Croire sans voir

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

colombe paixLa lutte au terrorisme, les conflits entre Israël et la Palestine ou entre les générations, les crises économiques et écologiques, l’avenir de nos paroisses… la résolution des différends dans nos vies personnelles… n’ont pas besoin de gens qui croient ce qu’ils voient, mais de gens qui espèrent autre chose. Ainsi soit-il et que la Paix soit avec nous!

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Ils ont entendu le témoignage de Marie de Magdela… et…du moins certains d’entre eux… ont vu des signes de la résurrection. Ils ont entendu. Ils ont vu. Ils ont cru. Et ils se sont enfermés à double tour. Ils se méfient des leurs… des Juifs… des gens comme eux. Ils ont peur…de quoi ? Le texte ne le dit pas mais il n’est pas difficile d’imaginer qu’ils ont peur de perdre le peu qu’il leur reste, ou d’être ridiculisés, persécutés… ou même crucifiés pour leurs croyances. Ils savent qui ils sont, des disciples de celui que Dieu avait relevé d’entre les morts…mais qu’est-ce que cela veut dire pour eux… concrètement ? Rien ne sera plus comme avant, ça c’est certain. Mais de quoi l’avenir sera-t-il fait ? Ils ne savent pas trop où ils s’en vont. Ils sont un peu… pas mal… comme nous.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Nous aussi, nous avons entendu le témoignage des premiers apôtres (ceux et celles que Jésus a envoyés dans le monde comme le Père l’avait envoyé.) Et nous avons cru. Nous avons cru que l’Esprit du Christ était à l’œuvre en eux. Sinon, comment expliquer que ces mêmes disciples qui s’étaient réfugiés pour sauver leur peau vont, peu de temps après, risquer leur vie pour proclamer haut et fort, en paroles et en miracles, leur foi en Christ. Définitivement, le mouvement des disciples n’est pas mort avec Jésus. Son Esprit continue à dynamiser ses disciples. Nous aussi, nous proclamons quasiment toutes les semaines que ce même Esprit « travaille en nous et parmi nous ». Et souvent, nous ne savons pas trop où nous en allons comme communauté de disciples.

Le pasteur Gérald Doré et moi avons passé la journée d’hier à Montréal pour une consultation sur la place des francophones dans les nouvelles structures de l’Église Unie. Certaines choses étaient très claires pour tout le monde, me semble-t-il. Nous croyons que la vie est plus forte que la mort. Rien ne sera pas comme avant. Ça c’est certain. Et la vie ne sera pas comme nous l’avons imaginée, non plus. Mais, comme nous ne savons pas trop de quoi l’avenir sera fait, discerner la voie pour si rendre n’est pas évident… Pantoute ! Nous avons souvent l’impression de tourner en rond. Moi, parfois j’ai juste envie de me réfugier auprès de ma belle petite communauté et d’attendre voir ce qui va se passer.

Et ce qui vrai pour nous comme Église est aussi vrai pour chacun-e de nous comme membre du corps du Christ, n’est-ce pas ? Lorsque la santé nous fait défaut, lorsqu’une relation autrefois pleine de vitalité rend l’âme, lorsqu’un emploi qui nous donnait de l’élan débouche sur un cul de sac… peu importe… lorsqu’on a l’impression de tourner en rond ou d’être carrément arrivé à un impasse, il est normal d’avoir peur et de douter. Quand on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, il est normal de vouloir se replier sur soi-même. On a beau croire que la vie est plus forte que la mort… il est parfois très difficile de voir ce que cela veut dire pour nous… concrètement.

