Dieu est l’archer

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« Qu’il est beau, qu’il est glorieux de recevoir la blessure de l’amour! L’un reçoit la blessure de l’amour charnel, l’autre est blessé par quelque autre passion terrestre. Pour toi, mets à nu tes membres, et présente-toi aux traits merveilleux : Dieu est l’archer […] Écoute bien ce que te dit cette flèche, et comment Dieu l’a choisie. Combien heureux est le sort de ceux qui sont blessés par cette flèche. Ils furent blessés par elle ceux qui se disaient l’un à l’autre : Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures? » Origène

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Ces mots, empruntés à Origène, théologien de la période patristique du 3e siècle, comme plusieurs autres utilisés pour notre prière aujourd’hui, ne pourraient mieux convenir alors que les cupidons font flèches de tout bois pour la Saint-Valentin. Le bref extrait du Cantique des cantiques, livre des Écritures hébraïques ou Ancien testament, évoque combien la passion amoureuse est puissante et qu’en comparaison à son exaltation, les biens les plus précieux sont insignifiants.

Si les transports de l’attraction sexuelle sont bien connus (et nourris!) dans notre contexte social, la tendance omniprésente à faire de l’éros (l’amour charnel mentionné par Origène) le tout de l’amour s’avère une impasse aussi déterminante pour l’intégrité et l’épanouissement de la personne que ne l’était autrefois la pudibonderie sociale, attisée de contrôle religieux. La multiplication des dénonciations d’abus sexuels des derniers mois illustre amplement l’urgence sociale de revoir et réévaluer les présupposés, les conceptions et les comportements prétendument amoureux qui, dans les faits, en semblent bien loin.

L’énumération de la lettre aux Corinthiens nous fournit en quelque sorte un prisme par lequel nous pouvons identifier les traits d’un amour qui sait voir au-delà du plaisir de l’attraction physique, si légitime et vivifiant qu’il soit, en visant l’appréciation de l’autre pour ce qu’il ou elle est dans sa personne, une sollicitude toute philanthropique. L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. Voilà l’amour de relation qui se distingue de la passion/coup de foudre en ce qu’il se déploie et se solidifie avec le passage du temps et qu’il libère l’autre et lui donne d’assumer sa liberté. L’amour des amants, celui des parents, des amis, des frères et sœurs et, assurément, l’amour divin.

L’appel divin, est un appel amoureux à notre égard comme à l’égard des autres. Il se loge dans la profondeur de notre humanité : plus nous accédons authentiquement à ce que nous sommes, plus nous actualisons nos dons et nos talents, plus nous découvrons l’image du Christ en nous et autour de nous, l’accomplissement vers lequel tous nos amours tendent, que cela soit explicitement reconnu ou non.

« Si tu le veux, tu peux me purifier. » Pris de pitié, Jésus étendit la main et le toucha. Il lui dit : « Je le veux, sois purifié. » La main tendue de Jésus n’est-elle pas cette flèche divine qui touche et purifie de son feu ardent. Un amour en actes : guérison du corps dans le récit évangélique, espérance face à nos maux physiques bien sûr, mais aussi image, métaphore, de la lumière intérieure qui nous dégage enfin de l’obscurité de nos inquiétudes, de nos remords, de nos désespérances. Notre existence prend son sens et trouve son élan, son exaltation, en se découvrant dans une relation de tendresse, d’affection et de compagnonnage inconditionnel et sans limite dans l’intensité ni la durée. L’amour de Dieu est agissant en nous et s’écoule dans nos amours. C’est là le toucher purifiant de la grâce qui nous redonne à nous-même en nous ouvrant à l’amour de l’autre. A présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse, mais alors, ce sera face à face. A présent, ma connaissance est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu. Et pour reprendre les mots d’Origène : « Combien heureux est le sort de ceux qui sont blessés par cette flèche… ». Amen.

Par Denis Fortin, pasteur

Saint-Pierre Épiphanie 6 « B » – 11 février 2018

 

 

LECTURES BIBLIQUES

1Corinthiens 13, 4-8a.12

Cantique 8, 6-7

Marc 1, 40-45

 

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