À qui la rue ? À Jésus la rue !

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Ce 1er des 150 psaumes de la Bible est lu par plusieurs commentateurs comme une introduction à la vie, personnelle et sociale, matérielle comme spirituelle puisque toutes ces dimensions sont imbriquées dans la conception biblique de l’humain. Heureux qui ne prend pas le parti des méchants, ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs et ne s’assied pas au banc des moqueurs, mais qui se plaît à la loi du SEIGNEUR.[1] Et le texte se termine par ses mots : le SEIGNEUR connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perd.[2] Bien, c’est clair. Le choix est nôtre. Y’a qu’à le faire… comme on se fait dire parfois lorsque nous sommes confrontés à un problème… Y’a qu’à !

Méchants, pécheurs, moqueurs : un chemin que nous ne voulons pas parcourir, un lieu où nous ne souhaitons pas nous arrêter encore moins demeurer en permanence. Notre présence à notre assemblée ce matin témoigne que nous avons déjà entendu l’exhortation du psaume et que nous nous plaisons à la loi du SEIGNEUR. Là où ça se complique c’est que bien nous parvenions la plupart du temps à éviter de nous enliser dans la méchanceté, en devenant insensibles et indifférents, nous n’en sommes pas pour autant définitivement dégagés. Y’a qu’à ? Oui, mais non. L’apôtre Paul, si ardent et passionné pour la loi du SEIGNEUR soit-il, avoue sans pudeur : vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais.[3] De même le prophète Jérémie entendu en début du culte, Fourbes plus que tout sont les pensées, incorrigibles, qui peut les connaître?[4] Y’a qu’à ? Pas vraiment.

Les sciences humaines et sociales, la neuropsychologie, la psychanalyse ont identifié des processus complexes à l’œuvre dans les comportements humains, individuels et collectifs; ces processus n’expliquent en rien le pourquoi de la méchanceté et du mal, mais étudient plutôt la manière dont ces tares se transmettent et se perpétuent, jusqu’en dans l’ADN, le code génétique, de génération en génération. Pour paraphraser la chanson de Daniel Boucher, on a la désise[5], on est tous une gang de malade[6].

Choisir le chemin des justes[7], ne pas s’arrêter sur le chemin des pécheurs[8] est à refaire chaque jour, rien n’est acquis. En eux-mêmes, nos efforts de réciter la loi du SEIGNEUR jour et nuit[9] expriment notre aspiration mais ne changent pas notre condition. Nos œuvres seules ne peuvent prodiguer la guérison et le renouveau. Mais courage, frères et sœurs! Le constat Y’a qu’à, j’le sais mais j’peux pas! devient une invitation à bouger hors de nous, à sortir dehors, à abandonner notre repli sur nous-même sinon notre déprime mortifère. Alors, à notre tour, nous faisons l’expérience décrite dans le texte de Luc, qu’une foule de ses disciples… une multitude du peuple étaient venus pour entendre Jésus et se faire guérir de leurs maladies, d’esprits impurs…[10] C’est dans la relation de proximité à Jésus, désormais Christ ressuscité et présent dans toute réalité, que, par la foi, circule cette énergie continue  de guérison et de purification, la puissance de la grâce, l’Esprit divin qui nous greffe littéralement au règne de Dieu comme membres du corps du Christ. Toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous[11].

Encourageons-nous mutuellement à persévérer; trouvons réconfort et aide dans cette petite foule de disciples que nous formons, dans le témoignage de nos vies et l’exemple de persévérance sur le chemin des justes que le Seigneur connaît. Nous y avançons jour après jour, par pure grâce et selon la promesse, tel un arbre planté près des ruisseaux qui donne du fruit en sa saison et dont le feuillage ne se flétrit pas. Formant humblement mais réellement une communauté de foi, une Église qui se veut unie dans ses diversités, nous aspirons à une vie de disciple dynamique par une spiritualité profonde dans une quête audacieuse de justice.

Il y a dix ans la fougue de la jeunesse québécoise nous a rappelé cette soif d’équité et de sollicitude qui doit animer notre société et nos vies personnelles et qui devrait engager les choix de notre vie. Des milliers de personnes se sont mobilisées pendant quelques semaines au cours du printemps érable ; certains parmi nous y étaient. Je termine cette méditation en reformulant le slogan qui scandait l’espérance d’une vie et d’un monde différent : À qui la rue ? À Jésus la rue! lui qui est chemin, vérité et vie[12]. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 1

Jérémie 17, 5-10

Luc 6,17-19

[1] Psaume 1,1-2

[2] Psaume 1,6

[3] Romains 7,18-19

[4] Jérémie 17,9

[5] Daniel Boucher, paroles de la chanson La désise

[6] Daniel Boucher, La désise, vidéo clip officiel

[7] Psaume 1,6

[8] Psaume 1,1

[9] Psaume 1,2

[10] Luc 6,17-18

[11] Luc 6,19

[12] Jean 14,6

 

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *