« Qu’est-ce qui nous aide à persévérer dans la foi? »

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Église Unie Pinguet

Culte du dimanche 21 septembre 2014

Lectures bibliques (TOB)

Exode 3, 1-4

Moïse faisait paître le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiân. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. 2L’ange du S lui apparut dans une flamme de feu, du milieu du buisson. Il regarda : le buisson était en feu et le buisson n’était pas dévoré. 3Moïse dit : « Je vais faire un détour pour voir cette grande vision : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? » 4Le S vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! »

Colossiens 2, 6-7

Poursuivez donc votre route dans le Christ, Jésus le Seigneur, tel que vous l’avez reçu ; 7soyez enracinés et fondés en lui, affermis ainsi dans la foi telle qu’on vous l’a enseignée, et débordants de reconnaissance.

Hébreux 10, 22-25

Approchons-nous donc avec un cœur droit et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de toute faute de conscience et le corps lavé d’une eau pure ; 23sans fléchir, continuons à affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. 24Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes. 25Ne désertons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour.

Jean 3, 8

Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit.

Prédication: « Qu’est-ce qui nous aide à persévérer dans la foi? »

Par Gérald Doré, pasteur desservant

Le culte d’aujourd’hui est la rencontre de deux petites communautés accrochées à la foi et l’espérance qui leur font lever les yeux plus haut et plus loin qu’au ras des pâquerettes et des orties de la vie quotidienne. Qu’est-ce qui fait qu’on se retrouve ici aujourd’hui, alors que tant d’autres, dans nos familles et dans notre société, ont déserté les lieux de culte, laissant ainsi leurs aspirations spirituelles oublier les mots pour se dire et perdre la pratique pour se nourrir et se fortifier? Poser la question dans une assemblée réunie pour célébrer sa foi et son espérance, c’est déjà être dans une partie de la réponse. L’appartenance active à une communauté chrétienne est un des facteurs importants qui contribuent à la fidélité dans la foi, parce qu’elle nous donne des occasions de la célébrer, de la partager, de la nourrir et de la ressourcer.

À ceux et celles d’entre nous qui ont plus de cinquante ans, y compris moi-même, la foi a été transmise comme l’héritage d’une collectivité, petite ou grande, voire même de toute une société qui se pensait et se disait chrétienne. Bien sûr, le message évangélique arrivait jusqu’à nous, à travers le temps, mais comme le cours d’une rivière charriant dans l’eau vive appelée à nous désaltérer toutes sortes de débris culturels arrachés aux rives d’époques révolues. Bien sûr, on nous faisait trop souvent prendre l’accessoire pour l’essentiel et nous manquions trop souvent du recul nécessaire pour faire la part des choses entre le noyau vivifiant de l’Évangile de Jésus Christ et les rites, coutumes, règles, habitudes, voire même superstitions, qui enveloppaient sa transmission jusqu’à nous.

L’eau vive n’en arrivait pas moins jusqu’à nous, quitte à ce que nous devions la passer au filtre du discernement, pour renouer avec l’essentiel dans ce qui nous était transmis. C’est à cet essentiel que pense l’apôtre Paul, quand il écrit à la communauté chrétienne de la ville de Colosses. Elle était, certes, moins éloignée que nous dans le temps du message fondateur, mais elle n’en était pas moins soumise que nous à toutes sortes d’influences étrangères à l’Évangile. « Poursuivez donc votre route dans le Christ, Jésus le Seigneur, tel que vous l’avez reçu, écrit Paul; soyez enracinés et fondés en lui, affermis ainsi dans la foi telle qu’on vous l’a enseignée, et débordants de reconnaissance. » (Col 2, 6-7).

Nous n’en sommes plus au temps que ma génération a connu où l’éducation chrétienne, du moins l’idée qu’on s’en faisait, était imposée à tous par l’enseignement religieux à l’école. Les repères dont on disposait par ce moyen, autant pour s’en démarquer que pour y adhérer, se perdent. Dans les jeunes générations d’aujourd’hui, on ne peut plus être chrétien sur un air d’aller qu’on a pris à l’école. On n’a plus besoin non plus de s’afficher chrétienne ou chrétien pratiquant pour se faire bien voir et être accepté des autres. Au contraire, vaut mieux laisser voir des distances à l’égard de la religion pour être bien perçus dans beaucoup de milieux, en particulier sur la place publique et dans les médias. Comme aux premiers temps des Églises, la recherche spirituelle à l’écoute de l’Évangile et l’engagement sur la Voie ouverte par Jésus Christ dans une communauté chrétienne est un engagement personnel, à contre-courant de l’apparente indifférence religieuse de la majorité. Autrefois, la société et la famille imposaient l’adhésion personnelle à une Église. Aujourd’hui, c’est l’expérience religieuse personnelle qui conduit à la communauté chrétienne et qui fait qu’on y reste fidèle, même si cette fidélité nous met à part des autres.

