Actualité de la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Nous sommes en marche vers Pâques. Nous y serons dans trois semaines à compter d’aujourd’hui. Nous sauterions une étape essentielle si nous y arrivions sans nous être donné le temps qui reste pour voir venir la Passion, ce temps d’extrême souffrance à travers lequel est passé le Christ Jésus, avant d’arriver à cette vie glorieuse au-delà de la mort que nous célébrerons à Pâques. Il ne suffit pas d’un Vendredi Saint par année pour en ressentir toute la portée. Aujourd’hui, en lieu et place des lectures suivies de la prédication, comme nous le faisons habituellement, nous lirons six extraits de la Passion selon l’évangéliste Marc, chacun suivi d’une brève méditation. Nous nous rappellerons ainsi la trahison de Judas, l’angoisse de Jésus au jardin de Gethsémani, le reniement de Pierre, la condamnation et la flagellation, la crucifixion et la mort et, enfin, la mise au tombeau. Nous effectuerons ce rappel en faisant le lien avec des situations d’aujourd’hui qui sont en continuité avec la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

La trahison de Judas (Marc 14, 10-11)

Judas Iscarioth, l’un des Douze, s’en alla chez les grands prêtres pour leur livrer Jésus. À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment il le livrerait au bon moment.

Comment Judas a-t-il pu en arriver là, lui qui a été un proche de Jésus, lui qui s’est voulu son disciple, lui qui a été un témoin privilégié de son enseignement et de son exemple? Bien des choses ont été écrites sur les motifs qui auraient pu amener Judas à trahir. L’argent n’explique pas tout. Dans la version de Marc que nous venons de lire, le texte nous dit que c’est après qu’il ait offert de livrer Jésus que les grands prêtres lui promettent de l’argent. Quoi qu’il en soit de ses raisons de trahir, devant la tournure des événements, il prendra conscience de sa faute. Son erreur sera de la croire impardonnable. Qui nous dit que Judas n’a pas reçu au-delà de la mort ce pardon de Dieu? Quelles que soient nos trahisons, conservons notre foi dans le pardon de Dieu. L’enseignement de la Bible est qu’il pardonne toujours à qui se repent.

L’angoisse de Gethsémani (Marc 14, 32-37)

Ils arrivent à un domaine du nom de Gethsémani et il dit à ses disciples : « Restez ici pendant que je prierai. »

Il amène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Et il commença à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez. » Et, allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, si possible, cette heure passât loin de lui. Il disait : « Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe! Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux! » Il vient et les trouve en train de dormir; il dit à Pierre : « Simon, tu dors! Tu n’as pas eu la force de veiller une heure!

Ce moment d’angoisse que Jésus vit à Gethsémani en anticipant son arrestation et ce qui va suivre a été souvent appelé l’agonie de Jésus. C’est, en fait, le début de son agonie, qui se poursuivra jusqu’à son dernier souffle sur la croix. Un auteur spirituel du dix-septième siècle a même écrit : « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde… ». Et il ajoute, en faisant allusion au comportement de Pierre, Jacques et Jean : « …il ne faut pas dormir pendant ce temps-là. ».1À quoi pensait cet auteur, en faisant cette affirmation? Je ne le sais pas. Pour ma part, je crois que Jésus est en agonie dans la souffrance de tous ceux et celles qui, comme lui, engagent et risquent leur vie du côté des pauvres et des opprimés, pour un monde plus juste et une religion en esprit et en vérité. Je pense ainsi dans l’esprit de la parabole du dernier jugement où le Fils de l’homme fait découvrir aux humains qui comparaissent devant Lui qu’il était dans les affamés, les étrangers, les malades et les prisonniers à l’égard desquels ils ont fait preuve de solidarité (Mt 25, 35-36). Je le pense aussi dans l’esprit de ce passage des béatitudes selon Matthieu : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux. » (Mt 5, 10). Ne nous endormons pas quand les nouvelles d’ici ou d’ailleurs nous rendent proches les souffrances et les angoisses de ceux et celles « qui sont persécutés pour la justice », dans ce monde dans lequel nous vivons. En eux et elles, « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde ». Soyons avec Lui.

