Soyons purement et doucement nous sommes

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Vous êtes, nous sommes, le sel de la terre, la lumière du monde. Avez-vous remarqué ? Jésus ne parle ni au futur, ni au conditionnel. Il n’y a pas de « si vous faites ceci… ou si vous faites cela… ». Il dit : « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. » Vous avez tout ce qu’il vous faut pour faire toute la différence.  Une petite pincée de sel, un peu de lumière, c’est tout ce que ça prend pour tout changer ! Point. Je pourrais même m’arrêter là. Mais je me permets quand même quelques commentaires.

« Vous êtes le sel de la terre… la lumière du monde ». Qu’est-ce que Jésus veut dire au juste? Commençons par le sel. Dans l’antiquité, le sel était une commodité qui avait plusieurs usages dans l’antiquité mais qui était une denrée plutôt rare, donc d’une grande valeur. Le mot « salaire » vient du mot latin « salarium » (sal voulant dire sel). Apparemment, dans l’Empire romain, une partie de la solde des soldats et un bon nombre d’échanges se faisaient avec du sel. En nous disant que nous nous sommes le sel de la terre, Jésus veut-il affirmer que nous avons du prix à ses yeux ?

Vous êtes le sel de la terre. Ce qui compte, c’est la terre, c’est le monde. Et qu’est-ce que ça fait du sel ? Ça conserve les aliments; ça désinfecte; ça nettoie et enlève les tâches; et ça rehausse la saveur.  Nous sommes faits pour nettoyer, pour désinfecter un peu notre monde. Nous avons ce qu’il faut pour rehausser la saveur de la vie pour nos frères et sœurs. Nous avons ce qu’il faut pour favoriser la guérison de leurs blessures. Nous avons ce qu’il faut pour faire du monde un lieu où la vie ne se gâte pas, un lieu où la vie, au contraire, est bonne pour toutes et tous… et pour longtemps à part ça !

Si nous avons l’impression d’être petits, impuissants, rappelons-nous que nous ne sommes pas seuls. Jésus ne s’adresse pas aux grains de sel individuels. Il parle à la deuxième personne du pluriel. Ensemble, nous pouvons changer les choses. Et n’oublions pas qu’une petite pincée de sel suffit pour rehausser la saveur.

La première communauté chrétienne n’était pas si différente de la nôtre : petite, fragile, sans grands moyens, ni influence, méprisée, ridiculisée, persécutée pour sa foi. Sa force était justement dans sa faiblesse, dans sa différence par rapport à la société ambiante. J’ose croire que la fragilité de l’Église aujourd’hui est justement une bénédiction, une occasion à saisir à pleines mains. C’est l’occasion de se repentir, de changer de comportement et de direction et de s’approcher davantage du Royaume de cieux.

Qui est bienheureux, qui est béni ? Qui verra Dieu ? Qui entrera dans le Royaume des cieux ? Pas les forts, les puissants, les riches, les célèbres, ceux et celles qui se hissent aux premières places. Jésus nous l’a dit la semaine dernière : « Heureux les pauvres de cœur, les doux, les cœurs purs, les gens qui pleurent, qui ont faim et soif de la justice, ceux et celles qui font œuvre de paix. » (Matthieu 5, 3-10)

Il est vrai. Trop, c’est comme pas assez. Trop de sel rend un repas immangeable. Trop de sel et nos risques de problèmes cardiovasculaires augmentent. C’est une question de dosage. Mieux vaut aller mollo pour s’ajuster par la suite. Mieux vaut aller mollo et laisser les gens discerner ce qui est bon pour eux. (C’est ce que nous faisons à table chez nous. C’est quelque chose que l’Église n’a pas toujours su faire).

Il en va de même pour la lumière. Dans la noirceur, la moindre petite lumière est visible, peut suffire pour nous indiquer le chemin, une porte de sortie. Mais à trop forte intensité, la lumière nous aveugle (Comme les gros camions avec leurs phares.)

Trop, c’est comme pas assez ! Et il faut se l’admettre, la communauté des disciples de Jésus, n’a pas toujours su doser son sel et sa lumière. Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin, les fils d’actualité en sont pleins! Pourtant, Jésus nous a prévenu : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et les pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. »

Nous devons faire mieux que les gens qui sont bons pour interpréter les Écritures et pour dicter aux autres un code de conduite… sans que leurs bottines suivent leurs babines pour autant. Il ne suffit pas de pratiquer sa religion. Il ne suffit ni de venir au temple, ni de faire des offrandes, ni d’accomplir certains rites de passage, ni même d’étudier les Écritures. Il faut que ça fasse une petite différence dans le monde… juste assez… pas trop! Par le passé, souvent l’Église du Christ n’est pas allée avec le dos de la cuillère. Et le sel qu’elle offrait au monde était tout sauf pure. Il était contaminé de toutes sortes d’impuretés. Et la lumière qu’elle apportait n’était pas la vraie lumière (Jean 1, 9). Parfois le peuple de Dieu s’éloigne du Royaume plutôt que de s’en rapprocher.

Plus ça change… Au temps du prophète Ésaïe et des générations qui ont rédigé et révisé le livre qui porte son nom, il y en a qui croyaient qu’il suffisait de pratiquer pour être sauvés de tout danger. Il ne suffit pas de pratiquer. Il faut aussi vivre de façon cohérente. Non, nul n’est sauvé par ses œuvres mais cette grâce intérieure, quand elle est vraie, change notre façon de vivre. Prier, jeûner, n’est pas mauvais en soi. Mais ça doit nous conduire, tous ensemble, à dénouer les liens de la méchanceté, à mettre en pièces tous les jougs à partager notre pain, à héberger les sans-abris à habiller les nécessiteux, à éliminer le doigt accusateur, la parole malfaisante (Ésaïe 58, 5-12). C’est ainsi que nous entrerons dans le Royaume des cieux. C’est ainsi que nous vivrons selon la loi que Jésus est venu accomplir. Entrer dans le Royaume de Dieu, respecter les commandements, du plus petits au plus grand, n’est pas au-dessus de nos forces. Jésus lui-même résumera son enseignement ainsi : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux. C’est la Loi et les Prophètes. » (Matthieu 7, 12)

Ce n’est pas nouveau que le peuple de Dieu se trompe… qu’il ne sait pas doser sa présence au monde. Nos ancêtres en mettaient parfois un peu… pas mal… trop de sel et de lumière. Et du sel et de la lumière mauvais goût, à part ça. Aujourd’hui, il me semble que, de notre côté, ne voulant tellement pas gâcher la sauce ou aveugler les gens, nous allons avec pas mal… et peut-être trop… de parcimonie. Il arrive que notre sauce est un peu fade et que notre lumière est faible.

Mais c’est notre chance ! Dans le monde comme en cuisine, il est toujours plus facile d’ajouter un peu de sel que d’en enlever. Allons avec douceur et humilité, avec un cœur pur qui pleure les erreurs du passé avec un repentir sincère qui corrige le tir. Notre lumière poindra comme l’aurore. Par sa grâce, sans cesse le Seigneur nous guidera. Nous réparerons les dévastations du passé et toutes et tous entreront dans Royaume des cieux. Soyons purement et doucement ce que nous sommes. Par sa grâce, Dieu fera le reste. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Ésaïe 58, 5-12

Matthieu 5, 13-20

 

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