Non, nous ne sommes pas tellement différents des premiers disciples. Nous aussi, nous avons vu des signes du Ressuscité, n’est-ce pas? Nous avons vu. Nous avons cru. Et parfois, et nous avons peur aussi. Nous ne savons pas trop où nous en allons. Et ce matin, comme il l’a fait le premier jour de la première semaine après sa résurrection, Jésus se tient au milieu de nous et nous dit : « La paix soit avec vous! »

La paix, ce n’est pas l’assurance d’une petite vie bien tranquille. Ce n’est pas la garantie d’une vie sans défis ni conflits. La paix que Jésus nous donne…c’est le shalom de Dieu…une vie de plénitude…où personne n’est privée du nécessaire…une vie où chacun et chacune reçoit sa part des ressources que Dieu nous confie…selon ses besoins.

Aujourd’hui, comme hier, Jésus nous dit : « La paix soit avec vous ! », ce qui ne veut pas dire « Tout va bien, soyez tranquilles », mais plutôt « relevez-vous, reprenez confiance, remettons-nous en marche. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour, je vous envoie. »

Et c’est ainsi que Thomas devient, pour moi, un modèle. On a tendance à ne voir chez Thomas que ses doutes…et à le pointer du doigt…pour faire de lui un exemple à ne pas suivre. Mais Thomas… comme nous tous et toutes… est un disciple complexe. Il n’est ni meilleur…ni pire que les autres. Il a ses forces et ses faiblesses. Et personnellement, l’une des choses que j’admire chez Thomas c’est que pendant que les autres sont enfermés à double tour…Thomas est…on ne sait pas où. Il est peut-être juste sorti chercher une commande à emporter chez Normandin…peu importe. L’important pour moi c’est que pendant que les autres s’enferment…et se protègent…Thomas se lance. Il prend des risques. Et il n’a pas peur de poser des questions…et d’affirmer ses besoins. Oui, il demande des preuves (mais dans le fond…il ne demande que de voir ce que les autres avaient déjà vu…et n’est-ce pas vrai que si nous sommes croyants…c’est parce qu’en quelque part…nous avons vu…ou ressentis…des signes de la résurrection dans notre vie…ou dans la vie de l’un de nos proches?) Oui, Thomas a des doutes…mais ses doutes ne sont pas un obstacle devant l’amour du Ressuscité qui veut l’emmener au-delà de ses doutes… à une foi qui croit sans voir…

« Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » ; à cela s’oppose la fameuse affirmation « je crois ce que je vois ». Jésus n’accuse pas Thomas, il l’encourage à passer du fatalisme à l’espérance. Si ne nous croyons que ce que nous voyons, comment pourrons-nous changer ou renouveler quoi que ce soit ? Les visionnaires, les artistes, poètes, les inventeurs, croient-ils ce qu’ils voient, ou ce qu’ils espèrent ? L’appel à Thomas, c’est l’appel à nous engager au-delà de ce que nous voyons, à ouvrir les portes fermées du jugement et de la résignation, qui nous enferment encore davantage dans nos propres blessures et nos espoirs déçus. La lutte au terrorisme, les conflits entre Israël et la Palestine ou entre les générations, les crises économiques et écologiques, l’avenir de nos paroisses… la résolution des différends dans nos vies personnelles… n’ont pas besoin de gens qui croient ce qu’ils voient, mais de gens qui espèrent autre chose et qui cherchent des solutions, avec foi et persévérance. Alors, par la grâce de Dieu, osons espérer…pour nos églises, nos communautés…notre monde. Osons espérer une terre nouvelle et des cieux nouveaux, par le Christ qui nous donne un second souffle… son Souffle.

Comme Dieu qui créa un être vivant en soufflant dans les narines d’une créature modelée d’un peu de poussière, Jésus nous re-crée en nous donnant son Esprit. L’Esprit de vie, de l’espérance. L’Esprit de la résurrection du monde.

Aujourd’hui encore… Jésus se tient au milieu de nous et nous dit : « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi à mon tour je vous envoie ! » De grâce, restons pas enfermés ici ! Allons dans le monde et, par la grâce de Dieu, osons croire ce que nous ne voyons pas encore. Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

Le 3 avril 2016 – 2 Pâques C16 – Église unie St-Pierre

 

LECTURES BIBLIQUES

Jean 20, 19-31

Actes 5, 27-41

 

Darla

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