Le reniement de Pierre (Marc 14, 66-72)

Tandis que Pierre était en bas , dans la cour, l’une des servantes du Grand Prêtres arrive. Voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarde et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec le Nazaréen, avec Jésus! » Mais il nia en disant : « Je ne sais pas et je ne comprends pas ce que tu veux dire. » Et il s’en alla dehors dans le vestibule. La servante le vit et se mit à redire à ceux qui étaient là : « Celui-là, il est des leurs! » Mais de nouveau il niait. Peu après, ceux qui étaient là disaient une fois de plus à Pierre : « À coup sûr, tu es des leurs! Et puis, tu es galiléen. » Mais lui se mit à jurer avec des imprécations : « Je ne connais pas l’homme dont vous me parlez! » Aussitôt, pour la deuxième fois, un coq chanta. Et Pierre se rappela la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit précipitamment; il pleurait.

Nous vivons à une époque où, dans ma génération, il y a eu et il y a encore beaucoup de reniements par rapport aux engagements chrétiens de l’enfance et de la jeunesse. Comme Pierre, nous vivions notre foi en matamores et il ne nous venait pas à l’esprit que, comme Pierre, nous pourrions « tomber » (Mc 14, 29). Évidemment, il n’y va pas de notre seule faute. Nos Églises nous ont transmis l’enseignement de Jésus Christ tout en le reniant elles-mêmes trop souvent. Pourtant, c’est nous, et personne d’autre, qui avons pris nos distances de Jésus Christ, en prenant prétexte des défauts et des fautes de nos Églises. Pierre aussi devait se donner des raisons dans sa tête. Mais il a su laisser parler son cœur. Quand il s’est rendu compte de ce qu’il avait fait, « il pleurait », nous dit le texte. Pleurons sur nos reniements et sur ceux du monde dans lequel nous vivons. Reprenons-nous, comme le fera Pierre. En méditant sur ce reniement, Robert Jacques, un membre de notre Église, a formulé cette magnifique prière : « Seigneur Jésus, que ta grâce chante plus fort que le coq quand, au petit matin, nous découvrons la fragilité de nos paroles. »

La condamnation et la flagellation (Marc 15, 1-15)

Dès le matin, les grands prêtres tinrent conseil avec les anciens, les scribes et le Sanhédrin tout entier. Ils lièrent Jésus, l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs? » Jésus lui répond : « C’est toi qui le dis. » Les grands prêtres portaient contre lui beaucoup d’accusations. Pilate l’interrogeait de nouveau : « Tu ne réponds rien? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. » Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate était étonné. À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils réclamaient. Or celui qu’on appelait Barabbas était en prison avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre pendant l’émeute. La foule monta et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs? » Car il voyait bien que les grands prêtres l’avaient livré par jalousie. Les grands prêtres excitèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas. Prenant encore la parole, Pilate leur disait : « Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs? » De nouveau, ils crièrent : « Crucifie-le! » Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal? » Ils crièrent de plus en plus fort : « Crucifie-le! » Pilate voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et il livra Jésus, après l’avoir fait flageller, pour qu’il soit crucifié. »

Pendant des siècles, des Églises chrétiennes ont fait comme Pilate et se sont lavé les mains de la condamnation et de la torture infligées à Jésus, en reportant la faute sur « les Juifs ». C’était une manière de parler qui faisait comme si tous les Juifs du temps de Jésus et de tous les temps avaient quelque chose à voir avec le jugement que Pilate a rendu, par complaisance à l’égard d’un petit groupe de chefs religieux qui voulaient protéger leur pouvoir sur leur société et leur contrôle sur la pratique religieuse de leurs fidèles. En accusant ainsi les Juifs en général et en encourageant leur persécution, des Églises les ont pris comme boucs émissaires et ont fermé les yeux sur leurs propres comportements, qui reproduisaient ceux de ce petit groupe de chefs religieux du temps de Jésus. Au fil des siècles, elles qui se disaient du Christ ont condamné, torturé et mis à mort comme hérétiques des chrétiens, chrétiennes et personnes de bonne volonté qui cherchaient leur chemin de vérité en marge des doctrines officielles. Ce genre de fondamentalisme religieux, mêlé d’opportunisme politique, sévit encore dans beaucoup de sociétés. Demandons à Dieu de nous en libérer et de nous conduire à cette « religion en esprit et en vérité » pour laquelle Jésus a donné sa vie.