On est un peu dans la situation de Moïse dont nous avons brièvement évoqué l’expérience spirituelle dans notre première lecture. Dans les passages qui précèdent celui que nous avons lu, nous apprenons que Moïse, après avoir tué un Égyptien en défendant un de ses frères hébreux, est exilé de son peuple et de la religion de ses ancêtres. Il s’est établi dans un pays voisin, s’y est marié et pendant une « longue période », nous dit le texte (Ex 2, 23), sa vie est absorbée par sa famille et l’entreprise d’élevage de son beau-père. La seule allusion à la religion pour cette période de sa vie est la mention que son beau-père est prêtre de la religion du pays (Ex 3,1). Puis, bang! cette expérience spirituelle, cette intervention divine, qui survient dans sa vie à un moment où il pouvait le moins s’y attendre, en plein champ, non pas au temple ou à l’église qui n’existaient pas encore, mais sur le lieu quotidien de son travail. La tradition orale, mise ensuite par écrit, a présenté cette expérience spirituelle comme une expérience de « buisson ardent ». En anglais, l’expression « burning bush experience/expérience de buisson ardent » est restée pour qualifier toutes ces expériences intérieures qui nous font sentir la présence de Dieu et nous font nous adresser à Lui en disant comme Moïse : « Me voici! ».

Si nous sommes ici ensemble aujourd’hui, dans un contexte où la société ne nous oblige plus à rien en matière de religion, je me permets de penser que c’est parce que d’une certaine manière et dans une certaine mesure, nous avons vécu ce genre d’expérience. Elle a pu se vivre comme un intense moment d’ébranlement et de retournement où la pensée de Dieu nous a remplis d’une indicible sérénité et paix intérieure. Elle a pu se vivre comme une douceur dans l’approfondissement d’un engagement pris au temps de la jeunesse, dans la continuité d’un enseignement reçu dans une communauté chrétienne, à la manière dont en parle Paul dans le passage que nous avons lu. Elle a pu se vivre aussi comme une force intérieure tranquille qui rend capable de résister à la « creuse duperie » de la philosophie qui nie Dieu, suivant l’expression qu’emploie Paul (Col 2, 8), dans cette même lettre aux chrétiens et chrétiennes de la ville de Colosses.

Si nous sommes ici aujourd’hui, il y a fort à parier que nous avons vécu de quelque manière ce genre d’expérience comme un temps fort auquel nous raccrocher, quand le doute s’insinue et qu’aucune émotion positive ne vient plus soutenir la foi. Il y a une dizaine de jours, j’ai visionné la reprise d’une entrevue que le regretté prêtre catholique Raymond Gravel donnait à l’émission Francs tireurs de Télé-Québec, alors qu’il suivait les traitements de chimiothérapie qui ont marqué la dernière étape de sa vie. Il citait une affirmation de l’écrivain Georges Bernanos à laquelle il adhérait pour lui-même. « La foi, écrivait Bernanos, c’est, dans une journée, vingt-trois heures cinquante-cinq minutes de doute et cinq minutes d’espérance. » Raymond Gravel est resté fidèle jusqu’à la fin, même si sa foi a connu ce degré extrême de difficulté, qui n’est heureusement pas celui vécu par tout le monde. Sans doute s’est-il reporté aux temps forts de son expérience spirituelle, ces « cinq minutes d’espérance » par jour, pour persévérer dans la foi, dans les périodes où elle ne lui apportait pas de consolation sensible. À chacun et chacune d’entre nous, les expériences de « buisson ardent », quelle que soit la manière dont nous les avons vécues, sont données comme des refuges à se rappeler au temps de la détresse.

Qu’est-ce donc qui nous aide à persévérer dans la foi, en ces temps difficiles où le monde autour de nous semble sombrer dans l’indifférence religieuse? La réponse, sans doute partielle, que nous avons explorée nous invite, premièrement, à retourner, dans les temps difficiles, aux souvenirs des temps forts de notre expérience spirituelle et, deuxièmement, à rester fidèles aux liens de solidarité dans la foi qui nous attachent à une communauté chrétienne. L’épître aux Hébreux nous parle, comme si elle avait été écrite pour nous aujourd’hui : « sans fléchir, continuons à affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes. Ne désertons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous… » (He 10, 23-25). Encourageons-nous d’autant plus, car comme dit le verset de l’évangile de Jean que nous avons lu, l’Esprit de Dieu est imprévisible. Il est comme un vent qui « souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. » (Jn 3, 8). Laissons-nous porter par Lui dans l’espérance. Amen.

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