TEXTES BIBLIQUES: Luc 14, 1 et 7-14
Voici ce qui est monté en moi, en méditant longuement ce texte.
Le sens premier qu’on y trouve spontanément : une petite leçon de politesse et d’humilité. Ce serait effectivement gênant de se faire déplacer devant tout le monde.
Choisir, c’est souvent souffrant. Qui choisit prend pire, dit-on. Choisir une file à l’épicerie, pour se rendre compte que c’est la plus lente. Gêne quand on se rend compte qu’on n’a pas respecté le protocole de placement dans une rencontre mondaine. Choisir une bonne place au cinéma, puis qu’une personne plus grande que nous se place drette en avant. Être le dernier choisi dans une équipe de ballon. Choisir un met au restaurant puis être déçu. Choisir devant trop d’options. J’ai un ami, Jose, un Cubain qui n’était jamais sorti de Cuba avant ses 50 ans. Quand je l’ai reçu chez moi, j’ai eu le privilège de voir toutes ces premières réactions devant la surabondance dans laquelle on vit. En rentrant chez nous, de l’aéroport, j’ai dû passer à l’épicerie. Il tenait à m’y accompagner; ses mâchoires ont presque décroché devant les étalages de dizaines de sortes de céréales, et de biscuits, et de….. vous voyez l’affaire. Ça m’a presque gênée, de réaliser l’ampleur de notre trop-plein.
Pour revenir au texte de Jésus au souper du pharisien, si on en reste au niveau 1 de ce texte, on entend : reste humble, et tu seras honoré.
Mais allons plus loin. Jésus est à un repas et il raconte une parabole. Quand Jésus parle en parabole, c’est pour nous illustrer ce qu’il entend par « le Royaume ». Le repas devient donc une métaphore pour illustrer le Royaume.
Le Royaume, comme je le vois : un état d’être qui peut se vivre ici et maintenant.
Je vous propose donc cette interprétation de la parabole, version poétique : vous êtes invités à une noce, celle du Royaume.
Voyez donc : Jésus nous parle, à nous qui sommes invités à une noce. Il y a tout dans ce verset!
Nous sommes invités à une noce!
Nous sommes invités! Le maître, tout riche, puissant soit-il, nous a invités! Il m’a invitée, moi personnellement!
Que feriez-vous si vous étiez invité à une noce somptueuse? Comment vous sentiriez-vous?
…
Quand on prend conscience de cette grâce, que nous importe d’être assis à la première ou la dernière place. Nous participons à la noce! Quelle nouvelle réjouissante! On va tous manger le succulent repas servi par le maître, peu importe où on sera assis.
Et je parie qu’on fera de belles rencontres, même si on nous place n’importe où, avec des inconnus.
Le message que je retire donc de cette lecture : la noce, c’est ma présence sur cette Terre, la vie que Dieu me prête. Je suis sur la liste des invités au Royaume de Dieu ici-maintenant. Peu importe où je suis sur terre, j’ai été invitée à la noce de la Vie.
C’est merveilleux.
C’est en fait un message de grande joie, et aussi de contentement. Tout le temps que je perds à ruminer que je n’ai pas une assez bonne place dans la noce de la vie, à envier les autres, je ne suis pas en train de profiter de l’ambiance. Quand mes pensées sont occupées à me convaincre que ma vie serait meilleure si…. Et si….., je ne vis pas la joie de la noce.
Parce qu’en fait, notre vie n’est-elle pas, à chacun de nous, très différente de ce que nos rêves de jeunesse ne nous l’avaient fait imaginer? Oui.
J’avais cette conversation avec mon fils, qui m’a suggéré cette image : sur la route, si tu veux avancer, c’est dangereux de regarder par en arrière. Regardons donc ce qui est devant nous. Et Jésus nous rappelle, avec cette parabole, que devant nous, il y a une noce à laquelle nous participons.
Le contentement vient de la conscience que tout nous est donné par Dieu. Et de là, la joie.
Je nous ai assis en cercle. Ici, il n’y a pas de première et de dernière place. Nous sommes tous au repas de noce.
…
Jésus s’adresse ensuite au maître de la maison, en lui suggérant d’inviter n’importe qui sauf ses connaissances. Jésus précise que ça le rendra heureux, le maître, car ces gens n’auront rien à lui donner en retour.
Ma compréhension, c’est que lorsqu’une relation est teintée d’attente, on reste dans la normalité. Je t’ai payé un verre, tu me paieras un café la prochaine fois.
Vous est-il arrivé de donner en sachant qu’on ne pourra rien vous rendre? Comment vous êtes-vous sentis?
…
Cette joie! Et si c’était cela, la résurrection des justes dont parle le texte? La transformation de notre vie par la rencontre de l’autre en toute humilité.
C’est à cela que Jésus nous invite. Qu’il en soit ainsi selon votre foi.
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