La communication aimante : une lumière d’espérance

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Dans notre monde troublé, nous avons une espérance. Dieu est amour… et tel il est, lui, tels nous sommes, nous aussi, dans ce monde. Nous sommes amour… alors parlons d’amour…

Nonobstant tous les discours, les livres, les articles de psychologie populaire qui surlignent en jaune l’importance de l’amour de soi… pour qu’il y ait amour… il doit y avoir relation. Et nos relations humaines sont mises à mal par les temps qui courent. Ce n’est pas uniquement à cause de la pandémie qui nous force à limiter nos contacts sociaux qui est en cause. Nous vivons dans un monde où on peut avoir des centaines, voire des milliers « d’amis » sur les réseaux sociaux et souffrir cruellement de solitude. Et pire encore, l’anonymat de l’Internet permet aux gens de se lancer des chars de bêtises… de s’insulter, de s’intimider… sans filtres… sans gêne.  Ce n’est pas sur de telles bases qu’on pourra construire des relations aimantes… des relations créatrices, transformatrices… parce que c’est ce que l’Amour apporte, n’est-ce pas ? L’amour, quand il est vrai, quand il est divin… nous transforme, nous, et le monde dans lequel nous vivons.

Pour qu’il y ait amour… il doit y avoir relation… et pour qu’il y ait relation, il doit y avoir communication. Communiquer, ce n’est pas simplement dire ou écrire notre façon de penser, comme pour surligner en jaune ce que nous savons déjà. C’est s’ouvrir à la nouveauté, risquer de se faire surprendre par quelque chose auquel on ne s’attendait pas du tout. Il est vrai que, dans le monde actuel, abreuvés de monologues, communiquer est un art qui se perd. Mais… la bonne nouvelle, c’est que cela peut s’apprendre. Et, pour les Chrétiens et Chrétiennes que nous sommes, Marie et Élisabeth sont, me semble-t-il, des exemples à suivre. Écoutons attentivement ce qu’elles se disent… et ce qu’elles ont à nous dire… ce matin.

Dans les versets qui précède l’extrait de l’Évangile de ce matin, Marie reçoit la visite de l’ange Gabriel qui a une parole toute-à-fait surprenante pour elle. Marie va mettre au monde un enfant à qui on donnera le nom de Jésus – qui veut dire « Dieu sauve ». Marie ne s’attendait certainement pas à ça en se fiançant à Joseph. Mais la Parole de Dieu est créatrice. Elle fait toujours du neuf. La folie, c’est faire tout le temps les mêmes affaires tout en s’attendant à des résultats différents. Dieu n’est pas fou. Quand Dieu parle, c’est pour faire quelque chose du neuf.

Par l’ange Gabriel, Dieu s’adresse à Marie et lui dit qu’elle enfantera un fils qui transformera à tout jamais le monde. Et qu’est-ce qu’elle fait Marie quand elle entend la nouvelle ? Elle ne se dépêche pas de mettre à jour son statut sur les réseaux sociaux, elle part en hâte dans une région montagneuse et se rend chez Élisabeth, sa parente. La montagne, c’est l’un des lieux où l’on va pour rencontrer Dieu. Pour moi, cela signifie que Marie est consciente que, dans cette nouvelle qu’elle vient d’apprendre, il y a des choses qui lui échappent. Pour donner un sens à tout ça – c’est-à-dire, pour comprendre et pour discerner comment s’orienter face à ce qui lui arrive – se peut-il que Marie parte chez Élisabeth parce qu’elle ressent le besoin de s’approcher de Dieu… et d’être accompagnée sur le chemin par quelqu’un d’expérience ? Après tout, Élisabeth est non seulement enceinte elle-même de son premier enfant, elle est aussi croyante et pratiquante. Elle est la femme de Zacharie, un prêtre. Élisabeth est une ancienne. Ne serait-elle pas une bonne personne avec qui réfléchir à tout ce qu’elle vient d’entendre… et tout ce qu’elle va vivre?

Le monde serait vraiment différent, me semble-t-il, si tous le monde faisait preuve d’autant d’humilité… si tout le monde reconnaissait, en partant, ne pas détenir toute la vérité, si tout le monde partait du principe que la vérité nous échappe et que ce n’est qu’en nous ouvrons à d’autres perspectives que nous élargirons toutes et tous nos horizons et verrons plus grand.

Et avez-vous remarqué ? Ce n’est pas uniquement Marie qui fait preuve d’humilité en allant à la rencontre d’une ancienne. Élisabeth aussi s’ouvre à la  possibilité qu’une jeune femme, sans pedigree, ni instruction, ni expérience particulière  à quelque chose d’important à lui apprendre.

S’il faut faire preuve d’humilité pour communiquer, il faut aussi savoir écouter. Ça aussi, c’est un art qui se perd. Encore une fois, il ne s’agit pas d’écouter seulement pour confirmer ce que l’on sait déjà et contester ce qui nous contredit… comme cela se fait dans bien des forums aujourd’hui. Encore une fois, quand on écoute vraiment, ce n’est pas uniquement afin de savoir quoi répondre, comment convaincre les autres et se convaincre soi-même qu’on a raison. Écouter nous ouvre à la repentance… c’est-à-dire à un changement d’esprit, un changement de cœur… qui transforme notre façon de voir et de vivre dans le monde.

Élisabeth sait écouter. Marie n’a qu’à là saluer et Élisabeth ressent plus qu’une formule de politesse, une convention sociale.  Au tréfonds de son être, elle saisit qu’à travers Marie, Dieu est en train de faire quelque chose de complètement inattendu. Et cette écoute profonde l’amène à prononcer cette bénédiction : Bienheureuse celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! (Luc 1, 45) Pas une once de jalousie ni de ressentiment de la part Élisabeth, l’aînée, envers Marie en sa jeunesse parce que c’est cette dernière et non pas elle qui sera la mère du sauveur. Ce qui prime, ce n’est pas ce que le Seigneur va faire pour sa petite personne, mais ce qu’il va faire pour tout le peuple de Dieu.

Chercher à s’approcher de Dieu, à discerner avec d’autres sa volonté dans l’humilité et l’écoute profonde qui font jaillir en nous une parole de bénédiction… voilà l’art de communiquer qui nous permettra de bâtir des relations sur l’amour divin en nous, entre nous, autour de nous. Et c’est à la portée de toutes et de tous. Frères et sœurs, cet amour n’est pas une abstraction, une belle idée … et c’est encore moins un « feeling », de bons sentiments. C’est ce que nous sommes, ce dont nous sommes tricotés par l’Esprit qui nous a été donné. Voilà de quoi transformer le monde. Voilà une lumière d’espérance pour le monde d’aujourd’hui. Amen.

LECTURES BIBLIQUES

1 Jean 4, 13-19

Luc 1, 39-45

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