Parole en actes

LECTURES BIBLIQUES : PSAUME 103,1-22 ; Luc 13, 10-17

J’aimerais vous dire ce matin des paroles que l’on n’entend pas. Car ce n’est pas le pasteur qui doit être entendu mais bien les actes du Dieu de nos délivrances. La personne qui anime le culte doit bien sûr se préparer comme il convient pour honorer le Seigneur qui nous convie à l’adoration.

Mais les mots des prières, des exhortations, de la prédication tiennent plutôt du préambule. Ce que chacune et chacun de nous en fait doit entendre c’est le non-dit, ce qui est sous-entendu, le mouvement de l’Esprit, puissance divine à l’œuvre au plus intime de nous, au-delà des idées, des pensées, après les émotions et les pulsions, au seuil de l’admiration et parfois de la frayeur, dans le son du silence, la vérité de la vie qui jaillit en nous.

Comme ces gens réunis à la synagogue un jour de sabbat, nous utilisons les formes convenues de la liturgie du dimanche. C’est normal, même nécessaire pour les humains que nous sommes : la familiarité, issue de l’habitude et de la répétition, favorise l’apaisement et un sentiment de bien-être. Pensez simplement à ce que vous ressentiez lorsque vous êtes entré dans le sanctuaire tout à l’heure. Le simple fait de nous retrouver en ce lieu nous dispose et nous incite à l’ouverture au sacré. C’est déjà en soi très bien.

L’extrait de l’évangile de ce jour ne remet aucunement en cause la pratique religieuse communautaire. Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue1. Mais la présentation du drame existentiel vécu par une participante, femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans2 et l’intervention de Jésus envers elle, illustrent que la finalité du culte n’est pas la pratique minutieuse d’un rite, mais l’ouverture du cœur à l’agir de grâce dans l’instant présent.

C’est dans le moment présent que Jésus sauve, guérit et libère, cette femme affligée depuis si longtemps. En fait le sens du sabbat ne saurait trouver plus noble expression que cette guérison qui redonne corps et âme la santé holistique voulue par le Créateur pour ses enfants : n’est-ce pas le jour du sabbat qu’il fallait la détacher de ce lien ? 3 Enfin, la femme aussitôt redevint droite et se mit à rendre gloire à Dieu4. Et avec elle toute la foule se réjouissait de toutes les merveilles que [Jésus] faisait 5.

Dieu pardonne ce chef de synagogue, pasteur, prêtre ou tout autre responsable, tellement préoccupé par la rectitude de ‘son’ culte qu’il s’oppose à l’Esprit qui seul fonde la valeur de tout rituel. Qu’avec humilité et confiance renouvelée dans la grâce toujours offerte, les gestes et les mots de nos célébrations nous mènent à la rencontre du Seigneur notre libérateur qui agit dans l’instant présent. Frères et sœurs je nous annonce qu’en Jésus, à jamais porteur de guérison divine, nous sommes libérés. Redressons-nous et rendons gloire à Dieu. Amen.

1 Luc 13,10

2 Luc 13,11

3 Luc 13,16b

4 Luc 13,13

5 Luc 13,17b

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *