LECTURES BIBLIQUES: Psaume 119, 97-104 , 2 Timothée 3, 14-17 , Luc 18, 1-8
Je sais que certaines et certains d’entre vous aiment marcher, tout comme moi. Personnellement, je préfère marcher en forêt. Mais je suis conscient de la chance que j’ai de vivre dans un quartier où c’est facile d’y accéder. Cela dit, il y a plusieurs beaux parcs dans notre region. Selon la littérature spécialisée, qu’elle soit pour vaquer à nos occupations, ou encore active, sprotive ou athlétique, la marche procure de multiples bienfaits, dont une meilleure santé cardio vasculaire et un renforcissement des jambes.
Je vous dis cela parce les textes que nous venons de lire me poussent à faire une analogie entre la marche physique et notre marche à la suite de Jésus. L’extrait de la lettre à Timothée qui a été lu nous parle de l’importance des Écritures, tandis que la parabole de Luc souligne celle de la prière. Par analogie, je dirais que fréquenter les textes bibliques et persévérer dans la prière sont les deux jambes qui nous sont nécessaires pour soigner notre cœur de chrétien et suivre Jésus sur « la Voie libre-chrétienne », pour emprunter le titre du livre de Gérald. Et dans notre marche spirituelle aussi, c’est par l’exercice régulier que nos jambes se renforcissent. N’est-ce pas Ignace de Loyola qui parlait d’exercices spirituels? Et comme dit un vieux chant scout : « la meilleure façon d’marcher, c’est souvent la nôtre. C’est de mettre un pied d’vant l’autre et d’recommencer ».
L’écoute de la Parole et la prière constituent ensemble la piété, autrement dit l’attachement fervent à Dieu. J’ai été surpris de constater que le mot piété ne se retrouve que quinze fois dans le NT; dont dix fois dans les épîtres à Timothée. En voici un passage qui en souligne l’importance : « Toi, homme de Dieu… recherche la justice, la piété, l’amour, la persévérance, la douceur » (1 Ti 6, 11). Mettre la piété au même niveau que la justice, l’amour et la persévérance, c’est en dire toute l’importance.
La piété comporte deux aspects. D’abord, « honorer Dieu, de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée ». L’autre aspect, c’est la discipline, l’idée de résister au mali. L’effort ne s’oppose pas à la grâce. Ce sont les mérites qui s’y opposent. Avec cette conception de la piété, nous sommes loin des images dites « pieuses » de notre enfance.
Tout comme il est nécessaire d’être présent au monde pour lutter pour la justice aux côtés des femmes et des hommes de bonne volonté, il importe de souligner ce qui fait notre spécificité comme chrétiens. Dans ce qui suit, je vous propose de réfléchir sur ce style de vie proprement chrétien qui devrait nourrir notre vie intérieure et tout en produisant des fruits visibles.
Prêts pour la marche? Allons-y! Partons du bon pied en méditant sur l’importance des Écritures.
La Bible a été écrite sur une période d’environ 1 000 ans. Comme l’avance la pasteure Angélika Piché, elle décrit l’expérience que plusieurs personnes et communautés ont eu de Dieu. C’est pourquoi on y découvre l’Esprit divin et la Parole vivante de Dieuii. C’est ce dont témoigne le psalmiste dans l’extrait dont vous avez pris l’adaptation en arrivant et que je vous invite à prendre maintenant.
Comme d’habitude, je vous invite à dire ce qui est en gras.
Seigneur, j’aime ta Parole et je la médite tous les jours.
La mettre en pratique me rend sage.
L’observer me donne l’intelligence.
La fréquenter me procure du discernement.
Pour garder tes préceptes, j’évite les routes du mal.
Par ta Parole, tu m’apprends à construire ma vie sur du solide!
Voilà ce que j’apprécie davantage que le miel,
car tu crées en moi la joie de suivre ta voie.
Vous trouverez le texte original de la TOB en annexe sur le site de la paroisseiii
Mais la Bible, comment la lire? On peut écouter la Parole et la garder, et c’est là la vraie béatitude, selon la Bible de Jérusalemiv. « Mais écouter, qu’est-ce que ça veut dire? Premièrement, faire silence. Deuxièmement être disponible. Troisièmement, ouvrir son cœur. Même si nous les prenons en trois temps, c’est une seule et même réponse à Dieu »v, comme le note le dominicain français Jacques Loew. Notre verbe écouter a la même racine latine que le verbe ausculter, qui suggère l’idée forte de s’appliquer à entendre. Nous ne sommes pas loin de l’idée de méditer la Parole, verbe qui, en hébreu, selon André Chouraqui, suggère l’idée de murmurer, grogner, divulger et se parlervi. Voilà une pratique spirituelle tout autre que l’idée de faire le vide en soi. Et personne n’écoute vraiment la Parole de Dieu s’il n’ouvre son cœur à son frère dans le besoin, comme nous l’avons vu la semaine dernière avec un extrait de l’épître de Jacques. Écouter, c’est découvrir ce que Dieu fait pour moi et/ou ce qu’Il m’appelle à faire.
