La foi et les œuvres

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

J’ai souri en lisant les textes bibliques choisis par Richard pour notre célébration d’aujourd’hui. D’abord, ces extraits reflètent ce que je connais de Richard. Et j’ai souri parce que je me suis dit que c’est fort probablement la première fois que quelqu’un choisisse ces extraits ont été choisis pour souligner une profession de foi et son adhésion à une paroisse protestante, particulièrement l’Épitre de Jacques.

Martin Luther, celui que l’histoire retient comme « déclencheur » de la Réforme, appelait la Lettre de Jaques, « une épître de paille »  car, disait-il, elle n’a rien d’évangélique.[1] Pour Luther, la Bonne nouvelle se résumait à la justification par la foi. Pas de bonne nouvelle, là où on a besoin des œuvres. Luther aurait même voulu retirer cet Épître du canon.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Et pourtant, dans l’extrait de l’Évangile de Luc que Pierre vient de nous lire, comme ailleurs dans la Bible, on voit bien qu’une foi vivante, est une foi porteuse de fruits, une foi qui transforme le monde, un geste solidaire à la fois. Ce ne sont pas nos œuvres qui nous justifient, qui alignent nos vies avec la volonté de Dieu. Nos œuvres sont les fruits de notre conversion, un don de gratuit de Dieu. Transformés par l’amour de Dieu à l’œuvre en nos cœurs, nous devenons des agents-es de transformation à notre tour.

Dans le courant méthodiste du protestantisme – la porte par laquelle Richard est arrivé au protestantisme et l’une des souches de l’Église Unie – on insiste non seulement sur la justification mais aussi sur la sanctification : le fruit de notre libération en Christ. Que devons-nous faire non pas pour être sauvés mais parce que nous sommes sauvés par la grâce de Dieu ? « Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de même. N’exigez rien de plus que ce qui vous est réellement dû. » (Luc 3, 11-13). En d’autres mots, partagez. Partager ce que vous avez, soyez utiles à la collectivité, pour reprendre le testament spirituel de notre sœur Françoise.

Lors de l’une des toutes premières conversations que j’ai eues avec Richard, il a exprimé son désir d’être utile à sa communauté de foi. Il voulait contribuer à son rayonnement, sa vitalité, sa mission et son ministère dans la grande région de Québec.

Être utile, transformer le monde… en donnant une chemise… en partageant sa nourriture, en refusant de prendre plus que notre part des richesses de ce monde. C’est si simple… et si complexe à la fois. Jeudi dernier, lors de notre échange autour du film La Chute de l’empire américain, j’ai mentionné que, selon moi, l’une des faiblesses du scénario était la manière simpliste que le film traitait la question de l’itinérance, de la pauvreté. Donner un appartement à un itinérant, il sera heureux. Donner quelques pièces de monnaie à un quêteux, vous contribuez à résoudre le problème de la pauvreté. C’est plus complexe que cela. Nous le savons. Transformer le monde, ça prend les dons et les talents, la foi et les convictions de toute une communauté. Richard, aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu pour les dons et les talents que tu partages avec notre charge pastorale et la communauté au sens large. Ensemble, par la grâce de Dieu, puissions-nous produire du fruit qui témoigne de notre conversion, de l’amour de Dieu à l’œuvre dans nos vies, pour la gloire de Dieu et la transformation du monde. Amen.

Le 16 septembre 2018 – 17e dimanche après la Pentecôte – Saint-Pierre

 

 

LECTURES BIBLIQUES

Job 1, 20-21

Jacques 2, 14-17

Luc 3, 10-13

 

[1] Luther, Préface au Nouveau Testament dans Luther, Œuvres I, traduction de P. Hickel, 1529-1532.

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