sillonné le monde de l’Antiquité pour annoncer Jésus et l’Évangile. Tout le contraire de Jonas, il n’avait peur de rien après son chemin de Damas. Pas même de faire et refaire la leçon à ses ouailles, et particulièrement aux Corinthiens qui ne lui laissaient pas de repos. La ville de Corinthe, c’était en quelque sorte l’enfant terrible de l’Apôtre avec notamment ses mœurs débridées. Pourtant, Paul n’abdique pas. Non seulement il y a prêché la Bonne Nouvelle, mais il est resté en contact constant avec cette Église par le biais de lettres pour leur rappeler le Message, pour les convier à la conversion…

 

Dans l’Évangile, ce sont les premiers appelés que nous présente Marc: Simon et André, Jacques et Jean, des Galiléens,. Or, la Galilée était le territoire d’Hérode Antipas, celui qui venait d’arrêter Jean Baptiste. Ce politicien n’aimait pas les mouvements religieux qui dérangeaient. Il leur a fallu du courage (aux apôtres) pour accepter l’appel. La croix, se profilait déjà à l’horizon (Pierre Bougie). Le martyre des disciples de Jésus était, en effet, tout de suite derrière la croix du Golgotha.

 

Le prophète Jonas, l’apôtre Paul, les premiers disciples Simon(-Pierre) et André, Jacques et Jean, voilà autant de prototypes de croyants qui ont accepté de prendre le risque de leur foi, qui ont accepté d’agir avec courage à la manière de Celui en qui ils avaient mis leur foi…

 

Jonas a eu le courage de parler. Il faut avoir du courage pour faire des choses qui nous rebutent. Jonas a hésité, a tenté de fuir sa vocation, mais il a finalement accepté de prêcher la conversion à Ninive. Nous vivons nous aussi dans un monde appelé à la conversion, un monde de guerres civiles, d’escalades de violences terroristes, de massacres de populations civiles, de génocides… À plus petite échelle, proche de nous, nous vivons dans un monde où tous n’ont pas les mêmes chances de réussir dans leur vie, de réussir leur vie. Avons-nous le courage d’élever la voix par tous les moyens à notre disposition pour faire de notre société un monde plus juste, un monde plus équitable? Notre voix peut s’élever à la façon et selon les moyens qui nous conviennent aujourd’hui : certains prennent la parole, mais certains autres signeront plutôt une pétition, certains feront circuler une information pertinente, d’autres voteront pour des gouvernants responsables… Il y a bien des façons d’élever la voix… même sans crier!

 

Paul a eu le courage de corriger. Il est entré dans des sujets particulièrement délicats auprès des fidèles de Corinthe. La question des mœurs qui prenait toute la place pourrait englober et se traduire aujourd’hui par toutes les préoccupations matérielles envahissantes. Le bruit des médias est devenu assourdissant (id.). Avons-nous le courage dans notre milieu de vie, de relations familiales, sociales ou professionnelles de faire une bonne pause pour réfléchir où nous allons et de nous départir de beaucoup (id.) de stimulations ? Sommes-nous capables de marcher sur la rue sans le téléphone intelligent accroché au bout des doigts ? Sommes-nous capables de vivre à la maison sans le support constant de la télévision en bruit de fond ? Sommes-nous capables de passer à côté d’un ordinateur sans fouiller tous les recoins de Google qui nous titillent ? Avons-nous le courage de vivre et d’inviter ceux et celles qui nous entourent à vivre plus de simplicité, de dépouillement, de silence pour faire de la place à notre Dieu qui nous parle comme à Élie dans « le murmure d’une brise légère (1R. 19, 12) ?

Les apôtres ont eu le courage de suivre le Christ. Il fallait bien que ce prophète Jésus en son temps exerce un puissant attrait (id.) auprès de ses contemporains pour que ses disciples entreprennent une vie de risque avec lui qui bravait tous les périls (id.). Pourtant, ces hommes et ces femmes ont d’abord connu la lâcheté : les hommes ont refusé d’accepter les prophéties de la Passion et durant les événements, ils ont succombé à la peur (Mc 8, 32; 14, 28). Les femmes ont aussi cédé à la crainte en refusant de dire la nouvelle de la résurrection (Mc 16, 8) (id.). Malgré leur lâcheté passagère, ce sont ces hommes et ces femmes qui ont eu le courage de la fidélité à long terme. Dans son Évangile, Marc ne maquille pas cette vérité historique, il n’embellit pas l’histoire. Les apôtres ont failli en cours de route, comme nous sommes bien capables de le faire nous aussi, mais ce qu’il nous reste de ces modèles de la foi, c’est bien cette fidélité jusqu’au martyre.

Être chrétiens, aujourd’hui comme hier, ce n’est pas facile… Il nous faut une bonne dose de courage… C’est pourquoi nous venons puiser des forces chaque semaine dans le partage de la Parole de Dieu et dans la communion de prière dans l’Esprit-Saint… AMEN.

Par Pierre Nadeau

Prédication du 3e dimanche (B) après l’Épiphanie, le 21 janvier 2018

 

 

LECTURES BIBLIQUES

Jonas 3, 1-10

1 Corinthiens 7, 29-31

Marc 1, 14-20

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