Gémir pour vivre

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Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intercède pour nous… Romains 8, 26

Ce matin je me sens plutôt démuni pour vous proposer des pistes de réflexion. Les textes bibliques ne manquent pourtant pas de contenu et ce jour est un peu beaucoup l’anniversaire du début de l’expérience communautaire chrétienne, les premiers balbutiements de l’Église primitive. Demeure cet inconfort : malgré le nombre d’années de vie, d’engagement chrétien, de formation, de lectures, de pastorat, j’ai une impression aigüe que tout ce bagage accumulé avec zèle et avec la meilleure intention du monde constitue, à ce moment-ci, plus un poids qu’un tremplin. C’est peut-être ça dans mon cas reconnaître que nous ne savons pas prier comme il faut ?

En y pensant bien, une partie de mon malaise vient probablement de l’écart qu’on ne peut que constater entre la vitalité, la créativité spontanée des premiers chrétiens dont témoigne les extraits du livre des Actes et la version institutionnalisée de l’expérience au fil des millénaires ; et plus immédiatement, la lourdeur qui semble imprégner bien des paroisses qui perpétuent avec la meilleure intention une formule éprouvée qui toutefois ne paraît plus correspondre aux besoins de nos contemporains, du moins dans ce coin de la planète. Je ne doute aucunement de la sincérité de nos (je m’inclus ici évidemment) intentions, ni de la générosité non plus que de la ferveur authentique des frères et sœurs, mais, à ce qu’il semble, nous ne savons pas prier comme il faut.

Cette constatation est aussi décapante que vertigineuse : comme nos fenêtres et nos parterres notre vie ecclésiale a besoin d’un nettoyage printanier en profondeur. Comme nos couteaux de cuisine ou nos instruments de jardinage, il convient d’aiguiser les lames de nos cœurs. Mais il nous faut bien reconnaître que malgré les efforts les plus ardents, cette tâche dépasse nos capacités voire nos compétences. Dans la vie spirituelle nous sommes toujours des « commençants ». C’est de cette position de faiblesse, une conscience brûlante de notre fragilité, que l’expérience de Pentecôte peut advenir pour nous aussi : être bousculé, à nouveau sinon pour la première fois, par le Souffle enivrant d’une présence qui nous dépasse et nous transporte, qui fait éclater nos limites : celles de l’identité historique, nationale, ethnique, et même religieuse. L’Esprit vient en aide à notre faiblesselui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables…

Gémissements inexprimables… l’élan intérieur, l’aspiration à la vie, le désir d’une existence axée sur la manière d’être, de voir et d’agir de Jésus, l’appel à la créativité de l’Évangile, cela dépasse toute formulation, si nécessaire que soient les mots. L’option pour une société selon les valeurs de Dieu, la disponibilité d’une vie qui se « perd » pour valoriser la proximité et le service des plus petits, la solidarité et la partage plutôt que l’accumulation personnelle, n’est-ce pas un projet planétaire qui traverse les contrées, les époques et les générations ? C’est selon Dieu en effet que l’Esprit intercède pour les saints.

Et celui qui scrute les cœurs sait quelle est l’intention de l’Esprit… Le don par excellence de Jésus, son seul testament disait un théologien, c’est l’Esprit. Il [l’Esprit] recevra de ce qui est à moi, et il vous le communiquera dit Jésus dans Jean. Par nos chants et nos silences, par nos mots et nos absences, nos blancs de mémoire, par nos gestes et nos impuissances et, surtout, par le fait d’être vivant en cet instant. Dans la reconnaissance que tout nous est ainsi donné pour que nous devenions don à notre tour, célébrons l’effusion de l’Esprit; et appelons de tout notre cœur le feu de la Pentecôte dans nos vies personnelles et celle de notre paroisse, de notre Église et du monde entier. Lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière […] Nous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein. C’est la grâce qui nous est faite. Amen.

Denis Fortin, pasteur

24 mai 2015

Église Unie Saint-Pierre, Québec

 

LECTURES BIBLIQUES

Actes 2, 1 – 21

Romains 8, 22 – 28 

Jean 16, 12 – 15

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