­Une histoire déroutante

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

trois roisLes célébrations sont terminées. La visite du temps des fêtes est partie. Là, il est temps que les choses reviennent à la normale. Il est temps de reprendre nos habitudes…n’est-ce pas ? Et non, nous répond l’Évangile de Matthieu. La vie sur « le chemin » — le premier nom donné au mouvement inspiré par Jésus – n’est pas une petite vie bien rangée…le train train quotidien où tout est ordonné et prévisible. Celui qu’on connait sous le nom de Matthieu est très clair là-dessus.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

L’Évangile de Jésus Christ est une histoire déroutante… du début à la fin. Et ce matin, ça commence par le roi Hérode. Pensez-y. C’est lui le roi. Et Matthieu nous dit que, même avec toutes ses richesses, tout son pouvoir, l’annonce de la naissance d’un enfant, petit et vulnérable, le déroute complètement… et tout Jérusalem avec lui ! Et là, ce petit détail ME déroute, à mon tour parce qu’il me rappelle que, même si nous avons l’impression de n’avoir aucun pouvoir, que nos petits gestes quotidiens ne comptent pas dans la balance cosmique, nous ne sommes jamais aussi impuissants qu’il n’y parait. Comme l’extrait de la lettre aux Corinthiens nous le dit, « ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort. » Si un nouveau-né peut faire trembler un roi…nous qui vivons aujourd’hui dans le Christ, nous aussi, dans notre faiblesse, nous sommes appelés à vivre de manière à dérouter les puissants de ce monde ! Non…pas de petite vie tranquille pour ceux et celles qui embarquent sur le chemin ! Ce serait carrément  freakant si on n’était pas sur d’être guidés tout le long. Car c’est ça aussi le message de l’histoire des mages.

Et en parlant des mages… Voilà un autre détail de ce récit qui me déroute. Les mages d’Orient, ce sont les autres. Les gens d’ailleurs qui viennent nous révéler quelque chose sur le Dieu unique et, par le fait même, quelque chose sur nous-mêmes en tant qu’enfants de Dieu. La présence des mages élargit les horizons du peuple de Dieu. Et leur présence à la crèche me rappelle combien on a besoin des autres pour grandir dans la foi. La présence des mages me déroute et m’invite à ne pas avoir peur de sortir des sentiers battus et d’entrer authentiquement en dialogue avec d’autres.

Ce n’est pas uniquement la présence des mages qui me déroute… c’est aussi leur présents. Ils apportent de l’or, ce qui symbolise qu’ils accueillent l’enfant de Bethléem comme un roi. Ce présent soulève une question dérangeante. Le Christ règne-t-il vraiment dans nos vies ? Qu’est-ce que nous voulons dire, concrètement, quand on dit qu’il est le conseiller, le guide, le chef de notre vie ? Notre première allégeance est à qui ? Le Christ qui fait trembler de peur les puissances et les principautés ou ceux et celles qui nous offrent le faux confort et la fausse tranquillité d’une petite vie tranquille ?

Ensuite il y a de l’encens, symbole de nos prières qui montent au ciel…et il n’y a jamais de fumée…sans feu…dans ce cas-ci, il s’agit d’une autre question brûlante : qu’en est-il de notre vie de prière ? J’ai une petite routine spirituelle, une discipline de prière régulière. Mais si je devais vraiment sortir de mes zones de confort pour aller au plus loin dans ma quête de Dieu, pour accomplir sa volonté dans ma vie… jusqu’où serais-je prête à aller ?

Ceci m’amène au troisième présent – le plus déroutant de tous – la myrrhe. C’est une gomme résine aromatique utilisée pour son parfum – et par certains pour l’onction des morts. Même à la lueur de l’astre de l’orient, l’ombre de la croix se dessine à l’horizon. l’Enfant de Bethléem grandira et nous dira : «  Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux et celles qu’il aime. » Saurons-nous le suivre jusqu’au bout de sa mission… et la nôtre ? Saurons-nous faire du bien commun notre priorité ? Nous qui sommes – mêmes les plus pauvres et les plus démunis parmi nous – si privilégiés relativement à la vaste majorité de nos frères et sœurs, saurons-nous nous dessaisir de notre vie « normale » afin que d’autres puissent avoir accès à la vie abondante offerte en Jésus Christ, notre juge et notre espérance ?

Oui l’Enfant de Bethléem est notre juge. Sa vie est la mesure de notre vie. À sa venue dans notre monde et notre vie saurons-nous répondre comme les mages ? Une autre question soulevée par ces visiteurs de la dernière heure. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’à toutes ces questions déroutantes, le Christ nous offre une réponse rassurante, pleine d’espoir pour une vie au-delà de la vie dite « normale ».

L’auteur que nous connaissons sous le nom de Matthieu a écrit son Évangile, du moins en partie, pour tenter de répondre à des questions qui troublaient ses contemporains. À cette époque-là, des juifs qui confessaient leur foi en Jésus étaient exclus de la synagogue et souvent chassés de leur famille. Par conséquent il leur était impossible de vivre et de prier comme il se devait. Cela signifiait-il qu’ils n’étaient plus héritiers des promesses de leurs ancêtres dans la foi ? Et que dire des non-juifs qui, eux aussi, reconnaissaient Jésus comme leur Seigneur et leur roi ? N’étant pas nés Juifs, comment pouvaient-ils être admis au même héritage ? Toutefois, l’histoire des mages nous l’illustre très bien : la foi n’est nôtre de part notre naissance, ou nos pratiques religieuses. La foi est un don du ciel. Et notre vie, c’est notre réponse à ce don gratuit. Les mages n’avaient pas passé toute leur vie enfermés dans une bibliothèque à scruter les Écritures. Ils doivent demander l’avis des experts pour savoir comment trouver celui qu’ils adoreront. Mais, au bout du compte, ce sont ces étrangers qui accueillent le don du ciel…qui trouvent celui qu’ils cherchaient et qui reconnait en lui le Messie, l’oint de Dieu qui est la lumière, non pas d’un groupe sélect, mais de toutes les nations. Et cette découverte fait basculer leur vie. Elle les renvoie auprès des leurs par un autre chemin. Leur rencontre avec l’Enfant de Bethléem réoriente la vie de ces sages venus d’Orient. Dieu soit loué, rien ne sera plus pareil… ni pour eux… ni pour nous. Ainsi soit-il. Amen !

Par Darla Sloan, pasteure

Le 3 janvier 2016 – Épiphanie C10 – Église unie St-Pierre

 

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 147, 1-12

1 Corinthiens 1, 26-31

Matthieu 2, 1-12

 

Darla

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *