De la sainte colère au pardon

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

DarlaEt voici l’Évangile du jour, extrait biblique sur lequel je n’avais pas l’intention de prêcher… mais qui résonne de façon particulière ce matin :

(Lecture de Marc 13, 1-8 ).

Que faut-il en conclure, que religion est synonyme d’arme de destruction massive ? Certains diraient que oui. Que faut-il faire ? Arrêter de prier parce que, comme le prétendent certains – dont Gretta Vosper, pasteure athée de l’Église Unie – persister à croire à un Dieu surnaturel qui intervient dans le monde, ne peut que perpétuer les violences ? (Cliquez ici pour lire la lettre ouverte – en anglais – de Madame Vosper suite aux attentats contre Charlie Hebdo en janvier dernier).

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

On entend retentir jusqu’ici la voix de gens pour qui la seule réponse possible à toute cette violence subie est d’ouvrir le feu et fermer les frontières. La voix des gens qui condamnent sans discrimination tous les musulmans, tous les « immigrés » et toute expression religieuse.

Mais on entend aussi d’autres voix – parfois très ténues – qui espèrent toujours nous voir sortir de l’enfer des visions réductrices du monde qui nous enferment dans le cycle de la violence. Il y a cette image – relayée par une amie Française d’origine – démontrant deux citations du Coran pour illustrer que « Musulman » n’est pas forcément synonyme de « terroriste » 

Il y a aussi cette citation de Martin Luther King qui fait écho à l’extrait de la 1ère Lettre de Jean que nous venons d’entendre :

Martin Luther King Jr. - La noirceur ne peut pas chasser la noirceur4

Ou encore une autre attribuée au Dalaï Lama :

Quelque part au plus profond de nous, nous refusons de croire que la haine et la peur auront raison de l’Amour ou que l’amour est aveugle. Même dans la nuit profonde, il reste au fond de nous une petite lumière : cette espérance qui refuse de croire, malgré tous les signes qui semblent indiquer le contraire, que le monde tel qu’il est actuellement est le seul monde possible. Mais comment faire pour protéger cette petite flamme si fragile des bourrasques de vent violent qui tourbillonnent autour de nous ?

Dans un premier temps, laisser monter notre colère, notre sainte colère pour reprendre l’expression de la théologienne suisse Lytta Basset. Il y a deux semaines j’ai souligné que « saint » veut dire « mis à part ». Une colère est donc « sainte » lorsqu’elle nous sort du chaos douloureux qui nous engloutit. Une sainte colère nous libère de nos stéréotypes et nos préjugés qui nous isolent et nous séparent les uns des autres, qui séparent les « victimes » des « bourreaux », les « bons » des « méchants », les « coupables » des « innocents ». La colère est sainte lorsqu’elle s’exerce contre le diable, le diviseur, et refuse la rupture…avec Dieu d’abord. Cette colère qui fait en sorte que, plutôt que tourner le dos à Dieu, on lui ouvre notre cœur et qu’on « vide notre sac », lui livrant notre trop plein de douleur, de frustration, d’angoisse et d’amertume.

Et c’est ainsi que s’ouvrira en nous la possibilité de pardonner. Mais attention ! Pardonner ne signifie pas « oublier » ou « nier le mal ou le tort qu’on nous a fait. » Pardonner, c’est refuser de rester pris dans l’engrenage de la violence mortifère. Pardonner, c’est s’ouvrir au travail qui enfantera une vie nouvelle… pour nous et pour la création toute entière. Ainsi soit-il, par la grâce de Dieu. Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

Le 15 novembre 2015 – 25 Pentecôte B15 – Église Unie St-Pierre

LECTURES BIBLIQUES:

1 Jean 4, 18-21

Romains 8, 22-30

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