Le bon berger et le déconfinement

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Lorsque le berger a fait sortir toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix (Jean 10, 2-4) Le Ressuscité nous conduit sur les chemins du déconfinement. Mais ici il n’est pas question de sortir de manière ordonnée, à la queue leu leu… à deux mètres de distance de son prochain. Dans la version originale grecque, le texte dit : « Lorsqu’il les a jetté, chassé dehors… » On n’a pas toujours envie de sortir de nos zones de confort, n’est-ce pas ? Parfois, notre berger doit nous pousser dans le derrière pour qu’on avance à sa suite…. et ce, même si on sait très bien qu’il ne veut que notre plus grand bien. Alors, il nous chasse dehors… comme il chasse des démons… pour nous libérer de ce qui nous divise, ce qui nous sépare de Dieu, ce qui nous tient captif. Notre berger nous tire de nos zones de confort avec une force irrésistible… violente même… comme on tire un bébé du ventre de sa mère… vers une vie nouvelle… jusqu’alors totalement inconnue… une vie où tout reste à découvrir, à construire.

Vous trouverez la vidéo de cette prédication à la fin de ce texte.

C’est ça le sens de la rédemption dans le langage judéo-chrétien… notre berger nous conduit hors des milieux contraignants, suffoquants, vers des espaces plus larges, vastes, ouverts sur le monde. Fini le temps où les brebis s’isolent dans des enclos de sorte qu’on identifie clairement qui fait partie de notre troupeau et qui en est exclu; de sorte que les brebis restent confortablement « entre elles », blotties toutes ensemble contre le berger, à l’abri de tous les risques et les influences venant de l’extérieur.

Bon… dans le contexte actuel, cela peut sembler complètement irresponsable. Mais encore une fois, rappelons-nous que notre berger ne nous chasse pas dehors en nous disant, « Allez… tout le monde dehors… reprennez vos activités comme avant… tout va bien aller ! » Il nous fait naître à une nouvelle façon de concevoir notre place dans ce monde que Dieu aime tant, une nouvelle façon d’habiter la Terre. Il nous fait naître à la vie en abondance.

« Le Seigneur est mon berger. Je ne manque de rien. » Notre plus grand défi, ce n’est pas un manque de ressources mais plutôt la distribution injuste des ressources. Pour s’assurer que toutes les brebis trouvent de verts pâturages où se reposer, de la nourriture et de l’eau fraîche et potable, le bon berger nous conduit sur les chemins de la justice. La justice n’est pas une affaire personnelle, privée. Sur les chemins de la justice, je ne peux pas penser uniquement à ce qui serait « juste » pour moi, ou pour mon petit troupeau, pour préserver mes préférences, mes privilèges. La justice est nécessairement l’affaire de tout le monde. Elle est collective. Elle est cosmique même. Les sentiers de la justice nous mènent nécessairement vers plus de solidarité… plus de partage et de don de soi… à l’exemple du berger qui ne regarde pas les brebis pour ce qu’elles peuvent lui rapporter. Il se déssaisit de sa vie pour elles.

Le chemin ne sera pas toujours facile. Pour que la justice soit faite, certaines choses, certaines façons d’être, de vivre, de se conduire dans le monde doivent mourir. Mais nous n’avons à craindre aucun mal, le Seigneur, notre berger, nous offre un appui solide et un bras secourable.

Chemin faisant, nous aurons parfois à nous assoir à table avec nos adversaires, des gens ne partageant pas nos intérêts, notre point de vue, notre vision du monde et de Dieu. Et parfois il faudra aller de l’avant même quand la route n’est pas toute tracée clairement d’avance. En vérité, il n’y a pas de chemin sans aucun danger, aucun risque… du moins pas de chemin qui mène vers une vie radicalement différente de celle qu’on connait déjà.

Ça pourrait nous paralyser de peur. Mais la grâce nous accompagne et nous accompagnera toujours. Voilà pourquoi nous n’avons à craindre aucun mal. La grâce nous accompagne. Nous pouvons avancer même si nous n’avons pas toutes les réponses, même si nous risquons de faire des erreurs, de tomber, de nous égarer. Nous pouvons avancer même si, de temps en temps, des mercenaires et des bandits surgissent semant la confusion, la panique, la déroute et causant des dommages. Nous n’avons rien à craindre car, par la grâce de Dieu, nous avons le Ressuscité comme berger.

Quand le chemin de la vie est semé de dangers et d’embûches, cela ne signifie pas que notre berger nous a abandonnés. Au contraire. Partout où nous allons, il nous précède… dans le désert, dans les vallées obscures. Il nous précède quand les eaux montent et menacent de nous submerger, quand les loups nous surprennent et nous montrent leurs crocs. Notre berger a subi l’injustice, connu l’angoisse, l’anxiété, la pire des souffrances physiques, l’abondon. Il a connu une mort atroce. Il est passé par là pour que nous sachions que nous ne sommes jamais seuls. Il est passé par là pour nous montrer qu’avec lui, il n’y a pas de cul-de-sac, pas de voie sans issue. Par la grâce de Dieu, tous nos chemins peuvent déboucher sur la vie en abondance.

Le Ressuscité est notre berger, le berger du déconfinement. Il nous propulse vers une vie radicalement différente de celle que nous avons connue jusqu’à présent. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Mais j’ai envie d’avancer à sa suite. En gang… je craindrai moins… avec vous… ma foi… ma confiance… est plus solide. Allons-y toutes et tous ensemble… pas à pas, par la grâce de Dieu. Amen.

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 23

Jean 10, 1-17

 

 

2 commentaires

  1. Marie-Claire says: · ·Répondre

    Je viens de t’écouter . C’est magnifique ! C’est beau ! Merci

  2. Darla Sloan says: · ·Répondre

    Merci Marie-Claire !

    Quelle joie de te savoir à l’écoute !

    Dieu te garde

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