Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ?

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Jésus a dit que le Royaume des cieux appartient aux gens qui sont comme des enfants. (Matthieu 19, 14). Les exégètes ont beaucoup écrit sur les qualités des personnes à qui appartient le Royaume. On mentionne, par exemple, la confiance, la simplicité des enfants; le fait que les enfants dépendent des autres; qu’ils n’ont aucune illusion d’autosuffisance. Ce n’est pas faux. Cependant, à mon avis, il y a au moins un autre trait caractéristique des enfants que devrait adopter toute personne désireuse de voir le Royaume de Dieu, celui de poser plein de questions ! Qui a côtoyé des enfants sait très bien ce que je veux dire : « Maman, Papa, Pourquoi ? Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? »

Questionner, se questionner, se remettre en question, c’est le début du discernement, me semble-t-il. Paul nous exhorte à nous laisser transformer par le renouvellement de notre jugement afin de discerner la volonté de Dieu, ce qui est conforme à ses desseins, en d’autres mots ce qui nous fera voir le Royaume. Questionner est le début du discernement parce que c’est ainsi qu’on s’ouvre à la transformation de notre façon de voir et de comprendre le monde. Nul n’est plus loin du Royaume de Dieu que celui ou celle qui ne se pose plus de questions, celui ou celle qui pense avoir toutes les réponses, détenir la vérité. Car, comme Ésaïe nous le rappelle, notre Dieu est le Dieu qui va faire toutes choses nouvelles. Le monde présent n’est pas le seul monde possible. Dieu renouvelle sans cesse la Terre et les cieux de sorte que les humains et mêmes les bêtes sauvages lui rendent gloire. On pourrait y voir une preuve pour se péter les brettelles : Dieu est protestant ! L’Éternel est, depuis toujours, en réforme ! Ainsi parle le Seigneur, « Ne vous souvenez plus des premiers événements, ne ressassez plus les faits d’autrefois. Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne » (Ésaïe 43, 18-19) Si Dieu ne nous réservait plus aucune surprise, Dieu cesserait d’être Dieu. Avoir la foi ne signifie pas qu’on ne se pose plus de questions. Bien au contraire. Dans tous les extraits de l’Évangile de Jean que nous lirons au cours des prochaines semaines, on le verra très bien : ce sont nos questionnements qui nous permettent d’approfondir notre foi, d’avancer dans la foi.

Ce matin, nous sommes témoins de la rencontre entre Jésus et Nicodème. Pourquoi spécifier que cela se passe « de nuit » ? Est-ce pour signifier que Nicodème ne voit pas très clair, qu’il ne voit pas comme on voit en plein jour quand tout est élucidé ? Nicodème a-t-il peur de s’afficher au grand jour ? Que penseraient ses pairs s’ils savaient que Nicodème s’intéressait à Jésus ? Nicodème, c’est un homme de l’establishment religieux de son époque. Côtoyer Jésus serait sans doute risqué à plusieurs niveaux, n’est-ce pas ? Je n’ai pas de réponse définitive à ses questions mais continuons à creuser cette histoire…

Mais Nicodème est curieux. Il est persuadé que Jésus vient de Dieu mais il veut tirer ça au clair. Cependant la rencontre entre Jésus et Nicodème soulève plus de questions que de réponses. Qu’est-ce que Jésus veut dire au juste ? Comment est-ce possible ? Non, venir à Jésus ne signifie pas la fin des questions. Et, à en juger par l’exemple de la vie de Nicodème, la transformation de notre jugement, de notre façon de voir et de comprendre le monde est un long processus qui se fait par étapes, par l’Esprit qui travaille en nous et parmi nous.

