Paix sur la terre… pardon entre frères et sœurs

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Il y a beaucoup de voix qui s’élèvent en cette période de l’année. Il y a celles qui nous appellent à lutter contre la commercialisation, à acheter moins et à donner plus (de temps et ou d’argent à des organismes de charité). Et celles qui nous disent que la charité ne fait rien pour éradiquer la pauvreté, pour niveler les écarts sociaux entre les gens ou pour défaire les injustices systémiques.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

 

Et, il y a aussi les pasteurs qui nous rappellent que l’Avent, c’est un moment propice pour accorder un peu plus de place à Dieu dans nos vies. Toutes ces voix expriment une vérité toute simple : il faut apprendre ou réapprendre à donner autrement….en commençant par Dieu…qui ne veut qu’une chose…une relation de proximité et d’intimité avec chacun et chacune de nous. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là !

Nourrir notre relation avec Dieu, chercher à vivre de façon à lui offrir ce qu’il désire plus que tout, nous conduit immanquablement à soigner nos relations avec nos frères et sœurs. Vivre en communion avec Dieu nous mène à vivre en harmonie, en Paix, les uns avec les autres. Jésus nous le déclare : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. » (Mt 22, 37-40). Mais où trouver cette communion…et la Paix profonde qui vient avec ? Je pense qu’on est tous d’accord que ça ne s’achète chez Walmart.

L’année passée, quelqu’un m’a raconté l’histoire d’un couple qui fêtait leurs noces d’or et à qui on avait demandé le secret de la longévité de leur couple. On s’attendait à ce qu’ils disent l’amour qui les unissait…mais non…ils ont répondu : « Le pardon ». Pour avoir la Paix…Paix avec un P majuscule…il faut pardonner. Et combien de fois, faut-il pardonner ? Une fois ? Deus fois ?…à la limite trois fois…comme l’exigeait la loi de Moïse ?…ou plus encore…jusqu’à sept fois ? Et Jésus nous répond : « Je ne vous dit pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Si cette parole nous frappe, sans doute est-ce parce que l’approche de Jésus est radicalement opposée à nos instincts…qui nous disent…  « Mais, il y a quand-même des limites, non ? » Mais peut-être que notre difficulté avec cet enseignement réside dans le fait que nous comprenons mal ce que signifie « pardonner ». Ce qui est clair dans la Bible, c’est que « pardonner » n’est pas synonyme d’ « oublier »…ou faire comme si de rien n’était pour que tout redevienne comme avant. Le pardon qui est la marque d’un couple, d’une famille d’une communauté chrétienne est un pardon qui transforme radicalement les relations. L’Évangile de Luc dit explicitement ce que la version de Matthieu sous entend : « Si ton frère vient à t’offenser, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui. » (Luc 17, 3) Là où il n’y a pas repentance, le vrai pardon n’est pas possible. Pour qu’il y ait pardon…il faut un changement de comportement. Là où il y a pardon…on sort de relations de dominants et de dominés…(et soyons clairs…parfois…pour ce faire…il faut carrément sortir d’une relation destructrice). Pardonner ne signifie pas nier le mal ou le tort qu’on nous a fait. Pardonner c’est refuser de demeurer victime. Pardonner, c’est refuser l’humiliation…de soi-même ou d’autrui…c’est réclamer la dignité…pour toutes et tous…parce que l’alternative…ne pas pardonner…ne fait qu’aggraver le mal qui est déjà fait. C’est par le Pardon que nous aurons la Paix sur la terre.

Il y a quelques semaines au 5-7 nous avons regardé L’imam et le pasteur. Ce documentaire raconte l’histoire de deux hommes élevés dans une ambiance de violence et de haine qui a produit des centaines de milliers de victimes au Nigéria : un pasteur qui a perdu une main et un imam qui a vu mourir son mentor spirituel ainsi que deux cousins dans ces conflits entre chrétiens et musulmans. Dans le film, les deux hommes confessent que pardonner, ce n’est jamais chose facile…qu’il faut recommencer encore et encore… jusqu’à soixante-dix fois sept fois, n’est-ce pas ? Pour pardonner, il faut se remettre chaque jour entre les mains de Dieu – qui rend toutes choses possibles… même le pardon entre ennemis jurés. Et voilà le secret. C’est Dieu qui rend possible le Pardon. C’est explicit dans le film. C’est dans la prière que l’Imam et le pasteur vivent tous les deux une véritable conversion et se repentent : ils changent de comportement, ils virent littéralement bout pour bout. Et c’est clair dans l’Évangile. Jésus nous exhorte à prier ensemble juste avant de nous donner son enseignement sur le pardon. C’est la prière…la communion avec Dieu…qui rend possible la communion avec notre prochain…parce que c’est la prière qui nous donne la force et le courage de changer de comportement. Parce que, dans le fond, la seule personne que nous pouvons changer, c’est nous même, n’est-ce pas ? C’est seulement en travaillant notre paix intérieure – en luttant contre la violence qui nous habitent nous-mêmes – que nous pouvons vaincre la violence qui nous séparent de nos frères et sœurs et du Shalom, la paix et la vie abondante que Dieu veut nous offrir.

Jésus est l’incarnation du plein potentiel de l’être humain. Il débute son ministère public dans la prière…et c’est la prière qui le soutien jusqu’à la fin. Il ne brise pas le roseau ployé et n’éteint pas la mèche qui s’étiole. Il n’écrase ni rabaisse personne. Mais attention, il y en a qui lisent cet extrait d’Ésaïe que les Chrétiens associent à Jésus comme une exhortation à la soumission la plus totale. Il faut tout prendre, tout accepter, tout subir sans dire un mot. Moi, je le lis autrement. J’entends plutôt un appel à la non-violence, un refus, de la part du serviteur de Dieu, de rendre le mal pour le mal. C’est ce que Jésus incarne. Jésus a refusé qu’on le défende par l’épée. (Matthieu 26, 52). À tous et à toutes, Jésus pardonne : il nous offre la possibilité vivre autrement, de vivre en communion les uns avec les autres et avec Dieu. Aux calomnies et aux mensonges proférés à son égard, Jésus déclare sa vérité…sans s’imposer. À ceux qui essaient de lui tendre un piège, il offre la libération. Il offre de rendre la vue à ceux qui ne voient pas ce qu’ils font. Il ne joue jamais dans les ténèbres, la Lumière des nations. Il n’élève jamais le ton pour réduire les autres au silence et il ne réplique pas à la violence par la violence. Tout cela parce que l’Esprit de Dieu est sur lui. Et n’oublions pas que le même Esprit nous est donné, par la grâce de Dieu. C’est l’Esprit qui travaille en nous et parmi nous pour réconcilier et renouveler…à tous les niveaux (personnel, communautaire, national, international) pour que nous vivions enfin avec respect dans la création (comme nous nous engageons à le faire à chaque fois que nous disons notre confession de foi). L’Esprit qui rend toutes choses possibles…du pardon entre frères et sœurs et jusqu’à la paix sur la terre. Cette année, par la grâce de Dieu qui est, qui était et qui vient à nous, pardonnons généreusement. Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

Le 6 décembre 2015 – 2 Avent C15 – Église Unie St-Pierre

 

LECTURES BIBLIQUES

Ésaïe 42, 1-9

Matthieu 18, 19-22

 

Darla

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