Cette façon de lire les Écritures traduit bien le commentaire d’Antoine Nouis sur l’extrait de Timothée que nous avons lu : « L’inspiration des Écritures n’est pas un dogme, mais une démarche de foi. C’est en leur reconnaissant une autorité (sur notre vie) que nous découvrons la réalité de son inspiration… C’est en étudiant les Écritures et en suivant leur enseignement que nous comprenons ce que l’inspiration signifie ». Ainsi, la Parole devient vivante, à la fois inspirée et inspirante. Lorsque l’auteur de l’épître dit que « Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute oeuvre bonne », c’est à nous-mêmes qu’on doit appliquer cette leçon, avant de l’appliquer aux autres. Sinon, nous revenons à l’histoire de la paille et de la poutre.
Prêts à faire un pas de plus?
L’autre jambe dans notre marche à la suite de Jésus, c’est la prière qui, bien sûr, s’inspire de notre lecture de la Bible. Jésus en souligne l’importance dans la parabole que nous avons lue.
Si je lisais cette parabole pour la toute première fois, ce qui me toucherait, c’est de voir ce Dieu d’amour s’abaisser à se comparer à un juge inique.
Avec cette parabole, communément appelée « parabole du juge inique », que la TOB intitule « parabole du juge qui se laisse prier longtemps », et Antoine Nouis « parabole du juge et de la veuve ». Je vous propose d’explorer avec moi deux questions : pourquoi prier? (en un mot) et pour quoi prier? (en deux mots).
Mais, au préalable, tentons de décrire ce qu’est la prière.
Rien de mieux pour décrire la prière que le titre d’un livre d’Henri Caffarel qui m’a beaucoup marqué lorsque j’étais dans la trentaine. Pour lui, la prière est « présence à Dieu »vii, être à la fois tout accueil du don gratuit de Dieu et tout offrande en reconnaissance de ce don.
Cet appel d’être présent à Dieu apparaissait prophétique au moment où le Père Caffarel l’a lancé, et pour deux raisons. D’abord, parce que le Concile Vatican II avait beaucoup souligné l’importance d’être « présent au monde ». Aussi, à la même époque -comme encore aujourd’hui- les religions et les sagesses orientales exerçaient un attrait certain. Or, Caffarel insiste : la prière n’est pas une technique de méditation pour prendre conscience de soi et du monde, mais un acte de « présence à Dieu » qui se vit au plus intime de nous-mêmes comme une rencontre avec Lui. C’est ainsi que se vit l’intériorité chrétienne.
Pourquoi prier?
Parce que Jésus, bien que Fils unique de Dieu, a beaucoup prié, nous laissant en cela un modèle.
Parce que ce même Jésus nous a enseigné comment prier.
Parce que toutes les personnes qui ont marqué positivement l’histoire de l’Église ont prié.
Pour quoi prier?
À cet égard, les lettres pauliniennes m’inspirent beaucoup. En les parcourant, nous sommes d’abord dans l’action de grâce et la louange, même dans les situations difficiles que vit l’auteur. Nous sommes aussi devant des prières de demande d’ordre spirituel : que Dieu vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaîtreviii; que votre amour abonde encoreix; que Dieu vous donne une pleine connaissance de sa volontéx.
Voilà des intentions de prières que je fais mienne pour nous tous.
AMEN
iWikipédia , article « piété »
iiAngélika Piché. Comment lire la Bible. moncredo.org. https://fb.watch/CdJyRel3D7/?fs=e
ivJacques Loew, La prière à l’école des grands priants, Fayard, 1975, p. 123. Voir aussi Bible de Jérusalem, inter-titre de Luc 11, 27-28
vibid., p. 128
viIbid., p. 133
viiPrésence à Dieu. Cent lettres sur la prière, éd. Parsilence, 1985
viiiEphésiens 2, 17ss
ixPhilippiens 1,8ss
xColossiens 1, 9
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