Combien de temps Nicodème a-t-il réfléchi avant d’aller voir Jésus ?  Qu’est-ce qu’il a ressenti après cette première rencontre ? Là non plus, je n’ai pas de réponses à vous donner mais j’imagine que cette rencontre a dû étancher une certaine soif spirituelle en Nicodème. Je l’imagine rayonnant de joie, un chant de louange sur ses lèvres. Ésaïe ne nous dit-il pas que c’est ainsi quand Dieu fait du neuf ? Les bêtes sauvages, comme les humains, louent le Seigneur, lui rendent gloire. Si nous le regardons attentivement, c’est ce que nous verrons chez Nicodème au fur et à mesure que l’Esprit le transforme.

Au septième chapitre de l’Évangile de Jean, ce pharisien qui est allé seul voir Jésus de nuit, ne se gêne pas pour rappeler des prêtres et d’autres Pharisiens qui cherchaient à faire arrêter Jésus que la loi leur impose de donner à Jésus une audience équitable avant de le condamner (Jean 7, 32-52). Au chapitre 19, Nicodème n’a plus peur de s’afficher au grand jour. Il fournit de grandes quantités d’onguents coûteux pour l’enterrement de Jésus… et déclare à tous ceux qui ont des yeux pour le voir sa dévotion intime et extravagante au Christ (Jean 19, 39). En ce faisant, il rend gloire à son Dieu. Nicodème est né et il naît à nouveau… encore et encore.

Discerner la volonté de Dieu, ce qui est conforme à ses desseins éternels, se laisser transformer par le renouvellement de notre jugement est un long processus… porteur de vie et souvent de beaucoup de joie. Mais ça peut aussi être douloureux….

Je pense que c’est la raison pour laquelle Jésus parle de naissance pour évoquer la manière dont nous entrons dans le Royaume de Dieu. Une naissance souhaitée, attendue dans la joie, ne se fait pas sans travail, sans douleur. Il en est de même pour notre nouvelle naissance, notre naissance à la vie éternelle que le Christ est venu nous apporter.

Soyons clair, selon Jean, la vie éternelle n’est pas une vie à laquelle nous aurons accès uniquement dans la vie au-delà de la mort. Pour Jean, la vie éternelle, c’est connaitre Dieu et Jésus-Christ (Jean 17, 3). Certes, à présent, notre connaissance est imparfaite (1 Corinthiens 12, 12). Mais même aujourd’hui, nous ne vivons pas complètement dans l’obscurité. L’Esprit Saint nous éclaire. Ici et maintenant, comme le vent sculpte et transforme la face de la Terre, l’Esprit travaille en nous et parmi nous pour renouveler notre jugement, notre façon de voir et de comprendre le monde et notre Dieu afin que nous discernions sa volonté et vivions en conformité avec ses desseins éternels.

Cette transformation est l’action constante… parfois presque imperceptible… de l’Esprit sur nos vies… par la grâce de Dieu. Mais en regardant attentivement, nous pouvons en voir des signes. Toutefois, nous ne pouvons pas le contrôler. Jésus dit : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est de même pour quiconque est né de l’Esprit » (v. 8).

Nous ne pouvons pas contrôler l’Esprit mais nous pouvons choisir de nous laisser porter par lui. Nous pouvons choisir de respirer profondément, laissant l’Esprit nous remplir de vitalité et de joie nouvelles.

Et la bonne nouvelle c’est que même s’il y a des moments où on respire moins profondément. Par la grâce de Dieu, nous ne pouvons retenir notre souffle qu’un certain temps… avant que l’élan de vie ne prenne le dessus et ne nous pousse à respirer à nouveau… permettant ainsi à l’Esprit de souffler à nouveau en nous. Regardez bien l’exemple de la vie de Nicodème. Il n’a pas pu résister longtemps. L’Esprit a travaillé en lui. Il est né de nouveau.

Qui sera le prochain ? Qu’est-ce qui se passera ? Où ? Quand ? Et comment ? Je n’en sais rien. Mais continuons à poser nos questions jusqu’à ce que la terre entière redise la louange du Seigneur et lui rende gloire. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Romains 12, 2

Ésaïe 43,18-21

Jean 3, 1-17

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