Se défaire de l’individualisme non enraciné en Dieu

LECTURES BIBLIQUES : Luc 15, 11-32

Un matin, après la tempête de neige, un nonagénaire vivant dans une rue, se mit à repousser la neige qui avait couvert toute l’entrée de sa maison. Il s’y démerdait seul des heures et des heures, avec sa force affaiblie par le poids de l’âge. Au bout de quelques minutes, il s’essouffla et se dit à lui-même : « comment vais-je faire pour que ma devanture soit aussi propre que celle des autres ? ». Il regarda chez les voisins tout autour de lui, tout était propre. Les gens entrèrent et ressortirent. Certains lui dirent : « Bonjour Monsieur Fournier ». Les autres sans mot dire, traversèrent leur chemin. Le vieillard était toujours là avec son banc de neige. A un moment donné de la journée, bien fatigué, il rentra dans sa maison tout fatigué et abattu, laissant derrière lui cette neige qui le regardait.

Sœurs et frères dans le Seigneur, la situation que vit Monsieur Fournier est quelque peu ce qui se passe dans le texte du Fils prodigue : celle de l’individualisme. Ce texte est assez riche car de lui peuvent se dégager plusieurs pistes d’enseignement pour l’édification de notre foi. On peut citer entres autre la conversion, le pardon, l’inclusion en société et j’en passe. Comme je l’ai souligné tout à l’heure, le thème qui attitre notre attention ce matin est celui de l’individualisme qui est bien une réalité de notre société et qui peut constituer un problème pour l’expression de notre foi.

Dans le texte de Luc 15 :11-32, un fait attire notre attention : le fait que le fils cadet réclame à son père la part du bien qui doit lui revenir et va tout seul loin de ses parents et de son frère ainé. Tout seul, il mène une vie à sa manière et loin de tout contrôle familial. Cela nous rappelle l’expérience qu’ont les jeunes de quitter la maison familiale, de vivre l’aventure de l’éloignement, et de rompre lien relationnel avec soit leur père, soit leur mère. Ces situations s’encastrent bien dans la parabole du Fils prodigue.

Quand un jeune quitte la maison, le sentiment qui l’anime peut-être est celui de vouloir vivre en toute liberté. Il arrive des fois que ce comportement peut permettre de se découvrir et de grandir. Mais il arrive aussi souvent que cette expérience débouche sur des conséquences amères et douloureuses parmi lesquelles les dettes, la dépendance et la sous-scolarisation.

De nos jours, beaucoup de gens veulent se défaire des règles familiales. Quand un jeune commence à recevoir quelques dollars de son travail, quand il sait que certains jeudis soir, il reçoit des virements ou des interacs, du coup, il commence à ne penser qu’à lui. Son comportement change et rentre en déphasage avec le fonctionnement habituel de la maison auquel il ne voudrait plus se soumettre. Du coup, il se coupe de la branche familiale qu’il trouve déjà très encombrante. C’est l’esprit d’individualisme de notre temps.

Dans les appartements et les quartiers, les voisins ne se connaissent pas. Chacun est devant sa porte. Quand on se parle, c’est pour dire aux visiteurs du voisin ou au voisin même de débarrasser sa voiture de notre parking.

Dans les milieux de travail, les salariés pensent tellement à leurs carrières au point où ils ne se soucient pas vraiment de l’esprit d’équipe. Leur souci majeur, c’est eux; même pas l’entreprise. Je me rappelle un jour dans mon ex milieu de travail, j’étais en service avec un collègue à la cafeteria de l’hôpital dont je tais ici le nom. L’heure pour mon collègue de prendre la pause était arrivée. Il y a une collègue qui devait prendre le relai. A deux minutes de sa pause, il me demande : « tu as vu Divine ? » Je lui dis : « non, pourquoi ? » Il me dit : « Pat, écoute c’est elle qui doit continuer le service. Moi j’irai en pause ». A moi de lui dire : « Beuh, peut-être qu’un empêchement ne lui permet d’être là à temps ». Sans tarder, quelques secondes plus tard, j’écoute une voix : « qui prend l’argent ici ? ». C’était une cliente du resto. Lorsque je me retourne, je ne vois plus mon collègue. Le caissier était parti. Personne ne s’y trouvait. J’ai éclaté de rire. Justement parce que je connais à quel point les gens sont attachés à leur pause au point de ne pas penser aux autres. Ni sa collègue, ni la cliente, ni moi, ni notre superviseur ne constituent son souci. Il n’a pensé qu’à lui et rien qu’à lui. Il devait aller en pause. Son caractère individuel l’empêche de penser aux autres.

Bien aimés, la foi se vit avec les autres. Il est impensable de croire qu’on peut être l’homme ou la femme à tout faire dans une église. Par exemple, pendant le culte, tu prêches, tu chantes seul, tu célèbres la Sainte-Cène seul, tu es à l’orgue en même temps, tu ramasses les offrandes. Oui, tu es trop dynamique et présent partout. Les autres sont alors où ? On a besoin de quelqu’un pour l’orgue, d’un ancien ou d’une ancienne pour la Sainte-Cène. Vivre sa foi, c’est avoir l’esprit du prochain ou de la communauté.

Jésus, par cette parabole ne loue pas l’attitude individualiste du fils cadet à cause du fait qu’il est dépensier. Ce qu’il apprécie chez lui c’est la prise de conscience, c’est-à-dire son chemin du retour. C’est cette prise de conscience qui fait de nous des chrétiennes et des chrétiens. Bientôt, l’hiver ; l’hiver physique. Serons-nous de ceux qui prennent conscience des autres qui sont incapables de déneiger chez eux et qui ont besoin d’une main forte tendue pour les aider ? Il y a aussi l’hiver psychologique. Les gens qui traversent les difficultés. Plutôt que de passer sans rien faire, comme devant notre monsieur Fournier, il faut chercher chercher à les aider pour qu’ils reprennent espoir.

Il faut faire le chemin du retour. Prendre conscience de ses erreurs. Revenir à de bons sentiments. Dieu n’attend pas que les choses soient parfaites de notre côté. Il nous accueille toujours. Il faut que nos actes soient enracinés dans sa Parole. Pour cela, nous devons défaire de ce qui nous empêche de nous ouvrir aux autres.

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