Au travail! Bâtissons notre maison sur le roc!

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

colombe-terreQui parmi vous a vu cette maison… ou bien une maison comme celle-ci… dans son ancienne gloire ? Quand il y avait des cultes le dimanche soir en plus du dimanche matin, une école du dimanche et des études bibliques, de la catéchèse pour tous âges ? Une chorale qui remplissait le choeur ou le jubé de l’église ? Aaah…ça vous date un peu. Vous avez pas loin de 70 ans. Vous êtes comme nos ancêtres qui avaient connu le temple avant l’exile à Babylone… quand tout le monde était non seulement croyant…mais aussi pratiquant… avant que le culture ambiante soit hostile à notre religion, la ridiculisant même.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.


Moi, je suis née à la fin des années de gloire… je n’en ai pas de vrais souvenirs. Moi, je suis comme nos ancêtres dans la foi qui ont vécu l’exile, qui ont passé des années loin du temple de leur enfance… des années sans vraiment pratiquer la religion de leurs parents. Je suis l’une de celles qui sont revenues de l’exile… un retour qui a permis un retour à mes racines, et à une foi vivante et vivifiante. Et comme nos ancêtres à qui le prophète Aggée s’adresse… j’ai été pleine de zèle pour ce lieu… je rêvais de contribuer à le restaurer à son ancienne gloire : pleine de monde, bourdonnant d’activités
(Quand j’ai fait ma profession de foi…ici même…j’ai fait une promesse solennelle devant Dieu : de partager avec d’autres la foi que j’avais reçue et qui m’avait sauvée bien de fois de bien des manières). Quand je suis revenue ici en 2008, j’étais pleine d’élan, d’énergie et d’espoir. St-Pierre avait le vent dans les voiles. On était connu et reconnu à Québec pour nos prises de position et nos gestes concrets et solidaires. Je me souviens du culte que nous avons célébré ici en 2009 avec l’exécutif du Conseil général : plus de soixante voix unies pour chanter notre foi et notre espérance pour l’avenir – entre autres un renouveau pour les ministères en français – un avenir bâti grâce à l’héritage du passé. Les témoignages de plusieurs membres de notre communauté avaient ému et impressionnés nos coreligionnaires de partout à travers le pays. Sans parler de l’euphorie quelques mois plus tard, lorsque les centaines de délégués au 39e Conseil général ont voté à l’unanimité en faveur des recommandations qui nous auraient donné les moyens de bâtir l’avenir dont nous rêvions depuis des années. Et ce matin, comme nos ancêtres qui avaient commencé à reconstruire le temple du temps d’Aggée, je regarde autour de moi et je ne peux que constater que malgré nos vaillants efforts, le fruit de tout ce travail n’a rien à voir ni avec l’ancienne gloire de cette maison, ni avec nos rêves pour l’avenir.

Et je sais que je ne suis pas la seule à avoir eu une telle expérience. L’écart entre nos rêves et nos réalisations est souvent immense. Souvent, après des années d’efforts, on découvre que notre emploi en or ou notre retraite chromée ne brille pas si intensément ; nos plans et nos projets les mieux planifiés nous réservent des surprises auxquelles nous ne nous y attendions pas… mais pas pantoute. Parfois, chemin faisant, une maladie, une séparation, une catastrophe ou une crise quelconque nous attendent au détour et tout ce qu’on avait commencé à bâtir s’écroule autour de nous. Parfois c’est tout simplement les préoccupations et les exigences de la vie de tous les jours qui nous tiennent tellement occupés que nous n’avons ni le temps ni l’énergie requis pour repenser et reconstruire notre vie selon nos visions.

C’est un peu ce qui est arrivé aux contemporains d’Aggée. Quelques années après leur retour d’exile, ils commencent à reconstruire le temple. Mais ils doivent aussi rebâtir leurs maisons, s’occuper de leurs champs, refaire leur vie. Beaucoup de leurs contemporains avaient peu ou pas connu la vie d’avant, quand le temple était le centre de la vie spirituelle, culturelle, sociale et même économique du peuple. Chez eux, comme chez nous, les plus jeunes n’avaient jamais mis les pieds au temple et il n’est pas difficile d’imaginer qu’à l’époque, comme c’est le cas aujourd’hui, le temple n’était pas leur priorité numéro un. Surtout, surtout quand il faut se démener comme une malade pour avoir les ressources nécessaires et qu’après des années d’efforts, les résultats sont loin d’être à la hauteur de nos ambitions.

Beaucoup d’entre nous quand nous regardons le fruit de nos efforts les meilleurs, comme les contemporains d’Aggée regardaient la reconstruction du temple qui n’en finissait plus de finir, nous ne pouvons que constater l’écart entre le rêve et la réalité.

Et juste au moment où tout le monde a envie de baisser les bras et de tout abandonner… le voilà cet Aggée qui arrive et nous dit : « – oracle du SEIGNEUR –, au travail ! Car je suis avec vous – oracle du SEIGNEUR de l’univers. Selon l’engagement que j’ai pris envers vous lors de votre sortie d’Egypte, et puisque mon Esprit se tient au milieu de vous, ne craignez rien !… La gloire dernière de cette Maison dépassera la première, dit le SEIGNEUR, et dans ce lieu j’établirai la paix – oracle du SEIGNEUR de l’univers. »

Oui, Aggée reconnaît l’importance d’avoir un lieu où se réunir pour prier ensemble et un projet rassembleur. Mais il reconnaît aussi que « gloire » n’est pas synonyme de « grandeur ». À travers l’histoire, Dieu nous le révèle encore et encore, sa plus grande gloire se manifeste dans les plus petits et les plus pauvres. Le temple que les contemporains d’Aggée ont construit était sans conteste moins grandiose que celui de Salomon. Mais le prophète nous le rappelle, ce n’est jamais les briques et le mortier qui font la gloire de la Maison…c’est la Présence de Celui qui demeure au milieu de nous, qu’on ait une maison, ou qu’on traverse le désert… Celui qui nous soutient beau temps, mauvais temps. Ce qui compte, ce n’est pas la finition, l’apparence extérieure de nos plus belles réussites, mais la fondation sur laquelle on construit sa vie.

Aggée nous rappelle que la gloire dernière de cette maison dépassera la première mais ce ne sera pas à cause de la grosseur du clocher, le nombre de fidèles dans les bancs ou l’argent qui y sera amassé. Cette gloire sera manifeste dans la Présence de Dieu qu’on y ressentira, dans l’Esprit qui circulera en nous et parmi nous et, ultimement, par la paix qui se construira dans et au delà de ses murs… une paix qui sera davantage qu’une absence de conflits et un esprit d’harmonie et de bonne entente entre nous. Cette paix, c’est le Shalom de Dieu, une paix qui ébranlera l’ordre établi pour faire advenir un ciel nouveau et une terre nouvelle : la vie en abondance pour la création toute entière. Frères et sœurs, au travail ! Bâtissons notre maison sur le roc. Amen.

Par Darla Sloan

25 novembre 2016 – 25e dimanche après la Pentecôte – Église Unie St-Pierre

 

 

LECTURES BIBLIQUES

Aggée 2, 1-9

Luc 6, 47-49

 

Darla

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