La crucifixion et la mort (Marc 15, 24-37)

Ils le crucifièrent, et ils ‘partagent ses vêtements, en les tirant au sort’ pour savoir ce que chacun prendrait. Il était neuf heures quand ils le crucifièrent. L’inscription portant le motif de sa condamnation était ainsi libellée : « Le roi des Juifs ». Avec lui, ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Et fut accomplie l’Écriture qui dit : ‘et il fut compté au nombre des malfaiteurs’. Les passants l’insultaient ‘hochant la tête’ et disant : « Hé! Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même en descendant de la croix. » De même, les grands prêtres, avec les scribes, se moquaient entre eux : « Il en a sauvé d’autres, il ne peut se sauver lui-même! Le Messie, le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions! » Ceux qui étaient crucifiés avec lui l’injuriaient. À midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « ‘Eloï, Eloï, lama sabaqthani?’ » ce qui signifie : « ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?’ » Certains de ceux qui étaient là disaient, en l’entendant : « Voilà qu’il appelle Élie! » Quelqu’un courut, emplit une éponge de ‘vinaigre’ et, la fixant au bout d’un roseau, il lui ‘présenta à boire’ en disant : « attendez, voyons si Élie va venir le descendre de là. » Mais, poussant un grand cri, Jésus expira.

Jésus est mis à mort en subissant un des supplices les plus cruels qui soient. En proie à des souffrances atroces, ce ne sont pas des paroles de compassion qu’il entend mais des moqueries. C’est le côté sadique de la nature humaine qui se déchaîne, ce côté qui trouve son excitation et sa jouissance à faire souffrir les autres. Cette perversité se retrouve aujourd’hui, partout dans le monde où des tortionnaires se justifient par les ordres qu’ils ont reçus pour exercer leur sadisme. Ainsi soumis à la torture physique et psychologique, Jésus meurt dans la plus grande détresse, au point de se sentir abandonné de Dieu. Son image de crucifié va rayonner à travers l’histoire, pour le salut du monde. Elle va trouver un écho à l’article 5 de la Déclaration universelle des droits humains, adoptée par les Nations Unies, en 1948 : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » Prions pour que, par l’intercession de Jésus Christ crucifié, ceux et celles qui, malgré cette Déclaration, subissent encore aujourd’hui la torture trouvent en Dieu leur refuge.

La mise au tombeau (Marc 15, 42-47)

Déjà le soir était venu, et comme c’était un jour de Préparation, c’est-à-dire une veille de sabbat, un membre éminent du conseil, Joseph d’Arimathée, arriva. Il attendait lui aussi le Règne de Dieu. Il eut le courage d’entrer chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort. Il fit venir le centurion et lui demanda s’il était mort depuis longtemps. Et, renseigné par le centurion, il permit à Joseph de prendre le cadavre. Après avoir acheté un linceul, Joseph descendit Jésus de la croix et l’enroula dans le linceul. Il le déposa dans une tombe qui était creusée dans le rocher et il roula une pierre à l’entrée du tombeau. Marie de Magdala et Marie, mère de José, regardaient où on l’avait déposé.

Joseph d’Arimathée et les deux Marie entrent dans leur deuil en reportant leur affection et leur respect pour Jésus sur son corps inerte et brisé par la torture. Au risque de se faire identifier comme un disciple, le notable Joseph a  le courage  de réclamer son corps, pour lui donner une sépulture décente. Les deux Marie observent où se trouve le tombeau, pour venir embaumer le corps, une fois le sabbat passé. Pour sentir le désarroi et la peine de ces trois-là, il faut penser qu’à ce moment-là, ils ne voient pas venir, comme nous, le dimanche de Pâques. Mais au milieu de nos peines et de nos deuils à nous, le voyons-nous vraiment venir ce dimanche? En ce temps de Carême, portons avec Jésus les croix de nos vies en pensant aux Pâques qui viendront au bout de nos peines. Amen.

1 Blaise Pascal. Pensées. Texte de l’édition Brunschvicg. Paris, Garnier, 1958 : p. 210.

Par Gérald Doré, pasteur bénévole associé

Église Unie Saint-Pierre et Pinguet – Culte du dimanche 11 mars 2018

LECTURES BIBLIQUES

Marc 14, 10-11; 14, 32-37; 14, 66-72; 15, 1-15; 15, 24-37; 15, 42-47

Un commentaire

  1. Pierre Paré says: · ·Répondre

    Merci, Gérald de ce ressourcement spirituel.

    Joyeuse Pâques à toute la communauté de St-Pierre et Pinguet .

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