La vraie vigne et les vrais sarments : comment reconnaitre les vrais disciples de Jésus ?

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

« Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples. » (v. 8). Si on reconnait les vrais disciples de Jésus à leurs fruits, est-ce que je suis assez productive ?  Ou est-ce que je vais être jetée dehors… comme un vieux sarment… du bois mort ? Pris tout seul, hors contexte, j’entends ce verset comme un jugement, presqu’une menace. Dans ce verset, il y a de quoi déclencher une vraie crise d’anxiété de performance en moi. Mais une telle interprétation ne tient pas de bout si on prend ce verset dans son contexte, en plein milieu du discours d’adieu où Jésus essaie de rassurer et d’encourager ses disciples avant sa mort. Il y a quelques versets à peine il leur a dit : « Que votre cœur ne se trouble point » (Jean 14, 1). Comment est-ce que Jésus pourrait nous dire de ne pas nous troubler et ensuite nous donner toutes les raisons d’être troublés ? Cela ne cadre pas du tout avec mon imageni avec mon expérience personnelle de Jésus, Lui qui nous aime comme Dieu l’a aimé. Si souvent, c’est lui qui calme mes peurs et apaise mes angoisses. D’après mon expérience, la productivité sans bornes, et la culture de burnout qu’elle produit, n’ont rien à voir avec la vie abondante que Jésus est venu nous donner.  Et pis, il me semble que dans le monde d’aujourd’hui, nous savons que favoriser des monocultures surabondantes, c’est tout sauf bon pour la planète, ce monde que Dieu aime tant.

En quoi cet extrait de l’Évangile de Jean est-il une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui ? Je me suis dit que je trouverais peut-être des pistes de réponse en essayant de mieux comprendre la viticulture. Ce qui était peut-être une évidence pour les premiers disciples qui vivaient très proche de la terre, est un mystère pour une fille de la ville, comme moi. Alors je suis partie à la recherche de viticulteurs… sur YouTube. (Pour en rencontrer un cliquez ici.) Et ils m’ont appris des choses fort intéressantes.

Premièrement, si on émonde les sarments, c’est parce qu’on s’est rendu compte que les vignes qui avaient été broutées par les animaux produisaient une meilleure récolte… généralement moins de fruits… mais du fruit plus gros et plus goûteux.  Je suis tout de suite retournée voir le texte de l’Évangile d’aujourd’hui. Effectivement, les mots utilisés pour parler du fruit que portera les disciples de Jésus, peuvent évoquer non seulement un grand nombre de fruits mais aussi du fruit de grosse taille ou de qualité supérieure. Se peut-il que Jésus nous exhorte non pas à faire plus, mais à faire mieux, à produire moins de raisins mais des raisins de meilleure qualité ?

Les viticulteurs que j’ai croisés sur la Toile s’entendent pour dire que la taille de la vigne, c’est un art. La taille oriente la croissance et la production sur plusieurs années. Pour produire du fruit de qualité, on n’émonde pas n’importe comment. Il faut connaitre sa vigne et sa terre. Il faut tailler de façon à limiter la croissance démesurée, à favoriser à la fois un bon rendement en fruits et une bonne couverture végétative… car c’est le feuillage qui protège les raisins du soleil. De plus, il faut tailler au bon moment et de la bonne manière pour protéger la vigne contre les maladies et les infections. Produire du fruit de qualité supérieure nécessite une bonne santé globale ! Et tout cela dépend de la taille.

« Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. » (v. 1-2) Pour porter du fruit de qualité supérieure, il nécessaire de procéder régulièrement à une coupe sélective. Les sarments qui sont coupés ne sont pas nécessairement malades, ou paresseux, ou mauvais. Ils ont peut-être simplement donné ce qu’ils avaient à donner. Essayer d’être productif sur tous les plans, c’est ça, la croissance démesurée qui sape l’énergie vitale et fait en sorte que tous les fruits soient plus petits, plus amers, de moins bonne qualité. Et oui, à l’époque de Jésus, on brulait les sarments coupés. Aujourd’hui, souvent ils sont coupés en petits morceaux ou compostés. D’une façon ou d’une autre, ils retournent à la terre et nourrissent la vie autrement.

Pour les sarments que nous sommes, la question se pose : qu’est-ce qui sape notre vitalité ? Il y a certainement la pandémie. Les experts dans tous les domaines le disent, le danger que représente la Covid-19 rend tout le monde moins productif, tout le monde : les petits et les grands, les élèves, les employés, les bénévoles, les aidants. La pandémie mise-à-part, est-ce qu’il y a des aspects de notre vie personnelle et communautaire qui sont devenus stériles ? Quelles habitudes, quelles attitudes ne nous servent plus, nous fatiguent, nous épuisent, sapent notre énergie et nous empêchent de nous développer dans d’autres directions… vers une vie plus savoureuse, une vie de meilleure qualité ? Est-il temps de demander au vigneron de faire un peu d’émondage ? Qu’est-ce qu’on peut retourner à la terre, recycler, composter ? Qu’attendons-nous ? Il ne nous manque rien.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance » (v. 5) Il y en a qui, pour toutes sortes de raisons, se détachent de la vigne. Toutes sortes d’épreuves et de traumatismes, de problèmes et de persécutions peuvent en être la cause. Mais on peut aussi faire des greffes à la vigne.  Tous ceux et celles qui demeurent en Jésus porteront du fruit en abondance. Ici, nous voyons que la vie de disciple n’est pas une question de bonnes actions, de bonne théologie ou de bons rituels. C’est une question de demeure… de résidence permanente… de l’endroit où… ou plutôt de la personne en qui… nous sommes enracinés. C’est une question d’hospitalité, de la place que nous accordons à Jésus et à sa parole dans nos vies.

« Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite. » (v. 3). Le mot traduit ici par « émondés » signifie « purifiés ». Nous savons que la question de la pureté était très importante à l’époque de Jésus. Notez bien, ici aussi, ce n’est ni nos actions, ni nos pensées, ni nos croyances, ni nos rituels qui nous purifient, qui nous émondent. C’est la parole de Jésus qui nous prépare à produire du fruit de qualité… et pas n’importe quel fruit !

Le fruit que nous produirons, ce ne sont pas nos œuvres mais celles de l’Esprit, la sève qui circule en tous les sarments. La lettre aux Galates nous le rappelle, les fruits de l’Esprit sont, l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi (la confiance en Dieu), la douceur, maîtrise de soi. » (Galates 5, 22-23) Voilà ce qui glorifie Dieu. Et voilà une vraie bonne nouvelle ! Il n’y a rien dans la production de ces fruits qui risque de nous brûler ou nous épuiser. Au contraire ! Cela ne peut que nous revitaliser, nous vivifier… et non seulement nous, mais le monde entier. Voilà ce qui rend gloire à Dieu. Voilà à quoi on reconnait les vrais disciples de Jésus.

« Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples. » (v. 8). Tout à coup, j’entends ce verset comme une promesse. Nous qui demeurons en Jésus, qui sommes émondés par sas parole, nous produirons du fruit en abondance, tout naturellement, par la grâce seule et pour la transformation de ce monde que Dieu aime tant. Amen.

 

LECTURE BIBLIQUE

Jean 15 : 1-10

 

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