Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos… (Matthieu 11.28)

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Notre récit commence par « en ce temps-là, Jésus prit la parole et dit… ». La formule « Jésus prit la parole et dit » est une tournure spéciale qui annonce que quelque chose de particulièrement important ou solennel va suivre. Quant aux tout premiers mots « en ce temps-là », ils attirent notre attention sur l’importance du contexte dans lequel l’ensemble de la séquence se déroule.

Notre défi aujourd’hui consiste à décider si la Bonne Nouvelle «en ces temps-là » est de même une bonne nouvelle « en ces temps-ci » pour nous, ici et maintenant. L’enseignement et l’appel de Jésus ont-ils encore quelque chose à faire avec nous, ou bien est-ce seulement une histoire, intéressante certes, peut-être, mais qui ne nous touche pas vraiment? L’enjeu de « ces temps-là » peut-il être un enjeu actuel pour nous, aujourd’hui et ici? En d’autres termes, pouvons-nous nous identifier aux personnes auxquelles Jésus s’adressait et reprendre à notre compte l’invitation qu’il leur lançait? 

C’est cela LA QUESTION!

Le message de Jésus tellement important qu’il est préfacé par une tournure bien spécifique, est-il encore une bonne nouvelle pour nous? A-t-il encore quelque pertinence dans nos vies de tous les jours au point que nous y trouverions de la joie, de l’encouragement, de l’espoir et de l’enthousiasme? Considérons-le de plus près.

D’abord, Jésus loue Dieu pour sa bienveillance. La bienveillance de Dieu c’est « d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits ». Qu’est-ce donc « cela »?

Cela, c’est le secret de la relation véritable entre le Père et le Fils. Pareille connaissance, c’est à dire entrer dans l’intimité profonde du Père et du Fils, ne s’acquiert point par l’érudition, la sagesse ou l’intelligence. Jésus en parle d’une manière eschatologique, c’est une révélation qui tient aux fins dernières et qui n’a que fort peu à faire avec la philosophie ou les salons de discussions religieuses.

C’est quelque chose qui est révélé (comprenons : que Dieu choisit de révéler) aux tout-petits. C’est à dire aux disciples dont il était question la semaine passée; vous savez, ceux et celles qui étaient mis au défi d’aimer Jésus plus que père ou mère, fille ou fils; qui avaient pris la responsabilité de porter leur croix et de le suivre; bref, avaient renoncé à leur propre vie pour la lui offrir. C’était de pauvres bougres, bien ordinaires.

S’il vous semble que le Dieu de Jésus Christ a une option préférentielle pour les gens que la société tend à mépriser et à ne pas considérer, à cause de leur vulnérabilité et de leur fragilité, vous n’avez sûrement pas entièrement tort. Vous avez même mis en plein dans le mille! A ces personnes exposées et qui n’en peuvent mais, Jésus dit : « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos ». 

« En ces temps-là », comme en ces temps-ci, des personnes qui ont le dos contre le mur entendent cette parole comme Bonne Nouvelle. Ces personnes-là n’ont pas le luxe de faire semblant. Leurs conditions de vie leur imposent de reconnaître la réalité (realidad) que sans la grâce de Dieu, elles sont à tout jamais perdues; elles n’ont pas d’autre recours. Alors, elles reconnaissent et vivent avec reconnaissance leur dépendance totale en Dieu.

Aujourd’hui et comme par hasard la plupart de ces personnes-là se trouvent dans les endroits où l’Eglise continue à grandir dans la ferveur. Ce sont des régions où les gens ont la vie dure; où il n’est pas évident de pouvoir faire bouillir la marmite ou de mettre quelque chose sur la table pour nourrir tous ces « bouts de bois de Dieu » (comme dirait l’écrivain Sembene Ousmane) entassés dans des logis exigus.

Qu’est-ce à dire?

Que nous devrions faire l’apologie de la pauvreté et verser dans le misérabilisme? Non! Ce serait faire une grave offense à Dieu et totalement comprendre de travers la vision du Royaume des Cieux, qui promeut des relations justes et équitables. La pauvreté en tant que telle n’a rien de sacré et la misère est loin d’être sainte. Toutes les deux sont, en grande partie, le résultat de rapports humains pétris au fil du temps d’exploitations et d’abus des plus faibles par les plus forts.

S’il ne s’agit pas de faire l’éloge de la misère humaine, il faut, au demeurant, se garder d’oublier que ce que nous avons nous a été donné, à moins que nous ne l’ayons pris… de gré ou de force. L’aisance matérielle mal vécue peut devenir une malédiction qui nous couperait les uns des autres. De plus, quand Jésus parle de fardeau, il y a certes le fardeau des difficultés à joindre les deux bouts. Il faisait allusion également à un autre genre de fardeau, un fardeau d’ordre moral et spirituel. Un fardeau que les responsables religieux faisaient peser sur la conscience de ceux et celles qui s’en remettaient à eux.

Aujourd’hui, endormi/es dans la torpeur et le confort des paradis artificiels, nous pouvons nous donner l’illusion qu’aucun fardeau ne nous pèse. Franchement? Si nous sommes honnêtes, il serait étonnant de ne pas ressentir le poids d’un fardeau qui nous fait ployer. La libération nous en est offerte! La question est de savoir si nous reconnaissons en avoir besoin.

Libéré/es, nous sommes invité/es à devenir des agents de solidarité pour aider à alléger d’autres fardeaux, par la puissance de l’Esprit de celui qui nous dit : je suis humble et doux de cœur, prenez sur vous mon joug et suivez mes enseignements.

Seigneur, fais nous la grâce de nous reconnaître parmi les « tout-petits » auxquels tu révèles qui tu es et qui ton Père, notre Père, est. Donne-nous la simplicité et l’humilité de te remettre le poids du fardeau qui nous pèse, toi dont le joug est si facile! Et aide-nous à ne pas en créer d’autres à tes enfants!

 Que ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre, écoutent! 

 

Samuel Vauvert Dansokho

Eglise Unie St Pierre et Pinguet

Québec, le 06 juillet 2014

Ecritures

Zacharie 9.9-10

9Tressaille d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi s’avance vers toi ; il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne – sur un ânon tout jeune.

10Il supprimera d’Ephraïm le char de guerre et de Jérusalem, le char de combat. Il brisera l’arc de guerre et il proclamera la paix pour les nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre et du Fleuve jusqu’aux extrémités du pays.

Matthieu 11.25-30

25En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits.

26Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance.

27Tout m’a été remis par mon Père. Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.

28« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. 29Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. 30Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. »

 

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